Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Au jour le jour
14 octobre 2008

la folie boursière

Pourquoi commencer ce blog par ce sujet ? Différentes raisons m'y poussent. Le sujet est brûlant et il concerne presque tout le monde (sauf les interdits bancaires et ceux qui préfèrent mettre leurs billets sous le matelas ou dans le creux d'un mur). Petit porteur, je suis aussi directement concerné par les montagnes russes des bourses. Je ne vais pas ici vous expliquer dans les détails par A+B+C pourquoi on en est arrivé là car déjà, notre alphabet ne suffirait pas à identifier toutes les causes. Je ne résiste pas à faire un petit résumé.

A vouloir faire du fric pour du fric, donc gagner de l'argent sans produire un travail (un vrai je parle, pas celui consistant à regarder, prédire  et parier sur l'évolution des cours de bourse), le système s'est emballé et s'est pris le mur en pleine gueule à Mach2.
Les subprimes sont une des causes : le fameux dicton "on ne prête qu'aux riches" a été bizarrement effacé de la mémoire des banquiers ! Les banques (celles des Etats-Unis surtout) ont prêté à taux variable (c'est pas très en vogue en France) à des gens non solvables (les Ricains se rendent compte enfin qu'ils vivent au dessus de leurs moyens) en faisant deux hypothèses : les taux allaient rester bas (les mensualités de remboursement aussi) et le prix de l'immobilier allait continuer de grimper (le dicton "les arbres ne grimpent pas au ciel" a aussi été oublié. bizarre tout ces trous de mémoire, non ?). Manque de bol, les taux ont augmenté et les gens ont eu du mal à rembourser : le doigt était dans l'engrenage. Ensuite, la main y passe : on vend la maison pour ne pas perdre (trop) d'argent. L'offre devient (très) supérieure à la demande, le crédit (donc l'achat) s'est durci => l'immobilier plonge : le bras est dans l'engrenage. Aïe !! Et les gens sont de moins en moins solvables : ils vendent à perte (s'ils trouvent un acheteur) ou doivent continuer à payer de lourdes traites pour un bien qui vaut... moins que son prix d'achat. Les produits financiers pourris ne valent plus rien, les actifs des banques mondiales se réduisent, bref le cochon est dans le maïs. Pourquoi banques mondiales ? d'abord, parce qu'on vit en plein dans la mondialisation, donc les économies mondiales sont imbriquées. Ensuite parce que les banques aux Etats-Unis n'étaient pas (complètement) folles : elles ont découpé les prêts et les ont fourgués à d'autres banques sous la forme de produits financiers (potentiellement pourris). Pour réduire les risques, les banques acheteuses ont elles aussi découpé ces produits, les ont fourgués à d'autres banques, parfois en les mélangeant à d'autres produits. On a donc fait une belle soupe avec une traçabilité digne de la transparence des eaux usées de la station d'épuration du village (ou de la transparence d'une banque du Liechtenstein si vous préférez). Pour savoir qui possède quoi, il faut se lever tôt (ou se coucher tard).
Et le coup du chapeau est venu des normes comptables (IFRS) : elles obligent à intégrer dans les comptes trimestriels les actifs au jour J. Les produits pourris ne valant plus rien, les actifs ont (fortement) diminué et les banques se sont retrouvées en position de faiblesse. Actifs trop bas = pertes astronomiques avec augmentation du capital (en émettant de nouvelles actions, ce qu'ont fait plusieurs banques françaises), recapitalisation voire nationalisation partielle (un concurrent ou l'Etat prend une partie du capital, moyennant finances) et au pire la faillite (comme Lehman Brothers).
Et la bourse dans tout ça ?! j'y arrive. Si les banques ne prêtent plus, cela crée des problèmes de liquidités (car le système capitaliste abuse du crédit en faisant l'hypothèse que les bénéfices croitront toujours et donc qu'on remboursera bien un jour ce qu'on a emprunté). Donc pour avoir des liquidités quand les banques ne prêtent plus, rien de mieux que de... liquider ses positions sur des actions par exemple. D'où une baisse des cours. Et j'en arrive au but de mon message, un joli petit graphique nous montrant l'évolution du CAC40 (pour info, sa composition varie dans le temps comme dernièrement lors de la fusion GDF-SUEZ : il y a donc un biais dans la comparaison). Ou plutôt deux évolutions : celle allant de septembre 2000 (le plus haut du CAC depuis sa création) à mars 2003 et celle de juin 2006 (le pic de l'indice avant la crise actuelle) à vendredi dernier (10/10/2008).

cac_chutes (cliquer pour ouvrir le graphique ; le point de départ des baisses est arbitrairement pris à 0 pour une meilleure comparaison)

Que voit-on ? ce n'est que depuis le grand plongeon de la semaine dernière (deux record la même semaine, qui dit mieux ? la plus forte baisse journalière et hebdomadaire du CAC40 !!) que l'indice a baissé plus (en valeur absolue cumulé) que pendant la crise de l'internet de 2000/2001.Et qu'entend-on dans les médias ? la crise actuelle est comparée à la crise de 1929, pas à celle de l'internet. Les effets de la crise actuelle vont se faire sentir au moins pendant tout 2009.

Mais que conseille-t-on aux petits porteurs à chaque "krach" (en janvier, en juin, maintenant) ? De ne surtout pas vendre (oh non surtout pas, il est trop tard mon pôvre ami), de faire le dos rond, d'attendre que ça se calme et que les cours remontent. Ouaih, ouaih ouaih !! Celui qui a vendu ses actions en fin d'année dernière, voire après le rebond de mars-avril, voire même après le petit rebond estival aura toujours moins perdu que celui qui a conservé son portefeuille intact. Et si la crise finit un jour, il pourra tranquillement revenir en bourse avec un passif moindre.

A titre personnel, je suis entré en bourse fin 1999, donc quand le CAC n'était pas loin de son plus haut. Novice à l'époque, je n'ai pas vendu quand le CAC40 a dévissé. J'ai donc boursicoté petit bras jusqu'en 2003 avec la devise (à la con) "pas vendu, pas perdu". Puis, j'ai assimilé le fait que pour gagner, il fallait savoir perdre. Si on achète un titre, il faut toujours se donner un objectif de gain et de perte. Du genre +10% et - 5%. Dès que le plafond ou le plancher est atteint, il faut vendre. tant pis si l'action monte plus haut. Mais tant mieux si elle descend plus bas. Sachant que rentrer en bourse aujourd'hui est aléatoire et dangereux.

Il faut aussi être très prudent sur les évolutions futures de l'indice basées sur son comportement passé. Que nous dit le passé ? Le CAC40 (qui signifie Cotation Assistée en Continu) a été créé en 1988 à la suite du crach boursier d'octobre 1987 (tiens octobre !!). J'ai récupéré la valeur de l'indice depuis 1990.

cac_1990_2008

cac_2000_2008

On observe :

- une relative stabilité autour de 2000 pts jusqu'à la mi-1996 avec des écarts ne dépassant pas 25% par rapport à cette valeur

- une montée forte jusqu'à 4300 pts le 20/7/1998

- une chute  avec un retour sur les 3000 pts début octobre 1998

- une montée jusqu'au pic à 6922 pts le 4/9/2000

- une belle gamelle à 2400 pts le 12/3/2003 ; en fait cette longue descente de 4500 pts sur 30 mois n'a pas été continue : c'est une succession de 9 plongeons (en moyenne, -21% en 66 jours) et de 8 rebonds (en moyenne, +15% en 35 jours)

- un retour sur des sommets le 4/6/2007 à 6100 pts : la hausse n'a pas été continue non plus avec 4 grandes périodes de croissance quasi-ininterrompues marquées par 3 beaux plongeons (dont mars 2006 et juin 2007)

- une nouvelle descente aux enfers en 16 mois avec un retour sur les 3100 pts (soit - 50%) ; là aussi, la chute a été chaotique avec 7 plongeons (en moyenne -15% sur 34 jours) et 6 rebonds (en moyenne +10% en 43 jours).

Donc les deux grands crach rampants du CAC40 ont vu alterner plongeons et rebonds. Sur les 30 mois 2000-2003, les chutes sont violentes et longues avec des rebonds deux fois plus courts. Depuis le point haut de juin 2007, les rebonds sont plus longs que les chutes. Mais en 16 mois, 13 grands mouvements se sont succédés contre 17 grands mouvements sur 30 mois en 2000-2003. Le phénomène de yoyo est plus intense.

Comme tout le monde, je ne sais pas de quoi demain sera fait, ni en bourse, ni sur ce blog. Une chose est (presque) sûre, j'aborderai bientôt un autre sujet, passé à la trappe ces derniers temps : celui des prix à la pompe. Avec encore un beau graphique très instructif (une exclusivité à faire pâlir un journaliste, un vrai bien sûr, pas un relayeur d'information !).

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité