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4 décembre 2020

Les éditos du Figaro

Les éditos du Figaro
Edito du 7 juin 2021 « Indispensable » [Gaëtan de Capèle] Le nuage de chloroforme qui enveloppe l'économie française depuis plus d'un an a eu le grand mérite de nous aider à traverser la douloureuse épreuve du Covid sans drame majeur. Mais une bonne anesthésie...
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5 août 2012

PSA et marché automobile européen

PSA et marché automobile européen
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30 novembre 2020

COVID-19

Pierre Manent: «Une offense délibérée à l’Église catholique»

TRIBUNE - Le philosophe, qui occupe une place éminente dans le paysage intellectuel français, exprime sa très vive réprobation devant l’attitude de l’exécutif sur l’affaire de la «jauge» dans les églises et en dégage les enseignements.

Pierre Manent. Illustration Fabien Clairefond

Disciple de Raymond Aron, dont il fut l’assistant au Collège de France, directeur d’études honoraire à l’École des hautes études en sciences sociales, Pierre Manent s’est en particulier consacré à l’étude des formes politiques - tribu, cité, empire, nation - et à l’histoire politique, intellectuelle et religieuse de l’Occident. Plusieurs de ses ouvrages, tels Histoire intellectuelle du libéralisme et Les Métamorphoses de la cité, sont des classiques.


La scène de comédie, fort peu amusante, qui vient de se dérouler à propos de la réouverture des cultes, est révélatrice du triste état de notre vie publique.

Le gouvernement avait proposé une «jauge» évidemment impraticable, et si ridicule qu’elle était une insulte à l’égard de ceux qui étaient supposés s’y plier. Le président, qui l’avait, à la surprise générale, reprise dans son intervention du 24 novembre, fit savoir le soir même au président de la Conférence des évêques de France qu’elle serait revue et qu’une nouvelle jauge plus réaliste serait proposée par le premier ministre le jeudi 26. Point ne voulut le premier ministre, qui confirma la limite de trente participants quelles que soient les dimensions du lieu de culte. Ainsi le président, qui disait vouloir «réparer»les relations entre l’Église et l’État, se fait-il l’auxiliaire mi-honteux d’une offense délibérée à l’Église catholique, qui de tous les cultes est la plus concernée par ces mesures et à qui l’on déclare en face: nous nous moquons royalement des droits et des souhaits des fidèles.

Le premier ministre est le porte-parole empressé d’un État dont l’impuissance chaque jour plus visible à faire face aux problèmes du pays est compensée par un autoritarisme croissant s’exerçant de préférence, ou plutôt exclusivement, sur ceux qui sont jugés trop faibles ou trop soumis pour se défendre.

J’ai dénoncé en son temps la brutalité mécanique du premier confinement, le recours immédiat à la surveillance policière la plus mesquine, et la transformation quasi instantanée du gardien de nos libertés en vérificateur vétilleux de notre obéissance. On ne sortirait pas aisément d’une situation qui permettait à l’organe exécutif de la nation de retrouver le bonheur oublié d’être enfin obéi. De bons esprits jugèrent ces craintes infondées. Nous y sommes pourtant.

Un État qui s’est révélé incapable de conduire aucune démarche un peu active de politique sanitaire, ne sait que revenir à l’immobilisation générale, compensée par des traites illimitées tirées sur l’avenir. Tout cela en appelant chacun à la «responsabilité».

Nous sommes parvenus à un état social et moral où la religion a été pour ainsi dire chassée de la vie commune

Le même État se croit autorisé par l’urgence sanitaire à effacer la vie religieuse du paysage collectif. Sur nos attestations, pas une ligne pour autoriser à se rendre dans un lieu de culte. En dépit des protestations les mieux fondées, l’État persista dans son refus de faire la moindre place à la vie religieuse dans le document dont chaque Français est tenu de se munir. Comment expliquer cela?

D’abord, un calcul politique aussi vieux que la République est à l’œuvre. Compte tenu de l’histoire de notre pays et du rapport des forces politiques, cela ne peut pas faire de mal de traiter rudement les catholiques et de montrer ainsi que l’on est du bon côté des Lumières. C’est l’aspect le plus superficiel, sinon le plus glorieux, de la situation.

Surtout, nous sommes parvenus à un état social et moral où la religion a été pour ainsi dire chassée de la vie commune. On accorde à chacun le droit de croire ce qu’il veut, mais dès que la religion se manifeste dans l’espace public, elle suscite non pas nécessairement une hostilité active mais plutôt une morne aversion, un rejet paresseux mais implacable. L’ignorance en matière de religion est devenue un fait politique majeur dans notre pays.

Accorder à la République une autorité « supérieure », c’est faire de la laïcité une religion et de la République une Église. [...] ce n’est pas la règle de la laïcité

Comment parler raisonnablement de la place des religions ou de la laïcité quand l’opinion générale non seulement est très ignorante, elle l’a toujours été, mais n’a pas la moindre idée de ce dont il s’agit? Lorsqu’il y a quelques jours les catholiques ont commencé à manifester quelque impatience, on entendit sur les radios d’État les commentateurs accrédités parler avec assurance d’un pays qui leur est tout à fait inconnu. Manifestement ils n’ont pas la moindre idée de ce qui se passe dans une église quand les fidèles se réunissent autour du prêtre pour la messe.

Cette fermeture à un aspect fondamental de la vie humaine s’est trouvée malencontreusement justifiée et consolidée par une interprétation de plus en plus exorbitante de la laïcité, selon laquelle la vie des religions se trouverait sous le commandement de l’État. La loi politique, la loi de la République, est la loi commune, la loi à laquelle sont tenus d’obéir les citoyens. C’est la loi la plus générale. Lui accorder une autorité «supérieure», c’est faire de la laïcité une religion et de la République une Église. Ce fut le souhait de certains «républicains», ce n’est pas la règle de la laïcité.

Les catholiques obéissent à la loi de la République dont ils sont les citoyens. Ils sont attachés à leur foi et à leur Église comme à la forme même de leur vie. Ils ne demandent rien d’autre à la République que de continuer à jouir de la liberté de «vivre en Église». Ils n’appartiennent pas à une humanité-enfant qui n’aurait pas encore accédé à la maturité. La condescendance avec laquelle ils sont traités ne fait pas honneur au gouvernement de la République.

 

 

Covid-19: la bureaucratie française en folie

ENQUÊTE - Décisions ubuesques, réglementations kafkaïennes ou tatillonnes, gabegie de l’argent des contribuables... Les deux confinements imposés au pays ont mis au jour des errements typiquement français. Revue de détail des bévues de nos pouvoirs publics et de leurs administrations.

Olivier Véran, Gérald Darmanin, Jean Castex et Bruno Le Maire. photomontage : LUDOVIC MARIN/AFP ; Julien Mattia/Le Pictorium/Maxppp

Le délire bureaucratique français, ce sont les Allemands qui en parlent le mieux. La description de notre «Absurdistan autoritaire» décrit par Annika Joeres, la correspondante à Paris de Die Zeit, publiée le 12 novembre sur le site de l’hebdomadaire, reflétait si fidèlement les mille et une contraintes de notre confinement que tous les médias de l’Hexagone s’en sont fait l’écho. De la distinction entre commerces «essentiels» ou «non essentiels» à l’attestation de déplacement - une exclusivité mondiale -, comment en est-on arrivé là?

Les commerçants, qui ont recommencé à respirer depuis les annonces d’Emmanuel Macron, mardi, ont été les premières victimes de ce délire qui prospère sur deux travers très français: l’autoritarisme et la bureaucratie centralisée.

Si les fermetures décidées dans le cadre du deuxième confinement ont fait débat jusqu’au bout, la notion de «commerce non essentiel» a très rapidement été considérée comme une «maladresse», y compris par ceux qui l’ont employée, comme le ministre de la Santé Olivier Véran. Mais impossible de savoir si l’idée d’y recourir a germé dans son ministère ou ailleurs. «C’est une catégorie qui existe dans la nomenclature administrative», se défend un des acteurs du dossier. Et la fermeture des rayons «non essentiels» des grandes surfaces? «C’est un bug dans la décision de fermer les commerces qui a été provoqué par le choix de la Fnac de laisser ouverts ses rayons de livres, nous explique-t-on. En vingt-quatre heures, tous les commerçants de France étaient au courant. Du point de vue de l’équité, il était impossible de faire autrement, sauf à remettre en cause l’arbitrage du président!»

Chaussettes, slips et mascara

L’annonce de la fermeture des rayons non essentiels des grandes surfaces a été faite par Jean Castex le 1er novembre au JT de TF1. Dès le lendemain, la cellule interministérielle de crise, dirigée à Matignon par Nicolas Revel, était en ébullition. La haute administration française compte dans ses rangs des producteurs compulsifs de normes qui ne demandaient pas mieux que de se pencher sur le cas des chaussettes, des slips et du mascara.

À l’inverse, la décision de rouvrir les commerces, elle, a complètement échappé à la sphère bureaucratique. Et pour cause: elle a été défendue conjointement par Olivier Véran et le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui se sont mis d’accord pour adopter une position commune lors du Conseil de défense qui a précédé. Les deux hommes ont beau diverger parfois sur la gestion de la crise (Le Maire est celui qui a le plus défendu les commerçants) ils se respectent et s’entendent bien. Le ministre de la Santé était prêt à rouvrir avant le 1er décembre, mais craignait que le Black Friday ruine les bénéfices du confinement. Le ministre de l’Économie lui a répondu qu’il en faisait son affaire. En trois jours, il est parvenu à convaincre la grande distribution puis le commerce en ligne de reporter l’opération de promotion la plus juteuse de l’année.

La crainte d’une révolte des commerçants et des artisans a aussi beaucoup joué dans les décisions annoncées mardi par Emmanuel Macron

La crainte d’une révolte des commerçants et des artisans a aussi beaucoup joué dans les décisions annoncées mardi par Emmanuel Macron. Outre leur coût, les fermetures faisaient courir à l’exécutif le risque d’une «crise des “gilets jaunes” puissance dix», selon la formule d’un membre du gouvernement, qui souligne que «les commerçants sont plus populaires et disposent de plus de relais» que le mouvement des ronds-points.

Ils l’ont d’ailleurs prouvé en faisant, filière par filière, le siège des ministères dont ils dépendent pour obtenir des dérogations. Frédéric Naudet, président de l’Association française du sapin de Noël naturel, se rappelle la consternation de la profession quand la décision du confinement est tombée: «Les commandes nous avaient déjà été passées, on avait engagé les frais accessoires pour acheter les palettes et tout le matériel, on devait commencer à couper les arbres.» Six millions de sapins sont vendus chaque année en France et les producteurs font leur chiffre d’affaires sur à peine plus d’un mois. Le «décret sapin», paru la semaine dernière, les a sauvés. «Julien Denormandie, le ministre de l’Agriculture, s’est bien battu», se félicite Naudet. La mobilisation des élus des départements concernés a pesé: le sapin est un sujet sensible, comme l’a appris à ses dépens Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, qui voulait s’y attaquer.

Double peine

Pour les producteurs de fleurs coupées et de plantes décoratives, en revanche, c’est la double peine. «Emmanuel Macron a dit que l’agriculture devait continuer, mais il nous a supprimé tous les créneaux de distribution, explique Marie Levaux, présidente de la Fédération nationale des producteurs de l’horticulture et de la pépinière. Résultat, on travaille, parce qu’on n’a pas droit au chômage partiel, mais on jette notre production, parce qu’on ne peut plus la vendre. C’est un non-sens économique et un crève-cœur.» La filière vient juste d’obtenir 25 millions d’euros de compensation pour le premier confinement, soit la moitié à peine de la valeur des stocks qu’elle a dû détruire au printemps.

À VOIR AUSSI - Covid-19: la parole gouvernementale est-elle encore crédible?

«Une commission venant de conclure que l’eau ça mouille, nous avons finalement le droit de vendre des parapluies.» De toutes les (nombreuses) piques lancées au gouvernement depuis le début de la croisade contre les «produits non essentiels», c’est sans doute la campagne virale lancée par Monoprix la semaine dernière qui remporte la palme. Impossibilité d’acheter une paire de chaussettes ou un oreiller en faisant ses courses, alors que le rayon casseroles, lui, est en zone verte. Cette situation abracadabrantesque n’aura fait que jeter de l’huile sur le feu, ajoutant de l’agacement et de l’incompréhension à l’atmosphère anxiogène liée aux risques sanitaires. Et les employés de Monoprix de constater que des bandeaux ou des bâches en plastique n’ont que très peu d’effets pour dissuader les clients. «Ils se présentent quand même en caisse avec les articles, nous affirment l’un d’entre eux, employé dans une enseigne du centre de Paris. Et quand on refuse de les passer, certains s’énervent, alors qu’on ne peut rien y faire.»

Pourtant, depuis le reconfinement, les forces de l’ordre ont dressé plus de 100.000 procès-verbaux « pour non-respect des conditions de circulation »

Parmi les autres règles ubuesques, l’interdiction d’exercer pour les coiffeurs alors que les sex-shops, eux, sont toujours ouverts. À l’instar des enfants de plus de 3 ans qui sont priés d’arrêter de grandir (leurs habits n’étant pas jugés «essentiels» contrairement à ceux de leurs cadets), les cheveux aussi devaient se garder de pousser ces dernières semaines. «On croit rêver», nous confie la patronne d’un salon de coiffure qui souhaite rester anonyme. «On avait tous rouvert les salons en installant des mesures hygiéniques comme il fallait et en diminuant les rendez-vous.» Sur le répondeur du salon qui annonce la fermeture, la coiffeuse laisse donc un e-mail pour la contacter. «Les gens sont malins: ils envoient un mail, et je propose des rendez-vous à domicile. C’est encore moins hygiénique puisque je passe d’un domicile à l’autre toute la journée, mais au moins je bosse.» Quid des contrôles? «En trois semaines, je n’ai pas été contrôlée une seule fois.»

Pourtant, depuis le reconfinement, les forces de l’ordre ont dressé plus de 100.000 procès-verbaux «pour non-respect des conditions de circulation», dont 12.000 en 24 heures. Si la plupart n’ont pas été contestés, d’autres ont marqué les esprits par leur absurdité ou leur absence totale d’opportunité. Comme par exemple aux Lilas et à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), où deux libraires dont l’activité ne se maintient que grâce au «click and collect» ont reçu chacun une amende de 135 euros pour des tables de retrait des commandes «non conformes». À Strasbourg, pendant une manifestation «pour la messe», la préfecture, que l’on a vu moins ferme au cours des traditionnels incendies de voitures de la Saint-Sylvestre dans les quartiers sensibles, n’a pas hésité à interdire à des familles «de prier, même en silence». Dans le même temps, à Marseille, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Barbe, déclarait sans rire avoir constaté au cours d’une opération «dans des endroits où l’on vend de la drogue», que «personne parmi les acheteurs, et à plus forte raison parmi les vendeurs, n’avait d’attestation.» Ubu est roi, vous dit-on.

Centralisme bureaucratique

Ces rigidités et incohérences édictées par l’administration n’ont pas seulement un côté ubuesque, kafkaïen ou fantaisiste à la Prévert. Bien plus grave: elles ont aussi plombé la gestion de la crise sanitaire dans les hôpitaux. «Nous sommes saisis en urgence trois fois par jour», constate Alain Lambert. L’ancien ministre du Budget est aujourd’hui le patron du Conseil national d’évaluation des normes. En première ligne, donc, face aux absurdités du centralisme bureaucratique à la française. Il cite l’exemple de «ce malade qui est transporté d’un hôpital public vers une clinique privée, mais dont l’ambulance doit rebrousser chemin parce que les formulaires ont été mal remplis. Ils sont repartis en sens contraire avec le malade pour obtenir l’autorisation en bonne et due forme».

La paralysie bureaucratique s’explique d’abord, selon lui, par un problème de méthode. «Le pays n’avait qu’un seul objectif à atteindre: empêcher la saturation des services d’urgence et de réanimation, mais les moyens pour y parvenir pouvaient être ouverts au débat.» Autrement dit, il fallait laisser les initiatives locales trouver des solutions locales.

La loi a été écrite à la ­demande des syndicats de l’hôpital public pour empêcher les partenariats entre le ­public et le privé

Alain Lambert, ancien ministre du Budget et patron du Conseil national d’évaluation des normes

Mais, la plupart du temps, le légalisme tatillon des chefs de bureau et l’hypercentralisation du commandement administratif ont eu le dessus. Parfois, l’obstacle est législatif, mais la loi est toujours appliquée avec un zèle qui augmente encore ses effets. C’est le cas sur les relations entre l’hôpital public et les cliniques privées. «La loi a été écrite à la demande des syndicats de l’hôpital public pour empêcher les partenariats entre le public et le privé», explique Lambert. «Si on a malgré tout constaté une entraide cette année, c’est parce que les directeurs d’hôpitaux se connaissaient et qu’ils ont fait fi du risque d’être dénoncés pour faute professionnelle», poursuit l’ancien ministre, qui se souvient n’avoir reçu l’autorisation de créer un centre de soin public-privé dans son département de l’Orne qu’à condition de ne pas faire travailler ensemble les salariés du public et les libéraux. «On m’a finalement demandé de créer deux accès différents pour qu’ils ne se croisent pas!» Pendant la pandémie du mois de mars, on a ainsi vu des trains et des avions acheminer des malades très loin de chez eux, «alors que des cliniques privées à côté auraient pu les accueillir».

Effets secondaires dangereux

Les embarras bureaucratiques ont été particulièrement criants lors de la campagne d’achat de masques et de machines pour réaliser des tests PCR. Là aussi, le code des marchés publics impose des procédures par temps calme. «Quelque 20.000 respirateurs avaient été commandés en urgence, mais quand ils sont arrivés, on a découvert qu’il s’agissait de modèles miniatures. Je vous laisse imaginer la tête des médecins réanimateurs quand ils les ont vus arriver. Aujourd’hui, ils dorment dans un hangar», raconte le Pr Christian Perronne, chef de service à l’hôpital de Garches. De même, le choix d’acheter «pour plus d’un milliard d’euros d’appareils PCR était en fait une erreur, car ils sont trop sensibles et détectent trop de faux positifs tout en n’apportant de réponse que trop lentement», continue-t-il. «Quant à l’achat du remdésivir pour un milliard d’euros, c’est une autre gabegie: on sait que ce médicament a des effets secondaires très dangereux, et l’OMS l’a confirmé récemment. Pourtant, l’agence du médicament a donné son autorisation en urgence», regrette Perronne.

Que faut-il faire en période de crise? «Je ne vois pas d’autre solution que d’alléger la responsabilité des fonctionnaires pour leur permettre de prendre des décisions dans l’urgence», avance Alain Lambert, qui propose une disposition inspirée du droit canadien: «Le fonctionnaire informe sa hiérarchie de sa décision, et elle n’a que huit jours pour le sanctionner s’il a mal agi, ensuite sa décision est prescrite.» Cela permettrait de ne pas décourager les initiatives de bon sens. «Il faut aussi créer des critères d’évaluation des fonctionnaires qui tiennent compte de la réaction rapide aux événements, et pas seulement de la légalité», conclut-il. Le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas encore été entendu. «Face à ces blocages, le pouvoir politique n’a pas tapé sur la table, mais il est vrai que l’administration se sent de moins en moins dépendante d’un pouvoir qui n’a plus prise sur elle», admet de son côté un haut fonctionnaire.

«Le» sujet tabou

Les effets d’annonce absurdement mis en œuvre font aussi partie des folies administratives françaises. À la sortie du premier confinement, l’AP-HP décide d’accorder une prime de 1500 euros pour tous les personnels soignants qui ont fait face à l’afflux des malades de la Covid-19. Mais, très vite, la mesure appliquée à l’aveugle ne cible qu’une part infime du personnel mobilisé. «Cette prime était destinée seulement à ceux qui ont travaillé en mars, mais pas à ceux qui ont travaillé du 15 mars au 15 avril ni ceux qui sont venus aider alors qu’ils habitaient dans un autre département», raconte le Pr Peyromaure, chef de service à la Salpêtrière et auteur d’Hôpital, ce qu’on ne vous a jamais dit… «En revanche, ceux qui, comme moi, étaient chez eux parce qu’ils ne pouvaient plus exercer leur spécialité ont aussi reçu la prime!»

Le Pr Peyromaure, qui pourtant travaille pour l’hôpital public, juge sévèrement l’approche des médecins du Conseil scientifique et des instances du ministère de la Santé: «Ils sont dans leur monde, payés par la puissance publique, ils ne s’intéressent pas aux effets économiques désastreux du confinement et ils n’envisagent pas en priorité des procédures qui cherchent à sauver aussi l’économie.» Car le prisme bureaucratique prime dans toutes les décisions prises, qu’il s’agisse de l’organisation de la riposte à la pandémie ou de l’indemnisation de l’économie. «Chaque année, il y a 600.000 morts, et on met un pays par terre pour en sauver 30.000, c’est irresponsable», ose-t-il affirmer à propos de ce sujet tabou dans le débat public.

 

*

«Le reconfinement banalise un état d’exception hautement liberticide»

FIGAROVOX/TRIBUNE - La politique ne se réduit jamais uniquement au nombre de vies sauvées, même en temps de pandémie, rappelle Mathieu Slama. L’enseignant s’inquiète du fait que des médecins et des experts non-élus aient un contrôle aussi étroit sur les décisions politiques.

Publié le 3 novembre 2020 à 16:02, mis à jour le 3 novembre 2020 à 16:02
 

Mathieu Slama est enseignant à l’École des hautes études en sciences de l’information et de la communication.


C’était sur la radio France Inter, le 29 octobre 2020. L’invité de la matinale est le professeur immunologue Jean-François Delfraissy, qui déclare que les fêtes de fin d’année «seront différentes, elles se feront en petit comité et probablement sous le couvre feu».

Jean-François Delfraissy est le président du conseil scientifique, instance mise en place le 11 mars dernier par le ministre de la Santé Olivier Veran pour guider le gouvernement dans sa politique de réponse au covid-19. Il est composé de treize experts: épidémiologistes, infectiologues, immunologues mais aussi sociologues et anthropologues.

C’est donc au nom de ce conseil scientifique que Delfraissy s’exprimait sur France Inter. On apprenait donc, à la faveur de cette surprenante interview, que cette instance, non-élue et donc sans aucune légitimité démocratique, a le pouvoir de décider de quelle manière les Français passeront les fêtes de fin d’année.

Le conseil scientifique a rendu depuis sa mise en place 21 avis (tous consultables sur le side du ministère de la santé). C’est dans une note d’alerte publié le 22 septembre (intitulée sans ironie «mieux vivre avec le virus», on notera l’euphémisme…) que celui-ci recommande, parmi plusieurs options, la mise en place d’un couvre feu.

On s’étonne du peu de voix qui s’érigent contre cette aberration anti-démocratique, en particulier à gauche

On sait aussi que le conseil scientifique pousse depuis des mois le gouvernement à prendre des mesures plus contraignantes (entendons: restrictives pour les libertés) pour lutter contre le virus. L’idée d’un reconfinement local a été, selon de nombreux observateurs, défendue corps et âme par plusieurs membres de ce comité scientifique, dont Delfraissy qui appelait, lors d’un entretien sur RTL le 26 octobre, le gouvernement à prendre des mesures fortes et rapides. Le même Delfaissy juge le reconfinement d’un mois insuffisant au regard des objectifs de réduction des contaminations quotidiennes, estimant (toujours sur France Inter) qu’il faudra un couvre-feu jusqu’à janvier.

Le fait qu’une instance d’experts, nommée par le gouvernement, puisse avoir une influence aussi grande dans l’adoption de telles mesures inédites en matière d’atteintes aux libertés fondamentales devrait inspirer à tout démocrate une certaine inquiétude sur ce que certains appellent «dictature sanitaire», mais que nous appellerons plus raisonnablement «régime bureaucratique», régime où les experts et bureaucrates décident à la place des représentants du peuple. Pourtant, on s’étonne du peu de voix qui s’érigent contre cette aberration anti-démocratique, en particulier à gauche où, mis à part François Ruffin et tout récemment Jean-Luc Mélenchon, les voix ont été bien silencieuses. Quand on compare ce silence à la multitude de réactions de la gauche intellectuelle et politique face aux mesures prises par le gouvernement contre des associations islamistes, on se dit qu’il y a là un sens des priorités bien particulier…

L’idée d’un reconfinement est bien plus grave que la première décision de confinement. La raison en est simple: elle acte, par la répétition de la décision, une normalisation d’un état d’exception hautement liberticide. Cette normalisation signifie qu’il est désormais acceptable, pour un gouvernement, de prendre des décisions qui mettent en jeu nos droits fondamentaux à chaque période de crise. Le philosophe italien Giorgio Agamben alertait de manière prophétique en mars 2020 face aux mesures mondiales de confinement: «L’épidémie montre clairement que l’état d’exception est devenu la condition normale». Nous y sommes.

Toute chose égale par ailleurs, ce conseil scientifique est une sorte de comité de salut public adapté à l’époque du covid, cette époque morne et morbide où la peur domine tout et autorise le gouvernement à bafouer les règles élémentaires du contrat social. Au regard de décisions aussi graves qu’un couvre feu ou, a fortiori, un confinement, la moindre des choses eût été, pour le gouvernement, de soumettre ces questions à débat, au Parlement et pourquoi pas par référendum, plutôt que de décider dans l’opacité la plus totale lors d’un conseil de défense (qui a aujourd’hui peu ou prou remplacé le conseil des ministres).

Les médecins et experts (...) n’ont donc aucune légitimité pour décider de mesures politiques.

Les médecins et experts ne sont pas, jusqu’à preuve du contraire, élus par le peuple. Ils n’ont donc aucune légitimité pour décider de mesures politiques. Leur rôle doit être de conseiller ; le gouvernement, avec les institutions législatives, doit décider et voter au regard de critères qui ne peuvent être seulement ceux qui préoccupent les médecins, dont l’unique préoccupation est de sauver des vies. La politique ne se réduit pas, même en temps de grave pandémie, à cette seule donnée.

Elle doit prendre en compte tout un tas de questions tout aussi - voire plus - fondamentales, comme les libertés publiques ou encore la situation sociale et économique du pays. Bref, le champ du politique n’est pas celui de la science ou du médecin. Il est dangereux de donner autant de pouvoir à des médecins qui, notons-le, ne sont même pas d’accord entre eux, sans parler des possibles conflits d’intérêt qui jettent un soupçon (pas toujours légitime, mais compréhensible) sur leur parole.

N’ayons pas peur des mots: dans le monde du coronavirus où un conseil scientifique peut influer sur la décision d’enfermer toute une population pendant un mois, où la police arpente les rues pour traquer les récalcitrants, où il faut remplir une attestation pour espérer bénéficier d’une autorisation de sortie, dans ce monde-là, nous ne vivons plus pleinement en démocratie.

Il est décourageant, et le mot est faible, de constater combien la réaction politique est faible, mais surtout combien le peuple français semble apathique face à cette grande régression. Tous les sondages indiquent que dans leur majorité, les Français plébiscitent les mesures restrictives comme le couvre feu ou le confinement. En homme intelligent, Emmanuel Macron a décidé le reconfinement parce qu’il savait que l’opinion publique y était préparée.

Ce qui est essentiel pour tel homme ne l’est pas pour un autre. Ce n’est pas au gouvernement d’en décider

Une sorte d’esprit d’obéissance, ou du moins de passivité, s’est installé en France face aux mesures d’exception prises par le gouvernement. Des mesures qui, rappelons-le, réduisent non seulement les libertés mais accroissent aussi les inégalités. Nous ne sommes pas tous égaux face au confinement, selon que l’on peut télétravailler ou non, selon que l’on a une maison secondaire ou non, selon que l’on travaille dans des conditions difficiles ou non, selon que l’on est en bonne santé ou non…

Il est aussi insupportable, dans un pays de culture libérale comme la France, de voir des secteurs jugés essentiels et d’autres non par le gouvernement et les experts. Ce qui est essentiel pour tel homme ne l’est pas pour un autre. Ce n’est pas au gouvernement d’en décider. La polémique autour de la fermeture des librairies démontre toute l’absurdité de cette démarche. La lecture n’est peut-être pas essentielle pour certains, mais la survie des libraires, elle, est bel et bien essentielle, surtout face à la menace Amazon qui pèse sur eux depuis des années.

Ces mesures liberticides sont provisoires, nous disent leurs défenseurs. Encore heureux, a-t-on envie de leur répondre. Que diraient-ils si on décidait, provisoirement, de rompre avec le principe d’égalité devant le droit? Ou encore avec le principe d’une justice indépendante ou impartiale? Ou encore avec le principe d’État providence et de redistribution? Ils ne l’accepteraient certainement pas.

Une étape a été franchie avec cette décision de reconfinement. Elle constitue un précédent gravissime sur lequel il sera possible, dans les moments de trouble qui nous attend, de restreindre de manière arbitraire nos libertés. Les périodes de crise sont souvent des moments de vérité: c’est ainsi qu’il faut appréhender la période que nous traversons, et c’est la raison pour laquelle nous devons être très inquiets.

 

«Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Le confinement est une piètre stratégie pour lutter contre ce virus, analyse Jean-Loup Bonnamy. Il faudrait s’inspirer selon lui des pays asiatiques qui prônent le dépistage massif et l’isolement des seuls malades.

Publié le 6 novembre 2020 à 16:13, mis à jour le 9 novembre 2020 à 11:26
 

Normalien, agrégé de philosophie, Jean-Loup Bonnamy est spécialiste de géopolitique et de philosophie politique. Il vient de publier, avec Renaud Girard, Quand la psychose fait dérailler le monde (collection «Tracts», Gallimard, 3,90 €), où il critique le confinement, propose une stratégie sanitaire alternative, annonçait la seconde vague ainsi que la nécessité d’armer les hôpitaux pour y faire face.


FIGAROVOX. - Ce nouveau confinement permettra-t-il d’endiguer la seconde vague, alors que vous dénonciez l’archaïsme et l’inefficacité sanitaire du confinement du printemps dernier dans un court essai paru dans la collection «Tracts» de Gallimard?

Jean-Loup BONNAMY. - Je ne le pense pas. Ma principale critique contre le confinement est d’ordre sanitaire: le confinement n’est pas très efficace pour sauver des vies et désengorger les hôpitaux.

C’est un remède passéiste et archaïque, une sorte de ligne Maginot. Au début du XIXe siècle, le grand écrivain Pouchkine décrivait déjà le confinement imposé par les autorités russes pour lutter (sans succès) contre l’épidémie de choléra. Je suis assez surpris qu’en 2020, à l’époque d’Internet, dans un pays moderne qui se trouve être la sixième puissance mondiale, on utilise un remède qui fait davantage penser au début du XIXe siècle qu’à l’ère du big data. Je ne suis donc pas sûr que le confinement soit le meilleur choix sur le plan sanitaire. D’ailleurs aucune preuve scientifique de son efficacité n’existe. Même l’OMS (qui avait beaucoup appuyé le confinement au printemps) déconseille aujourd’hui le recours au confinement.

Relisez aussi Le Hussard sur le toit de Giono, qui se déroule en Provence durant l’épidémie de choléra de 1832 et vous verrez que le confinement marche mal. En effet, le bon sens voudrait qu’on sépare les malades des non-malades afin d’éviter la contagion. C’est la base de la médecine moderne et du traitement des maladies infectieuses (diagnostiquer/isoler/soigner). Or, dans le confinement, cette logique de séparation et de mise à l’isolement n’est absolument pas respectée.

Au contraire, on enferme ensemble des malades et des non-malades, facilitant parois ainsi la propagation du virus. C’est d’ailleurs ce qu’on a constaté dans les Ehpad: le confinement risque de diffuser la maladie chez les plus fragiles et d’aboutir à une hécatombe. Le précédent du bâteau de croisière japonais Diamond Princess(où plus de 712 personnes furent contaminées) devrait nous alerter sur le danger de confiner ensemble des malades et des non-malades.

80 % des contaminations ont lieu dans le cercle familial et (...) la contamination en extérieur, à l’air libre, est presque impossible

Fermer les petits commerces ou empêcher les gens de sortir dans la rue sans attestation est assez inutile puisque 80 % des contaminations ont lieu dans le cercle familial et que la contamination en extérieur, à l’air libre, est presque impossible.

Cette faible efficacité sanitaire du confinement pour lutter contre le Covid-19 et sauver des vies est frappante lorsque l’on compare les pays. L’Argentine est confinée depuis le printemps et le nombre de morts du Covid y augmente encore. Au contraire, Taïwan (21 millions d’habitants) n’a pas confiné et n’a eu que sept morts! Les pays qui ont confiné longtemps au Printemps (Espagne, Italie, France, Belgique, Royaume-Uni…) affichent un nombre de morts très élevé. Au contraire, l’Allemagne, qui a fait le choix d’une autre stratégie avec un semi-confinement beaucoup plus souple, terminé plus tôt, mais un dépistage massif et une bonne qualité de soin, compte six fois moins de morts par habitants que la France. Les pays asiatiques qui font le choix du dépistage et de l’isolement des malades (7 décès à Taïwan, 400 en Corée, 107 à Hongkong…) comptent beaucoup moins de décès. Et ce sans même recourir au moindre confinement!

Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras. Le virus est une création de la nature. Si l’épidémie s’est arrêtée partout en Europe en mai (y compris en Suède, pays qui n’a pas confiné), c’est en grande partie pour des raisons naturelles. Si elle reprend aujourd’hui, ce n’est pas à cause d’un «relâchement» des Français ni d’un déconfinement trop rapide ni d’une perte de contrôle, mais pour des raisons naturelles. On nous dit aujourd’hui que l’épidémie est devenue hors de contrôle: ce n’est pas exact.

Certes, elle est hors de contrôle aujourd’hui, mais en réalité, elle l’a toujours été. On ne sait pas contrôler la propagation d’un virus respiratoire. Si elle s’est mise en sommeil à l’été, c’est pour des raisons indépendantes de notre action. C’est un fait bien connu que dans les régions tempérées comme l’Europe (ce n’est pas le cas dans les autres types de climats), les virus respiratoires sont plus contagieux et plus violents à la saison hivernale. C’est d’ailleurs cette saisonnalité des virus respiratoires qui nous a permis d’annoncer dans notre livre (avec raison, hélas) la survenue d’une deuxième vague et la saturation pour l’automne de notre système hospitalier. Et c’est pour cette même raison que je ne crois pas au confinement, car à ma connaissance il n’a pas la capacité d’agir sur le taux d’humidité ou le cycle des saisons.

Combien de confinements allons-nous vivre ?

Surtout, quand même bien le confinement marcherait, les contagions reprendraient très vite dès le début du déconfinement tant que l’hiver ne sera pas passé. Il faudrait donc reconfiner et ainsi de suite. Combien de confinements allons-nous vivre?

D’autres solutions seraient possibles, sans que le nombre de décès n’explose?

Oui. Je doute de l’efficacité des mesures générales. Prenons un exemple: les accidents de la route tuent un million de personnes par an, avec une moyenne d’âge bien plus basse que celle du Covid. Pourtant, on n’interdit pas la voiture pour autant. Mais on prend des mesures ciblées: réfection des routes, lutte contre l’alcoolémie, voitures plus solides et avec des airbags...Entre tout fermer et ne rien faire, il existe un juste milieu, qui est la seule attitude efficace: les mesures ciblées.

Autre exemple: au Japon, il existe un phénomène naturel très grave: les séismes. Les Japonais ont-ils eu l’idée bizarre d’empêcher les séismes? Bien sûr que non! Cela veut-il dire qu’on ne peut rien faire contre les séismes? Certainement pas! D’une part, les Japonais cherchent à détecter le mieux possible les tremblements de terre afin d’évacuer la population au plus vite, d’autre part, ils font des constructions antisismiques très robustes. Pour le virus, c’est la même chose.

Il est illusoire et irréaliste de penser qu’on va contrôler la circulation d’un virus respiratoire émergent dans un pays de 67 millions d’habitants. Ce serait comme vouloir empêcher les séismes. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut rien faire contre le virus. Bien au contraire. L’objet principal de mon essai est de dessiner une stratégie sanitaire alternative, sérieuse et crédible, inspirée de ce qui réussit à l’étranger et du retour d’expérience des soignants sur le terrain, une stratégie plus efficace que le confinement pour sauver des vies. Comme je l’ai dit, le danger du virus n’est pas sa (faible) mortalité, mais sa capacité à saturer les hôpitaux. Or, le confinement ne réglera pas ce grave problème de saturation hospitalière. Pour le régler, il n’y a que deux choses à faire.

D’une part, augmenter en urgence les capacités hospitalières. Il faut mobiliser l’armée (comme l’ont fait les Suédois), les cliniques privées, les médecins et infirmiers libéraux, les médecins et infirmiers récemment retraités, recruter des femmes de ménage (pour décharger les soignants de toutes les tâches non médicales, comme par exemple refaire les lits). Comme le propose le Docteur Kierzek, on pourrait aussi organiser les services différemment: plutôt que de mettre dans une même équipe cinq médecins-réanimateurs, éclatons le service en séparant les spécialistes et en plaçant autour d’eux des internes ou des infirmiers non spécialisés, mais coachés par le réanimateur. On multiplierait ainsi d’autant le nombre d’équipes de réanimation. Il nous faut plus de lits de réanimation (environ 20.000 au total) et aussi plus de lits conventionnels en soins intensifs.

Les Slovaques viennent de tester 75 % de leur population en un week-end !

D’autre part, il faut appliquer le tryptique tester - isoler - traiter. Il faut un dépistage de masse dans la société française: sur le lieu de travail, dans les Ehpad, dans les pharmacies...Les personnes à risque - que l’on peut identifier grâce au big data de l’assurance maladie - doivent être dépistées deux fois par semaine, avec des tests antigéniques (plus rapides et moins chers que les PCR). Ainsi les Slovaques viennent de tester 75 % de leur population en un week-end! Si on est malade, il faut être isolé dans un hôtel (comme le fait la Corée et comme le préconise l’Académie de médecine).

Surtout, il faut prendre en charge les malades le plus tôt possible, en leur donnant de l’oxygène, et si besoin des corticoïdes et des anticoagulants. Cela permet de faire s’effondrer le taux de décès et de passage en réanimation. Et ça peut se faire à domicile ou à l’hôpital, avec un personnel qui n’a pas besoin d’être très formé. Avec une telle méthode, on éviterait le confinement, on sauverait l’économie et surtout on aurait bien moins de morts du Covid!

La peur est mauvaise conseillère: le confinement est un remède pire que le mal?

Ma critique du confinement est bien sûr aussi économique et sociale. Le remède (le confinement) risque d’être bien pire que le mal (le Covid). Le bilan coûts-avantages du confinement (que tout gouvernement devrait faire avant de se décider) est largement défavorable au confinement. Durant le premier confinement, les violences conjugales ont augmenté de 40 %. La période a aussi été très dure pour les personnes atteintes de troubles psychiques et a multiplié les addictions et les dépressions.

Et la crise économique, ce sont des choses très concrètes: la récession, le chômage, l’appauvrissement généralisé, les faillites, les suicides, un pays exsangue...Le premier confinement a déjà jeté un million de Français en plus dans la pauvreté. Les bénéficiaires de l’aide alimentaire ont augmenté de 30 %. Le Secours populaire a vu exploser le nombre de demandes de repas et 45 % des gens qui sont venus étaient jusque-là inconnus de l’association.

Si le confinement était un essai médicamenteux, on l’arrêterait tout de suite à cause des effets secondaires terribles! Il ne s’agit pas d’opposer économie et santé, car les crises économiques dégradent notre santé et tuent aussi. 1929 l’a prouvé.

Surtout, le confinement et ses effets économiques menacent notre système hospitalier. En effet, c’est l’activité économique qui, grâce à des impôts et à des charges, finance notre système hospitalier. Si on contracte l’activité, il y aura moins de rentrées fiscales et donc moins d’hôpitaux, moins de lits, moins de respirateurs avec des soignants moins nombreux et moins bien payés! Pour sauver notre système hospitalier, il faut déconfiner au plus vite!

Vous décrivez aussi la «psychose» qui s’est emparée du monde depuis le début de l’épidémie: en fait-on trop avec ce virus?

Ce virus nous pose un énorme problème de santé publique, qui vient du caractère potentiellement suffocatoire de la maladie chez les patients à risque. Nos services de réanimation risquent d’être submergés. Mais en ce qui concerne la dangerosité du virus, elle reste faible. L’épidémie de Covid-19 est une épidémie banale, d’ampleur moyenne, comme l’humanité en a déjà connu des centaines. Chaque année, 60 millions de personnes meurent dans le monde (dont 600.000 en France). En 2020, le Covid-19 à lui seul ne fera pas bouger le chiffre de la mortalité mondiale.

La mortalité du Covid-19 est bien inférieure à 0,5 %. Sur les 1046 marins infectés du porte-avions Charles de Gaulle, aucun n’est mort. La mortalité de son cousin le SRAS, qui toucha l’Asie en 2003, était comprise entre 10 et 20 %. Celle de son autre cousin, le Mers saoudien est de 40 %. Celle d’Ebola oscille entre 60 et 90 %. Comme dans l’écrasante majorité des infections respiratoires classiques et contrairement à la Grippe espagnole de 1918 qui frappait principalement des jeunes, le virus tue surtout des personnes âgées. Que ferons-nous le jour où nous serons confrontés à un virus aussi contagieux mais bien plus létal que le Covid-19?

En 2016, les broncho-pneumopathies obstructives ont fait plus de deux millions de victimes. Cette année-là, on n’a pas arrêté l’économie de la planète pour autant.

Bien sûr, nous pourrions parler des grandes épidémies du passé, bien plus mortelles que l’épidémie actuelle, avec la Peste noire au XIVee siècle (40 % de la population européenne tuée!) ou la Grippe espagnole de 1918-1919 (50 millions de morts), mais rappelons juste qu’en 1969, alors que nous étions déjà un pays moderne, la grippe de Hongkong a fait un million de morts dans le monde, dont 35.000 en France. Pourtant, aucune mesure particulière n’avait été prise et la société n’en a gardé aucun traumatisme.

Selon l’OMS, en 2016, les broncho-pneumopathies obstructives ont fait plus de deux millions de victimes. Cette année-là, on n’a pas arrêté l’économie de la planète pour autant.

En Chine, la pollution deux millions de personnes par an. Cela veut dire que le nombre de morts causé par la pollution en Chine sera plus important que le nombre de victimes dues au Covid-19 non seulement en Chine, mais même dans le monde entier. Même chiffre en Inde. Si nous regardons les épidémies actuelles, nous voyons que deux millions de gens sont rongés vivants et mutilés par la lèpre (avec 200.000 nouvelles contaminations par an). 200 millions de gens souffrent du paludisme, maladie qui tue 500.000 victimes par an. Pourtant, ces pathologies bien plus dangereuses ne mettent pas le monde à l’arrêt, car comme elles sont connues de longue date, elles ne provoquent plus aucune hystérie. C’est la nouveauté du virus qui nous terrorise.

En 2020, les causes principales de la mortalité vont rester les mêmes que les années précédentes: cancers (neuf millions de morts par an), faim (9 millions de morts par an, il suffit donc de 40 jours à la faim pour tuer autant que le Covid depuis son apparition), pollution, broncho-pneumopathies (3,5 millions), infections respiratoires hors-Covid (2,5 millions, dont 600.000 pour la grippe), tuberculose (un million), paludisme, SIDA, hépatites, accidents de la route, guerres...Les vrais tueurs de masse du XXIe siècle en Occident ne sont pas le Covid-19. Ils ont pour nom: drogues, acides gras saturés, sel, sucre, surconsommation de médicaments, tabac (qui fait 75 000 morts en France chaque année)...Ce sont eux qui tuent le plus. C’est sur eux que nous devrons faire porter sur la durée nos politiques de santé publique.

En France (...) il n’est finalement pas mort plus de gens du 1er janvier au 30 septembre 2020 qu’en 2019 sur la même période

Comme le Covid tue surtout des personnes avec une espérance de vie déjà basse, il n’a pas pour l’instant provoqué de surmortalité. Dans notre livre, je cite l’exemple d’un médecin qui a intubé un homme atteint d’un cancer en phase terminale et qui ne pesait plus que 37 kg...mais comme ce malheureux patient était aussi positif au Covid, il a été compté comme mort du Covid. En France, malgré la première vague et un pic de mortalité en avril, il n’est finalement pas mort plus de gens du 1er janvier au 30 septembre 2020 qu’en 2019 sur la même période. La Suisse a même connu en 2020 moins de décès au premier semestre 2020 qu’en 2019. Nous sommes donc en pleine surréaction contre-productive.

Cette surréaction confine même parfois au délire. En Inde, des agressions contre le personnel soignant (suspecté d’être contaminé) ont eu lieu. Des infirmiers et des médecins ont été attaqués dans la rue ou expulsés de chez eux par leurs propriétaires ou leurs voisins. Le problème est tel que le premier ministre, Narendra Modi, a condamné ces actes publiquement et menacé leurs auteurs de poursuites judiciaires. En Italie, une jeune femme médecin a été tuée par son compagnon, qui l’accusait (à tort) de lui avoir transmis le virus. Au Canada, pays où la police peut débarquer chez vous pour vérifier que vous ne recevez pas des amis, Theresa Tam, responsable de la santé publique, a préconisé de porter le masque durant les rapports sexuels.

Ne prenons pas ces manifestations à la légère: la psychose tue. Souvenons-nous de ces drames courants qui surviennent régulièrement dans certains stades ou boîtes de nuit: un incendie se déclare, les gens fuient dans la panique, l’incendie ne tue personne mais la bousculade due à la panique, elle, fait plusieurs morts. Si tout le monde était sorti dans le calme, tout se serait bien passé. Souvenons-nous aussi de la défaite de 1940 et de l’Exode. Nous n’avions perdu que 2 % de nos soldats. Nos pertes n’étaient pas plus élevées que celles des Allemands et nous pouvions poursuivre la lutte.

Pourtant, nous avons été saisis par la «froide déesse» de la peur, pour reprendre l’expression de Joseph de Maistre. Totalement désorganisés, nous avons abandonné le combat et la population s’est enfuie sur les routes dans une pagaille généralisée qui a causé la mort de 100.000 civils! Au contraire, à Dunkerque, l’évacuation miraculeuse des troupes britanniques et françaises, au milieu des bombes allemandes, n’a été possible que parce que les hommes se sont montrés disciplinés et n’ont pas cédé à la panique. Étant aujourd’hui dans une situation infiniment moins grave que la leur, nous devrions, nous aussi, pouvoir garder notre calme.

Les médias ont eu, selon vous, une large responsabilité dans cette psychose...

L’Histoire est riche en psychoses collectives, mais c’est la première fois - à cause d’Internet et des médias - qu’une psychose gagne le monde entier ou presque. Pour expliquer cette psychose ambiante, nous avons développé un modèle explicatif: le triptyque médiatisation - émotion -mimétisme.

Les médias renforcent la psychose ambiante. Ils ont repris sans précaution les modélisations statistiques apocalyptiques de l’Imperial College de Londres, qui prédisaient 500.000 morts à la France si elle ne confinait pas. Or, les mêmes statistiques annonçaient 70.000 morts à la Suède sans confinement. La Suède n’a pas confiné. Bilan? 5997 morts. 11 fois moins qu’annoncé. En termes de nombre de morts par habitant, c’est à peine plus que la France. Et c’est beaucoup moins que des pays qui ont pourtant lourdement confiné comme la Belgique, l’Espagne, l’Italie ou le Royaume-Uni.

Chez les plus de 90 ans, c’est-à-dire chez les plus vulnérables, la mortalité du virus est de 20 %

De même, les médias alimentent la psychose en nous donnant chaque jour le nombre de morts du Covid (même à l’été quand ce chiffre était fort bas). Pourquoi ne le font-ils pas aussi pour la grippe (entre 5000 et 15.000 morts par an en France, avec un pic à 21.000 en 2017), les cancers, les accidents de la route ou les suicides? Ils nourrissent aussi la psychose en parlant sans cesse de quelques rares jeunes qui sont morts du covid-19. Mais les cas sont extrêmement rares et, quoique tragiques, restent insignifiants sur le plan statistique. D’ailleurs, chaque année, en France, quelques enfants et adolescents meurent de la rougeole, de la varicelle ou de la grippe (dont un nourrisson en janvier 2020 à Pontarlier).

Comme disait Lénine, «les faits sont têtus». La moyenne d’âge des patients décédés avec le Covid-19 est de 81 ans en France. Cette moyenne d’âge correspond à celle de l’espérance de vie! Dans le cas du Luxembourg, elle est même supérieure de 4 ans à celle de l’espérance de vie (86 ans de moyenne d’âge pour les victimes du Covid alors que l’espérance de vie luxembourgeoise est de 82 ans). En France, un tiers des décès a eu lieu dans les Ehpad, 80 % des victimes avaient plus de 75 ans, 93 % plus de 65 ans. Les deux tiers souffraient d’une comorbidité.

Seuls 2 % des patients décédés étaient âgés de moins de 60 ans et sans comorbidité connue (mais peut-être certains avaient-ils des comorbidités cachées). Même chez les personnes âgées, les taux de survie restent bons. Chez les plus de 90 ans, c’est-à-dire chez les plus vulnérables, la mortalité du virus est de 20 %. Ce qui signifie qu’un nonagénaire infecté a tout de même 80 % de chances de survie. À cela, il faut ajouter le critère du surpoids: 83 % des patients Covid en réanimation sont en surpoids.

Beaucoup de ces jeunes victimes du Covid-19 souffraient d’autres pathologies. On a par exemple beaucoup parlé de la mort d’un adolescent portugais. Mais après examen, on a découvert que, même s’il avait bien été atteint par le Covid, il souffrait d’un psoriasis qui avait affaibli son système immunitaire et que surtout il avait aussi une méningite, maladie qui soit fut la vraie cause de sa mort soit qui amplifia considérablement les effets du Covid. On nous a aussi parlé de la mort d’un adolescent guyanais de 14 ans. Certes, le pauvre jeune homme était positif au Covid, mais il était surtout atteint de la fièvre jaune, une maladie tropicale très grave, qui a une mortalité de plus de 30 % et qui fut la vraie raison de sa mort.

La BBC alimente la psychose collective en faisant passer un message subliminal : les enfants meurent aussi du Covid-19 ! Or la réalité statistique est tout le contraire

De même, sur son site, la BBC a consacré un article entier à la mort d’une petite fille de 5 ans. Au détour de l’article et sans insister sur cette information pourtant capitale, le média de référence britannique nous dit allusivement que la petite fille souffrait d’une autre pathologie, sans préciser laquelle. La mort d’un enfant est toujours un scandale. C’est injuste et horrible. Tout doit être fait pour empêcher que cela ne se produise. Mais ce sont des choses qui arrivent. Six millions d’enfants de moins de 15 ans meurent chaque année dans le monde. Un enfant meurt toutes les deux minutes du paludisme, soit 260.000 par an.

Tout en étant factuel, l’article de la BBC alimente la psychose collective en faisant passer un message subliminal: les enfants meurent aussi du Covid-19! Or la réalité statistique est tout le contraire: le virus est quasiment inoffensif pour les enfants et les adolescents. 0,4 % des victimes ont moins de 45 ans. Sur 39.000 morts en France, 28 ont moins de 30 ans. Et les rares fois où il tue des enfants, ceux-ci sont très souvent atteints par ailleurs d’une pathologie lourde. Plus tard, il faudra que les sociologues analysent soigneusement le rôle qu’ont joué les médias dans l’émergence d’une psychose mondiale face à une maladie peu létale.

La vie humaine a une valeur inestimable. Quel que soit son âge, toute personne doit être soignée et sauvée si cela est possible. Il est hors de question de laisser qui que ce soit mourir d’asphyxie alors que nous serions en mesure de l’empêcher. Mais mettre davantage en avant ces statistiques aurait trois avantages: réduire la psychose, mieux protéger les personnes à risque, laissez vaquer à leurs occupations habituelles tous ceux qui ne risquent rien.

Nous ne pouvons pas mettre tout un pays à l’arrêt et détruire notre économie pour un virus à la létalité aussi faible et qui tue un public aussi âgé et aussi ciblé. Nous devons maintenant utiliser d’autres méthodes pour protéger les personnes à risque.

Êtes-vous surpris par le consentement de la population française à ces mesures? Où sont passés les Gaulois réfractaires?

La population fait preuve d’un admirable civisme, même si ce second confinement est déjà beaucoup moins bien accepté que le premier. Mais le Gaulois réfractaire est une bombe à retardement.

Plus le confinement sera long, plus le risque de troubles sociaux violents est important. Déconfinons de toute urgence!

 

Julia de Funès: La lutte contre le Covid a déchaîné la pulsion légalomaniaque française

TRIBUNE - La philosophe et essayiste dépeint la passion française pour la norme bureaucratique, qui s’exprime sans aucun frein pendant ce confinement et entrave gravement le pays.


Docteur en philosophie et diplômée d’un DESS en ressources humaines, Julia de Funès a publié «Socrate au pays des process» (Flammarion, 2017) et «Développement (im)personnel, le succès d’une imposture» (Éditions de l’Observatoire, 2019).


Cette année nous aura particulièrement montré à quel point l’administration de notre pays, elle aussi, tue. Tue l’intelligence humaine, tue l’ambition de notre pays, tue notre pouvoir d’agir, tout en permettant aux deux fléaux meurtriers les plus actuels de prospérer. L’islamisme radical est à combattre dans un cadre constitutionnel empêchant d’y mettre efficacement fin. Un virus est à endiguer mais des procédures trop longues le laissent se propager durant des mois. La bureaucratie mêlée à la légalomanie paralyse notre pays assujetti à ses normes et à ses lois davantage qu’elles ne le renforcent et qu’elles n’autonomisent la société civile.

L’obsession législative s’inquiète que nos moindres gestes ne soient prévus quelque part, dans un alinéa, une jurisprudence, un décret, une commission, une mise à l’étude, un projet de loi, une élaboration, une proposition, une décision, un appendice! Ce syndrome maniaco-procédurier, cette pulsion légalomaniaque sont amplifiés par la victimisation galopante exigeant la pénalisation de tout ce qui la menace afin de calmer le sentiment de persécution dont elle se dit la proie. Lorsque des individus n’ont plus d’autre solution pour se sentir être que de se condenser dans des groupes identitaires, et trouvent un semblant de vie à travers un légalisme punitif qu’ils ne cessent de réclamer, un mot juste devient une insulte, une critique un amalgame, une offense un préjudice.

La bureaucratie s’occupe davantage des normes que des lois. Elle vise à purger l’homme de l’humain, à remplacer le vivant parfois incontrôlable par de la sécurisation programmée dans toutes les sphères possibles: protocole médical, sanitaire, sécuritaire, procédures administratives, etc. Ces protocoles n’ont rien de légal ou d’illégal, tout en étant obligatoires.

Notre trop plein administratif a peur du vide normatif, cette zone grise et floue qui risquerait de laisser passer encore un peu d’inorganisation, de hasard, et finalement de vie dans nos comportements

Le but est un contrôle des comportements et un fonctionnement sans hasard des esprits. Si gagner en temps et en organisation est le prétexte invoqué de la bureaucratisation, l’effet s’avère souvent inverse à ces ambitions: perte de temps considérable, organisation désastreuse, automatismes débilitants qui transforment les esprits en ectoplasmes et les poussent à se satisfaire d’une situation dans laquelle ils n’ont pas à prendre de risque. À croire que les routes seront peu à peu plus fréquentables sans voiture, la plage sans la mer, la mer sans les vagues, les causes sans conséquences.

Notre trop-plein administratif a peur du vide normatif, cette zone grise et floue qui risquerait de laisser passer encore un peu d’inorganisation, de hasard, et finalement de vie dans nos comportements. Ce grand cirque précautionniste déambule sous les acclamations de cervelles fébriles mais satisfaites de leur bonne conscience, légitimant les ingérences de ces normes au nom de la sécurité et de la précaution. Aussi, l’hyperlégislation et l’inflation bureaucratique sont des pathologies sournoises car elles s’appliquent au nom du bien. Le mal qui leur est lié perd l’attribut par lequel on le reconnaît généralement, celui de la transgression. L’esprit borné reste englué dans ses manières de faire, dans ses mécanismes, dans ses automatismes ritualisés au point de juger qu’ils sont les seuls possibles et légitimes.

Leurs effets secondaires sont pourtant redoutables. Une restriction de liberté démocratique au nom d’un légalisme égalitariste victimaire. Une carence d’intelligence, dont seul le discernement permet de jouer avec les aléas, les contingences, et de comprendre qu’il y a parfois moins de risque à en prendre un qu’à ne pas en prendre du tout. Une perte d’autonomie et de pouvoir d’action, grâce auxquels nous sommes des personnes, des adultes, des êtres responsables, des sujets, et notre pays une nation plus active que réactive, plus entrepreneuse que peureuse.

Sortir de ce formol bureaucratique ne signifie pas remettre en cause systématiquement et bêtement les règlements. C’est penser ce que l’on est censé (faire) appliquer et n’agir que si l’action fait sens.

On s’inquiète de l’intelligence artificielle qui rivaliserait avec l’intelligence humaine. Plus inquiétante encore est l’intelligence humaine qui s’artificialise très vite dès lors qu’elle applique pour appliquer, en faisant des procédures le sommet des priorités au détriment du sens et de l’urgence des situations.

 

https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/donnees-hospitalieres-relatives-a-lepidemie-de-covid-19/

24 avril 2017

Présidentielles 2017

Bilan de l'élection présidentielle 2017 et comparaison avec les élections antérieures depuis 1974.

Estimation simpliste des reports de voix d'un tour à l'autre, en faisant l'hypothèse qu'on ne change pas de camp d'un tour à l'autre.

Les regroupements de voix du premier tour dans chacune de ces deux forces est réalisé arbitrairement en sommant :
- à gauche : socialistes, communistes, divers (radicaux et équivalents) et extrêmes gauche (lutte ouvrière, trotkiste, etc.)
- à droite : feu le RPR (puis UMP), feu l'UDF, les centristes et divers droite le plus souvent des candidats plus ou moins isolés.

En préambule, un rappel des résultats des précédents élections, au premier comme au second tour, par principaux candidats puis en comparant les 2 grandes forces politiques : la droite et la gauche. L'extrême droite est comptabilisée à part puisque l'objectif est de voir comment se fait le report des voix de ce parti, sachant qu'il faut attendre 1988 pour voir un candidat du FN avec un score notable dans une élection présidentielle.

1er tour

Le meilleur résultat à un premier tour est celui de F. Mitterrand en 1974 avec 43,2% des voix. Il ne lui manquait que 1,7 million de voix pour être élu au premier tour ! En 1988, Mitterrand réalise le second meilleur score avec 34,1% des voix. En 2007, N. Sarkozy était assez proche avec 31,2%, soit le 3è meilleur score du candidat sorti en tête au premier tour.

2017, huitième élection depuis 1974, voit sur la ligne de départ 11 candidats dont aucun n'a accédé à la fonction suprême. F. Hollande, président sortant a préféré ne pas se représenter (aurait-il fait pire que B. Hamon ?). N. Sarkozy, son prédesseceur, a été battu au 1er tour de la primaire de la droite à l'automne 2016.

E. Macron, candidat difficile à classer dans l'échiquier politique (social-libéral, centriste, libéral ?), arrive en tête avec 24% des voix, soit le troisième plus faible score du candidat arrivé en tête au premier tour : seuls J. Chirac (19,9%) en 2002 et L. Jospin (23,3%) en 1995 ont fait moins bien.

La répartition des différents partis politiques à l'issu du premier tour est représentée sur les graphiques ci-dessous.

1974

 1974

Apparition de l'extrême droite mais avec un score inférieur à 1%. Le candidat de la gauche n'a quasiment pas de réserve de voix et le discours sans compromis de Chaban-Delmas (arrivé 3è au 1er tour) "sauvera" Giscard d'une possible défaite.

1981

1981-T1

Pas d'extrême droite. A l'autre extrême, la gauche fait un carton qui ne sera revu qu'en 2017, soit 36 ans plus tard. Toute petite avance de la gauche si l'on met les verts dans ce camp. Le parti centriste fait également un gros score inégalé depuis.

1988

1988-T1

Retour de l'extrême droite qui avait passé son tour en 1981 mais retour en force avec un score notable proche des 15% et de celui des centristes. Le Front National commence à affirmer ses ambitions de 3è force politique. Les reports de voix de ce parti, pas forcément à droite, feront pencher l'élection à gauche, même si sans les extrêmes opposées, la gauche était devant la droite.

1995

1995-T1

L'extrême droite se maintient par rapport à 1988 mais le fait marquant est le recul des socialistes de près de 11 points. Comme 7 ans plus tôt, le sort de l'élection ne fait guère de doute mais à l'avantage du candidat de droite.

2002

2002-T1

L'évènement marquant est bien sûr le très gros score de l'extrême droite qui qualifie à la surprise générale (ou presque) un de ces deux candidats pour le second tour, au détriment du candidat socialiste (L. Jospin) qui a pâti des candidatures dissidentes de Taubira et Chevènement. Cette (mauvaise ?) surprise va dénaturer le second tour avec un vote massif pour J. Chirac, qui n'aura même pas le courage d'affronter son adversaire au cours d'un débat.

2007

2007-T1

Les extrêmes reculent fortement, d'un tiers pour la gauche et de moitié pour la droite. Les "leçons" de 2002 ont été tirées et dès le premier tour, c'est le vote utile. Le candidat centriste détient les clefs de l'élection mais en ne donnant pas de consigne de vote, la victoire de la droite parait inévitable. Les reports sont difficiles à apprécier.

2012

2012-T1

Nouvelle poussée de l'extrême droite qui détient la clef de l'élection alors que le candidat du centre s'effondre. Sans un report très massif des voix du FN vers le candidat de droite, la gauche ne peut que l'emporter.

2017

presidentielles_2017_T1

 

Le front national (Marine Le Pen) poursuit sa poussée et dépasse pour la première fois les 20% au 1er tour. C'est la deuxième fois qu'une femme sera au 2nd tour, 10 ans après S. Royal.

Les forces de droite arrivent en tête au cumul mais leur éclatement en plusieurs candidats les condament à un rôle d'observateur au 2nd tour.

Les forces de la gauche de la gauche (incluant les extrêmes) font leur meilleur score à un premier tour mais c'est insuffisant pour qualifier Mélenchon, 4è du premier tour.

Le parti socialiste (B. Hamon) est réduit à peau de chagrin avec un report des voix vers E. Macron, qui arrive en tête, ce qui est une demi-surprise. Se présentant sans étiquette et en candidat "hors système", il représente néanmoins aux yeux de beaucoup une alternative plus séduisante au candidat du PS, après avoir été chef de cabinet et ministre de l'économie sous le quinquennat Hollande.

Même le report des voix n'a rien d'évident du fait de l'élimination au 1er tour des deux grandes forces politiques historiques. Les appels au peuple des candidats éliminés sont similaires sur le fond mais différents sur la forme : certains appellent à voter Macron, d'autres à faire barrage au front national (surtout sans citer Macron, histoire d'entretenir le flou). Seul Dupont-Aignan appelle à voter pour M. Le Pen. Avec le socle du PS, la moitié des voix de la droite et la moitié des voix de "l'extrême gauche", Macron aurait entre 55% et 60% des voix. Si Marine Le Pen fait moins peur que son père, un vote "républicain" peut également pousser pour Macron. Sur le papier, ça semble joué pour Macron mais méfiance. Des élections récentes (Brexit, élections états-uniennes) jouées d'avance ont vu des surprises.

Sachant que les élections législatives risquent d'être une belle foire d'empoigne pour donner une majorité au vainqueur de la présidentielles. On a pu voir que les mouches avaient changé d'âne parmi certains barons du socialisme.

En quelques lignes, mon modeste avis sur les deux candidats.

D'un côté Marine Le Pen (en réalité Marion Anne Perrine Le Pen...), qui est issue du système FN, qui a hérité du parcours politique de son père et de tout ce qu'il a bâti dans ce parti. Pour faire le pendant avec le Mélenchon, elle est plus à droite de la droite qu'à l'extrême droite. Tous les économistes influant dans la presse indiquent que la sortie de l'euro, le retour au franc, le protectionnisme commercial et humain (préférence nationale) nous amèneraient à la banqueroute. L'Europe a été construite d'abord sur les échanges commerciaux avec un petit nombre de pays en espérant que ces échanges favorisent la paix à la sortir de la seconde guerre mondiale. Ce fut le cas mais l'ouverture à l'est après l'explosion du rideau de fer est un relatif échec, de même que le passage à l'euro qui a renchérit qu'on le veuille ou non le coût de la vie. La concurrence (fiscalité, coût du travail) est faussée alors que l'Europe y veille dans un autre cadre (fusion / acquisition des grands groupes). Mme Le Pen fille a aussi mené les dernières campagnes (municipales, régionales) de son parti avec de très bons scores mais sans concrétiser (peu de communes, aucune région et échec personnel dans les deux cas). Bref, jusqu'à présent, le plafond de verre (limite des voix) qu'on veut nous vendre, le mode d'élection à deux tours sans proportionnelle (sauf aux Européennes) et le front "républicain" empêche le Front National d'être représentés à hauteur de ses scores aux élections.

Emmanuel Macron se veut anti-système, ni de droite, ni de gauche. Ses parents sont médecins et il serait surprenant qu'il ait manqué matériellement de quoi que ce soit pour arriver à sortir de l'ENA à 27 ans (tous nos chefs d'Etat sont passés par l'ENA). Pour le côté anti-système, c'est donc loupé pour le parcours initiatique. Ensuite, il devient inspecteur des finances (donc haut fonctionnaire) mais il est "rattrapé" par l'arrivée à l'Élysée de Sarkozy. Ne souhaitant pas servir ce président (pour des raisons d'homme ou d'idéologie ?), il se met en disponibilité et trouve un poste bien rémunéré à la banque Rothschild. Haut fonctionnaire ou fonctionnaire tout court, il me semble que cette catégorie de travailleurs souvent mise au pilori ou caricaturée (à tort et à raison) est censée servir l'État, pas un parti. Donc, c'est un peu limite d'aller dans le privé quand le vent ne soufle pas du bon côté dans les ministères. Dans cette banque d'affaires, il va notamment participer à une très belle opération économique (et capitalistique) du géant Nestlé (suisse), qui absorbe la branche "nutrition infantile"du concurent Pfizer (US) en 2012. Joli bonus pour Macron qui participe donc sans que cela l'empêche de dormir, à faire de Nestlé un géant encore plus gros. Dans ce genre d'opération, on sait très bien que la casse sociale et la fermeture d'usine(s) sont la règle (rien trouvé à ce sujet). Faire de géants de l'industrie (ici alimentaire) des géants encore plus grands n'est pas pour rassurer. Je note également que cette acquisition concerne deux entreprises hors union européenne...

Quand Hollande arrive au pouvoir en 2012, le vent est plus favorable et Macron revient aux affaires politiques et finit Ministre de l'Economie. Il fonde son parti, démissionne de son poste de Ministre et même de son corps d'Inspecteur des Finances. Il avoue même qu'il n'est pas socialiste. Avec cette ascension ultra-rapide et son parcours, il ressemble en effet plus à un candidat de droite qui s'ignore.

 

Carte des candidats arrivés en tête au 1er tour dans les départements métropolitains : une France coupée en deux avec une poche Macron en région parisienne et une autre dans les Alpes.

Le Pen (noir), Fillon (bleu), Macron (violet) et Mélenchon (rouge)

P2017

A noter aussi que dans les 117 communes (ou arrondissements pour Paris) de plus de 50 000 habitants, qui rassemblent environ 20% de la population métropolitaine, Macron arrive 63 fois en tête (Lyon, Nantes, Strasbourg, Bordeaux, Rennes, Paris XVè...), Mélenchon 29 fois (Marseille, Toulouse, Montpellier, Lille, Le Havre, Saint-Etienne, Grenoble, Paris XIX et XX), Fillon 14 fois (Nice, Aix-en-Provence, Versailles, Boulogne-Billancourt, Paris XVI et XVII...), Le Pen seulement 11 fois (Toulon, Perpignan, Calais, Dunkerque, Béziers...) 

Bilan

Si on regarde les 2 grandes forces (droite et gauche) et en comptant à part l'extrême droite, on remarque que le vainqueur de l'élection a (presque) toujours été dans le camp de la grande force arrivant en tête du premier tour. Presque car la seule exception date de 2002 où le candidat de gauche n'avait pas atteint le second tour. Alors que les sondages le donnait gagnant à ce stade. Sondages oh bien critiqués à cette époque (et encore aujourd'hui), dès qu'ils se trompent. Mais heureusement qu'ils se trompent sinon à quoi bon voter !

 

2è tour

Bon à savoir, le nombre de votants (barres jaunes sur le graphique ci-dessous) était toujours plus élevé au second tour jusqu'à l'élection de 2017 où environ 1,5 millions d'électeurs en moins se sont présentés aux urnes.

L'écart le plus fort entre les deux tours date de 2002 avec près de 3,5 millions de votants en plus. A l'inverse, c'est en 2007 que l'écart fut le plus faible.

Quant au nombre de bulletins exprimés (en marron ci-dessus), il n'est pas toujours plus élevé au second tour. En 1995 et 2007, le manque fut respectivement de 519 000 et 946 000 bulletins (resp. avec 500 000 et un peu moins de 100 000 votants en plus). 2012 voit la tendance se poursuivre avec plus d'un million de voix exprimées en moins. Et 2017 voit 4,5 millions de voix exprimés en moins. A noter que la notion "d'exprimé" est quelque peu exagérée puisque voter blanc ou nul est une façon de s'exprimer. Cette hausse des bulletins nuls ou blancs d'un tour à l'autre provient d'électeurs ne souhaitant pas reporter leur voix exprimée au 1er tour.

L'élection très spéciale de 2017 avec 4 candidats très opposés recueillant des suffrages proches au 1er tour (entre 19 et 24%) explique cela. Le vote "républicain" de 2002 est bien moins marqué en 2017. Macron qui se targuait d'avoir fait mieux au 1er tour que Chirac en 2002 avait oublié deux choses :

- malgré son meilleur score, il ne devançait guère plus le FN que Chirac (980 000 voix d'avance contre 860 000).

- Marine Le Pen fait beaucoup moins peur que son père. Le fameux plafond de verre mis en avant par les journalistes pour expliquer la défaite de MLP, voire son impossibilité d'arriver un jour à la fonction suprême fait fi de l'avancée croissante de ce parti dans toutes les dernières élections et notamment la présidentielle. Un peu moins de 4 M de voix en 2007, 6,5 M en 2012, près de 8 M au 1er tour de 2017  et au 2nd tour, les 11 M ne sont pas loin. Aux dernières régionales (en 2015), le FN était la première force politique du 1er tour avec 6 M de voix. Ce n'est que par le truchement du scrutin majoritaire à deux tours que le FN n'a décroché aucune région (et malgré 7 M de voix au 2nd tour).


En lien avec la réduction des voix exprimés d'un tour à l'autre, le graphique ci-dessous montre d'ailleurs une hausse au second tour (barres violettes) des votes blancs et nuls par rapport au premier tour (barres jaunes). Avec 1 million de bulletins blancs et nuls au premier tour, 2002 détient toujours le record même si 2017 fut proche (50 000 en moins). Au second tour, 2012 avait marqué un nouveau record en passant la barre des 2 millions. 2017 fait entrer le vote blanc et nul à autre niveau : c'est plus de 4 millions d'électeurs qui n'ont pas voulu coucher le nom d'un candidat dans leur petite enveloppe. Macron / le Pen : blanc bonnet et bonnet blanc ?

En dehors de l'année "spéciale" 2002, le président avait toujours été élu avec moins de 55% des suffrages exprimés. Avec le front national au 2nd tour comme en 2002, E. Macron élu en 2017 fait un gros score mais bien éloigné du carton de Chirac en 2002. Au vu des autres indicateurs de l'élection (4 candidats bien placés au 1er tour, abstention en hausse au 2nd tour, baisse des suffrages exprimés et explosion du vote blanc&nul entre les deux tours), Macron aurait pu avoir du mal à obtenir un majorité à l'assemblée. Il n'en fut rien, à la faveur de quelques belles vestes retournées dans le camp de la gauche mais aussi de la droite.

C'est au final assez cohérent avec 2002, les Français avaient donné une large majorité à la droite aux législatives dans le mois qui suivit la présidentielle alors qu'avant le 1er tour, ils étaient plutôt partis pour élire Jospin et une assemblée socialiste. Le FN n'avait eu aucun élu...

Des triangulaires voire des quadrangulaires sont à prévoir dans de nombreuses circonscription. Il faudra également surveiller l'abstention car c'est elle qui détermine les candidats au second tour (les 2 premiers + ceux qui ont obtenu plus de 12,5 % des inscrits). Autant dire qu'avec une abstention autour de 40% (valeur des 3 dernières législatives), il faudra dépasser les 20% de suffrages exprimés pour passer au 2nd tour.


 

1974

Les forces de droite ont 850 000 voix d'avance au 1er tour mais F. Mitterrand a dépassé les 40% au premier tour. Un million de voix exprimées en plus au second tour mais Mitterand plafonne et ne rattrapera environ que la moitié de son retard : Giscard est élu.

1981

Les forces de gauche ont 400 000 voix d'avance, le plus faible écart jamais observé. Mitterrand l'emporte en creusant l'écart grâce probablement à un apport de nouvelles voix (1,3 millions de votes exprimés en plus entre les 2 tours dont près de 80% iront à la gauche).

1988

Les forces de gauche disposent d'un peu plus de 3,7 millions de voix d'avance sur la droite mais Le Pen a attiré près de 4,4 M de voix dont le report est une des clefs du scrutin. Chirac gagnera 3,1 M de voix au second tour (par rapport au score du 1er de la droite), marqué par 520 000 suffrages exprimés en plus. Mitterrand gagnera lui près de 1,8 M de voix. Les voix du FN vont donc pour 2/3 vers la droite et pour 1/3 à la gauche. Un report intégral des voix du FN vers Chirac lui aurait probablement donné la victoire.

1995

Si Jospin arrive en tête au premier tour, la gauche a 1,1 M de voix de retard sur la droite. Le Pen atteint presque 4,6 M de voix. Au second tour et malgré 520 000 voix de moins exprimées, Chirac glâne 2,3 M de voix et Jospin 1,8 M. Un calcul simpliste (les voix de Le Pen du premier tour moins les voix non exprimées égalent la somme des gains de Chirac et Jospin) donne un report 60/40 des voix du FN entre droite et gauche, assez similaire au report de 1988.

2002

Election spéciale car la droite et encore plus la gauche sont éclatées en de multiples candidatures qui coûtent une place de finaliste à Jospin pour moins de 200 000 voix (1/3 des voix de Taubira ou 1/7 de celle de Chevènement). Le Pen finit second du 1er tour, augmentant encore son score relatif et absolu avec 4,8 M de voix et 16,9% des suffrages exprimés. Le 2nd tour est un plébiscite "républicain" pour Chirac (drôle de candidat républicain qui n'accepte même pas un débat avec son adversaire !). Le Pen ne fait pas mieux qu'un cumul de ses voix du 1er tour avec celle de son "dissident" Mégret.

2007

Le troisième homme du 1er tour est F. Bayrou et son score ample (6,8 M de voix) laisse penser qu'il a ratissé large. Aussi, le report brutal de ses voix à droite donnerait un avantage certain à ce camp pour le second tour avec plus de 6 M de voix d'avance (5 M si on compte les candidatures "excentriques") sur la gauche. A peine plus de votants au 2nd tour mais presque 1 M de voix exprimées "perdues" en plus. Difficile de savoir comment le report du FN a pu se faire (3,8 M de voix), d'autant que F. Bayrou n'avait pas donné de consignes de vote malgré les appels du pied de la gauche. Avec 100% des voix de Bayrou pour Royal, Sarkozy aurait perdu 100 000 voix entre les deux tours et S. Royal aurait grapiller plus de 4 M de voix, soit plus que les voix du FN. Cette répartition n'est probablement pas la bonne. En faisant l'hypothèse d'un report à 50/50 des voix de Bayrou, Royal ne gagne plus que 600 000 voix entre les 2 tours et Sarkozy 3,3 M. Ce qui ferait dans ce cas un report intégral ou presque des voix du FN vers Sarkozy, pas si impossible que cela.

2012

La droite recueille 13,8 M de voix (en comptant 100% des voix de F. Bayrou) contre 15,7 M de voix à la gauche, soit grossièrement 2 M de voix d'écart. L'extrême droite crée une demi-surprise avec 6,4 M de voix. Sans un report massif des voix du FN (en gros au moins 2/3-1/3 comme en 1988 pour Chirac), Sarkozy ne pourra être réélu.

Entre les deux tours :
- Marine Le Pen a indiqué qu'elle voterait blanc, laissant ses électeurs libre de leur choix.
- F. Bayrou a indiqué qu'il voterait pour F. Hollande, laissant également ses électeurs libre de faire de même ou non.

Entre les deux tours, Sarkosy gagne 3,1 M de voix et Hollande 2,3 M, ce qui ressere l'écart entre les deux candidats mais est insufffisant au président sortant pour être réélu.

Comme en 1995, coïncidence ou non, la somme des gains de voix des deux candidats (5,4 M) entre les deux tours et la perte des voix exprimées (1 M) donne exactement le score de l'extrême droite au premier tour (6,4 M).

2017

Macron gagne 12 millions de voix alors Le Pen n'en gagne que 3. trop compliqué de voir la répartition.

30 avril 2016

Top14 saison 2015/2016 : joueurs utilisés

Après la fin de la saison régulière du TOP14, voyons donc ce que le (soit-disant) meilleur championnat du monde (dixit le diffuseur Canal+) présente comme particularités, sur la base des feuilles de match.

Commençons par le nombre de titularisations de joueurs français et remplaçants (entrés en jeu).

* il manque les stats de la journée 24 et 10 titulaires de La Rochelle sur une autre journée

ClubTitularisationsRemplaçants*Total
Toulouse 233 129 362
Clermont 233 115 348
Stade fr. 231 109 340
Racing 221 103 324
Brive 218 133 351
Castres 205 132 337
Bordeaux 204 109 313
Oyonnax 204 104 308
La Rochelle 178 123 301
Pau 175 111 286
Agen 173 102 275
Grenoble 169 89 258
Toulon 150 108 258
Montpellier 120 88 208
TOTAL 2714 1555 4269

Si l'on se fie aux a priori, certaines équipes sont à leur place, notamment les trois premières qui fournissent le gros de l'équipe de France. Il est (un peu) plus surprenant de voir le Racing, voire Brive au pied du podium. Au fond du tableau, retrouver Toulon et Montpellier aux deux dernières places ne surprendra personne. Pour le MHR, seulement un tiers des titulaires sont Français, et encore en cette fin de saison, ça tombe à 3 Français titulaires. Enfin, retrouver des clubs (autrefois) formateurs comme Agen ou Pau dans la deuxième partie de tableau, avec moins d'un titulaire sur deux de nationalité française est décevant. Dernière surprise : Grenoble, quasiment au même niveau que Toulon.

En moyenne sur les 14 équipes, le taux de titularisations de joueurs français est de 52%. Quels sont donc les autres nationalités représentées ?

NationalitéTitularisations
Afrique du Sud 546
Nouvelle Zélande 425
Fidji 335
Australie 326
Samoa 174
Géorgie 114
Angletette 102
Argentine 99
Irlande 94
Tonga 56
Galles 54
Écosse 33
Portugal 27
Roumanie 22
Autres 129
TOTAL 2536

Un peu moins d'un quart des titularisations d'étrangers sont le fait de joueurs sud-africains.

Les deux tiers des titularisations d'étrangers sont issus de quatre nations : Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Fidji et Australie.

On notera la faible proportion d'Argentins, autrefois très nombreux dans notre championnat. Les probables effets de la participation d'une franchise argentine au Super 15 et de l'Argentine au Four Nations.

25 nations différentes sont représentées chez les titulaires du Top14 :

  • les cinq nations historiques de l'Europe, nos voisins italiens, suisses et de la péninsule ibérique, trois nations de l'Europe de l'Est (Roumanie, Géorgie, Tchéquie) et les Pays-Bas !
  • les quatre grandes nations de l'hémisphère sud plus les trois nations îliennes (Fidji, Samoa, Tonga) et l'Uruguay
  • les deux nations rugbystique nord-américaine : Canada et EU
  • 3 pays africains : Maroc, Côte d'Ivoire et Cameroun

Mais quels sont les clubs qui font jouer le plus d'étrangers selon la nationalité ?

Sud-Africains : Montpellier (121 titularisations), Brive (59) et Grenoble (57). A noter que toutes les équipes ont titularisé au moins 1 fois un Sud-Africain.

Néo-Zélandais : Grenoble (64), Racing et Pau (54), La Rochelle (44). Seul Brive n'a jamais titularisé un NZ.

Fidjiens : Pau (61), Brive (58) et La Rochelle (46). Seul Castres n'a jamais titularisé un Fidjien.

Australiens : Montpellier (60), Bordeaux (47), Stade Français et Toulon (40)

Samoans : Castres (53), Toulouse (40) et La Rochelle (20)

Anglais : Toulon (39), Clermont (29) et Toulouse (14)

Argentins : Racing (26), Pau (15) et Bordeaux et Castres (13)

Géorgiens : Toulon (34), Montpellier (19) et Toulouse et Agen (13)

Irlandais : Pau (39), Grenoble (25) et Oyonnax (19)

 

JOUEURS TITULAIRES UNE FOIS SUR DEUX AU MOINS (sur 23 journées)

ASM

16 titularisations : Gérondeau (FRA) et Rougerie (FRA)

15 titularisations : Lapandry (FRA)

14 titularisations : Strettle (ANG), Kodze (FRA)

13 titularisations :  Lee (SAM)


 

FCG

17 titularisations : Aplon (AFS), Grice (NZ)

16 titularisations : Hand (AUS), McLeod (NZ), Héguy (FRA)

15 titularisations : Wisniewski (FRA)

14 titularisations : Farell (IRL)

13 titularisations : Edwards (NZ), Dupont (FRA), Mignot (FRA), Setephano (NZ)


MHR

19 titularisations : Willemse (AFS)

16 titularisations : Fall (FRA), Nagusa (FID),

15 titularisations : Paillaugue (FRA)

14 titularisations : Liebenberg (AFS), Mogg (AUS)

13 titularisations : Lucas (AUS), O'Connor (FRA)


RCT

18 titularisations : Tuisova (FID)

17 titularisations : Armitage S. (ANG)

15 titularisations : Taofifenua (FRA)

14 titularisations : Armitage D. (ANG), Pélissié (FRA)

13 titularisations : Bastareaud (FRA), Mermoz (FRA)


CAB

20 titularisations : Germain (FRA)

18 titularisations : Hauman (AFS)

17 titularisations : Mignardi (FRA)

15 titularisations : Koyamaibole (FID)

14 titularisations : Masilevu (FID), Snyman (AFS)

13 titularisations : Iribaren (FRA), Petre (FRA), Pointud (FRA)


 SF

18 titularisations : Ross (AFS), Sinzelle (FRA)

17 titularisations :

16 titularisations : Camara (FRA), Pyle (AUS)

15 titularisations : Bonneval (FRA)

14 titularisations : Alo-Emile (AUS), Plisson (FRA), Sempéré (FRA)

13 titularisations : Doumayrou (FRA), Lakafia (FRA)


 ST

19 titularisations : Clerc (FRA)

16 titularisations : Bézy (FRA), Médard (FRA)

15 titularisations : Johnston (SAM)

14 titularisations : Camara (FRA), Fritz (FRA), Flood (ANG), Harinordoquy (FRA)

13 titularisations : Flynn (NZ)


 UBB

19 titularisations : Ledevedec (FRA)

18 titularisations : Rey (FRA)

17 titularisations : Connor (AUS)

16 titularisations : Madaule (FRA), Marais (AFS)

13 titularisations : Buttin (FRA), Gomez-Kodela (ARG), Serin (FRA)


 USO

14 titularisations : Tian (IVO), Sheridan (IRL)

13 titularisations : Codjo (FRA), Missoup (FRA), Metz (FRA), Robinson (GAL)


ASR

19 titularisations : Gourdon (FRA), Holmes (AUS)

18 titularisations : Eaton (NZ)

17 titularisations : Aguillon (FRA), Januarie (AFS)

16 titularisations : Botia (FID), Graham (NZ), Lacroix (FRA)

15 titularisations : Murimurivalu (FID)

14 titularisations : Amosa (SAM)

13 titularisations : Atonio (FRA), Sazy (FRA)


 CO

21 titularisations : Smith (SAM)

19 titularisations : Capo Ortega (URU), Palis (FRA)

16 titularisations : Lamerat (FRA), Tulou (SAM)

15 titularisations : Bias (FRA)

14 titularisations : Mach (FRA), Wihongi (NZ)

13 titularisations : Caballero (FRA), Kockott (AFS)


 RM92

18 titularisations : Van der Merwe F. (AFS)

15 titularisations : Claassen (FRA)

13 titularisations : Andreu (FRA), Chavancy (FRA), Machenaud (FRA), Nyanga (FRA)


SUA

20 titularisations : Demotte (FRA), Francis (AFS)

19 titularisations : Hamilton (GAL)

18 titularisations : Tisley (NZ)

16 titularisations : Mazars (FRA), Sadie (AFS)

15 titularisations : Balès (FRA), Lamoulie (FRA)

14 titularisations : Erbani (FRA), Tadjer (POR)

13 titularisations : Nnomo (FRA)


SP

19 titularisations : Pierre (FRA)

18 titularisations : Butler (IRL), Coughlan (IRL)

17 titularisations : Traille (FRA)

15 titularisations : Fumat (FRA), Ramsay (NZ), Ratuvou (FID), Vatubua (FID)

14 titularisations :

13 titularisations : Jacquot (FRA)

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29 décembre 2015

European rugby Champions Cup 2015/2016

Second opus de la nouvelle formule de la compétition reine du rugby européen de clubs ou de franchises.

La France a glané 7 clubs cette année, réduisant à 6 la participation des clubs anglais. Le renouvellement est très limité par rapport à la saison précédente : 4/7 pour les clubs français (+1 club), 5/6 pour les Anglais (-1 club) et les 7 mêmes franchises de la ligue celte. Les premiers de poule et les 3 meilleurs seconds iront en quart, avec réception pour les quatre meilleurs premiers. On retrouve donc 80% des clubs de l'opus précédent.

Poule 1 : ToulouseUlster, Saracens, Oyonnax

Poule 2 : Exeter, Bordeaux, ClermontOspreys

Poule 3 : Northampton, Glasgow, Racing Métro, Llanelli

Poule 4 : Munster, Leicester, Stade françaisTrévise

Poule 5 : Toulon, Leinster, Bath, Wasps

Pour rappel, les premiers de poule (classés de 1 à 5) et les 3 meilleurs seconds (classés de 5 à 8) iront en quart, avec réception pour les quatre meilleurs premiers. Pour les demi-finales, le tirage au sort n'a plus court pour déterminer la nation accueillante : il est remplacé par un tableau avec prime à la performance. Les quarts sont inchangés :

Q1 : 1-8 ; Q2 : 4-5 ; Q3 : 3-6 ; Q4 : 2-7

Les demis deviennent : D1 = vainqueur Q1 - vainqueur Q2 ; D2 = vainqueur Q3 - vainqueur Q4

Pour ne pas passer en revue tous les cas écrits dans le réglement, les critères pour recevoir en demi-finale sont par ordre d'importance :

  1. victoire à l'extérieur en quart de finale
  2. meilleur classement à l'issue de la phase de poule si le critère 1 ne départage pas

Notons que deux équipes sont assurées - en cas de victoire en quart - de jouer la demi à la maison sans connaître les autres résultats : celles classées 5 (le plus mauvais premier de poule) et 6 (le meilleur second).

Pour éclairer ce nouveau réglement, prenons le cas de la saison passée : les Saracens (n°8 de la phase de poule) ayant gagné au Racing (n°1) auraient reçu Clermont qui s'était "contenté" de vaincre à domicile en quart. Dans l'autre demi-finale, les deux adversaires ayant gagné leur quart à la maison, Toulon aurait reçu en demi car mieux placé (n°2) que le Leinster (n°4) à l'issue de la phase de poule.

L'historique statistique a volé en éclat la saison passée avec notamment les premières qualification de clubs (Bath et les Wasps) doublement défaits pour débuter, l'élimination d'un club démarrant par 4 victoires (Toulouse), et la qualification de meilleurs seconds avec moins de 19 pts (Wasps et Saracens). Au delà de ces exceptions à la règle, rappelons quand même le tableau des pourcentage de qualification en quarts au fil des points marqués après chaque journée.

% qualification / nb de pts au fil des journées
Pts J1 J2 J3 J4 J5 J6
0 12% 0% 0% 0% 0% 0%
1 25% 3% 0% 00% 0% 0%
2 67% 10% 0% 0% 0% 0%
3 00% 0% 00% 0% 0% 0%
4 41% 14% 00% 0% 0% 0%
5 61% 29% 7% 0% 0% 00%
6   54% 0% 00% 0% 00%
7   75% 13% 00% 00% 0%
8   59% 13% 0% 00% 00%
9   74% 39% 00% 0% 0%
10   100% 64% 9% 00% 0%
11     92% 23% 0% 0%
12     75% 40% 0% 0%
13     93% 69% 00% 0%
14     100% 72% 20% 0%
15     100% 85% 27% 0%
16       86% 64% 0%
17       100% 88% 14%
18       100% 74% 24%
19       100% 100% 56%
20       100% 100% 74%
21         100% 100%
22         100% 100%
23         100% 100%
24         100% 100%
25         100% 100%
26           100%
27           100%
28           100%
29           100%
30            


Pour cause de coupe  du monde, la phase de poule est plus resserrée dans le temps et démarre mi-novembre. Les attentats parisiens du 13 novembre ont perturbé la compétition avec plusieurs annulations de matchs lors de la première journée et l'annulation d'un match à Paris à la seconde. Ces matchs en retard seront rejoués les 8, 9 et 10 janvier 2016.

 

Journée 1 (13 au 15 novembre)

Les résultats présentent assez peu de surprises. C'est plus l'ampleur ou non de certains scores qui surprend :
- poule 1 : les Saracens (4 pts) ne laisse aucune chance à un stade toulousain (0 pt) décevant. Le second match est annulé : le premier match d'Oyonnax dans la grande coupe d'Europe est repoussé.
- poule 2 : les Ospreys (4 pts) disposent d'Exeter (0 pt). Le duel franco-français est annulé.
- poule 3 : Llanelli (1 pt) gratte un point de bonus défensif à  Northampton (4 pt). L'autre match est annulé.
- poule 4 : le Munster (5 pts) s'impose facilement face à Trévise (0 pt) qui risque encore de jouer les faire-valoirs. Le Stade français (0 pt) qui retrouve la grande coupe d'Europe après 6 ans d'abstinence, résiste mais finit par rompre à Leicester (5 pts), sa bête noire qui s'impose avec un bonus offensif qui pourrait faire la différence à la fin.
- poule 5 : la première surprise vient de Dublin où le Leinster (0 pt) est ridiculisé par les  Wasps (4 pts). L'autre rencontre est reportée.

Au vu des reports de match, un tableau des quarts fictifs n'aurait pas grand sens. J'afficherai le tableau après la mise à jour du calendrier.

 

Journée 2 (20 au 22 novembre)

Les résultats confirment la montée en puissance des clubs anglais qui font un 6/6.

- poule 1 : les Saracens (9 pts) s'imposent en force et avec le bonus offensif en Ulster (0 pt). Toulouse (4 pts) dispose difficilement d'Oyonnax (1 pt) qui marque son entrée dans la compétition en obtenant un point.
- poule 2 : les Ospreys (6 pts) s'inclinent avec le double bonus face à Clermont (5 pts) qui récolte aussi le bonus offensif. Exeter (5 pts) domine assez aisément Bordeaux (0 pt) qui n'avait plus joué la grande coupe d'Europe depuis 1999.
- poule 3 : le Racing92 (5 pts) enfonce Llanelli (1 pt) en gagnant en principauté galloise. Northampton (8 pts) ne s'en laisse pas compter et gagne à Glasgow (0 pt). Le duel franco-anglais est lancé.
- poule 4 : Leicester (10 pts) gagne sans forcer à Trévise (0 pt). L'autre match prévu à Paris est reporté.
- poule 5 : les Wasps (9 pts) confirment avec une victoire bonifiée face au triple champion en titre Toulon (0 pt) qui rate complètement son entrée dans la compétition avec un non match. Bath (4 pts) s'impose de justesse face au Leinster (1 pt) qui n'est pas guéri.

 

Journée 3 (11 au 13 décembre)

Cette journée confirme certaines tendances des 2 premières joutes même si deux surprises sont à signaler :

- poule 1 : Oyonnax (1 pt), en difficulté dans sa compétition domestique, ne fait pas le poids contre les Saracens (14 pts) qui font le plein. Toulouse (4 pts) s'effondre en Ulster (5 pts).
- poule 2 : les Ospreys (10 pts) laissent un point de bonus défensif à Bordeaux (1 pt) qui aurait pu espérer mieux. Clermont (5 pts) se tire une seconde balle dans le pied en laissant un bonus à son adversaire en fin de match et s'incline lamentablement à Exeter (10 pts)
- poule 3 : le Racing92 (10 pts) ne laisse aucune chance à un Northampton (8 pts) dépassé. Glasgow (5 pts) en fait de même avec Llanelli (1 pt).
- poule 4 : Le Stade français (5 pts) s'impose logiquement à Trévise (0 pt). Leicester (14 pts) gagne au Munster (5 pts), dont le stade a définitivement perdu son statut de citadelle.
- poule 5 : les Wasps (10 pts) se prennent les pieds dans le tapis face à Bath (8 pts) qui s'invite à la course à la qualification. Toulon (4 pts) se reprend difficilement face au Leinster (1 pt) qui est quasiment éliminé.



Journée 4 (18 au 20 décembre)

Dans cette doublette de matchs A/R, seules trois équipes ont pris leur revanche.

- poule 1 : les Saracens (19 pts) n'ont pas forcé leur talent contre Oyonnax (1 pt). Toulouse (5 pts) se fait surprendre à la maison par l'Ulster (9 pts) et n'est plus en course pour les quarts.
- poule 2 : comme à Clermont, les Ospreys (12 pts) prennent le double bonus à Bordeaux (6 pts) qui gagne cependant avec le bonus offensif. Clermont (10 pts) se reprend brillamment face à Exeter (10 pts). La poule reste très ouverte.
- poule 3 : le Racing92 (12 pts) obtient le nul à Northampton (10 pts) et prend une option sur la qualification. Attention cependant à Glasgow (9 pts) qui l'emporte de peu à Llanelli (2 pt).
- poule 4 : le Stade français (10 pts) fait à nouveau le plein contre un Trévise impuissant (0 pt). Leicester (18 pts) confirme à domicile face au Munster (5 pts), dont la confrontation avec le champion de France sera décisive.
- poule 5 : les Wasps (14 pts) se reprennent de belle manière à Bath (8 pts). Toulon (8 pts) s'arrache au Leinster (2 pt) qui n'avait jamais démarré aussi mal la compétition. De plus, le Leinster égale son plus mauvais résultat en poule : 4 défaites comme en 1998/1999 (sans les clubs anglais !) et il reste 2 matchs pour faire pire !

 

Matchs en retard (8 au 10 janvier)

En poule 1, l'Ulster (13 pts) s'impose sur le fil à Oyonnax (2 pts) qui avait pourtant écrasé la première période.

En poule 2, Clermont (14 pts) ne loupe pas le coche et prend une option sur la première place en l'emportant sans contestation à Bordeaux (6 pts), qui est quasiment éliminé.

En poule 3, le Racing (17 pts) obtient le bonus offensif sur le gong face aux valeureux mais trop faibles joueurs de Glasgow (9 pts). La voie des quarts est grande ouverte pour les Franciliens qui pourront valider leur ticket avec une victoire la semaine prochaine.

En poule 4, le Stade français (14 pts) dispose d'un Munster (5 pts) assez stérile et éliminé de la course aux quarts. Le SF devra vaincre en Irlande pour contester la première place à Leicester lors d'une finale de poule. Dans le cas contraire, une place de meilleur second est loin d'être assuré.

En poule 5, Toulon (12 pts) obtient dans la douleur l'essentiel, à savoir la victoire face à Bath (9 pts), quasi-éliminé. Les Toulonnais ne rassurent pas mais depuis leur défaite inaugurale face aux Wasps, ils alignent leur troisième victoire et restent en course pour les quarts. Plus que (ou encore) deux victoires et ce sera dans la poche. Mais, à jouer avec le feu, on finit par se brûler et la réception des Wasps, bien plus à l'aise à l'extérieur, sera un juge de vérité. Nul doute que le Toulon actuel sera bien plus prenable que le Toulon du printemps pour ceux qui ne voudraient pas voir un quadruplé des Varois.

Avec ces matchs en retard nous voilà aux 2/3 de la compétition et des tendances plus ou moins lourdes se dessinent.

Tout d'abord, le regain de forme des clubs anglais, entrevu la saison dernière (4 clubs en quarts) mais "pénalisé" par des quarts à l'extérieur. Les clubs anglais se rebiffent, poussés par une coupe du monde ratée de l'équipe nationale. A l'opposé, les franchises irlandaises déçoivent et on pourrait retrouver des quarts sans Irlandais, ce qui serait une première depuis 1998, voire même sans Celtes, ce qui serait une première tout court.

En poules 1, 3 et 4, on ne voit pas qui empêchera(it) les Saracens, le Racing et Leicester de finir en tête, même si l'Ulster et le Stade français ont encore une petite chance de les coiffer au poteau. Au pire, les deux clubs anglais sont déjà assurés d'être dans les meilleurs seconds, surtout Leicester qui recevra Trévise. D'autant que les statistiques indiquent qu'avec 17 pts après 4 journées, on voit toujours les quarts.

La poule 2, que l'on voyait promise à Clermont en début de saison, reste encore bien indécise mais le match en retard de Clermont gagné à l'extérieur donne un certain avantage aux Jaunards. Le double "double bonus" des Ospreys pourrait être précieux pour la seconde place mais sans victoire à l'extérieur, les Gallois comme Exeter seront éliminés.

Enfin, la poule 5 ou poule de mort ne tient pas toutes ses promesses, au moins en termes de jeu. Eliminé, le Leinster jouera pour l'honneur de ne pas finir sans victoire et c'est Bath qui pourrait en souffrir le plus avec son déplacement à Dublin. Les Wasps ont pris une bonne avance mais reste sous la menace de Toulon qui a encore son destin en main.

Dernier point : où seront les meilleurs seconds ?

En poule 1, l'Ulster est dans les clous pour 18 ou 19 pts.

En poule 2, le 2nd (s'il n'est pas Clermont) devra gagner un match à l'extérieur pour garder espoir. Dans le cas inverse, peu probable qu'un meilleur second sorte de la poule.

En poule 3, Northampton devra aller gagner à Llanelli pour s'assurer une 2è place qualificative en espérant que Glasgow ne joue pas les trouble-fêtes.

En poule 4, les 10 pts gagnés contre Trévise sont une bonne assurance d'être un second qualifiable. Cela passe cependant par un sans-faute à domicile pour le Stade français mais 18 pts pourraient être insuffisants.

La poule 5 est celle qui a vu le moins de bonus distribués : 5 (comme en poule 4 ; mais 6 en poule 3 ; 7 en poule 1 ; 10 en poule 2). Il est donc probable que cette poule ne laisse sortir que le premier, même si un 2nd à 20 pts reste possible.

Au final, on voit que sauf accident, il faudra 18 et même plutôt 19 pts pour être dans les meilleurs seconds.

Journée 5 (15 au 19 janvier)

Que des victoires à domicile pour cette journée, ce qui est assez rare pour être souligné.

- poule 1 : les Saracens (24 pts) prennent un nouveau bonus face à l'Ulster (13 pt). Sans surprise, les Saracens sont qualifiés pour un quart à domicile. Oyonnax (7 pts) remporte de belle manière son premier match de la grande coupe d'Europe face à un Toulouse décevant (5 pts).
- poule 2 : les Ospreys (16 pts) gagnent et prennent la tête de la poule sans rien laisser à Clermont (14 pts) qui voit pour la troisième fois un match lui filer dans les 20 dernières minutes. Bordeaux (11 pts) se reprend avec le bonus offensif face à Exeter (11 pts) qui glane le bonus défensif. La dernière journée sera décisive et il est probable que le premier de cette poule jouera son quart à l'extérieur.
- poule 3 : le Racing92 (22 pts) en confiance atomise Llanelli (2 pt) et se qualifie pour un quart à la maison. Northampton (14 pts) gagne de justesse et élimine Glasgow (10 pt).
- poule 4 : Profitant de la défaite du Stade français (14 pts) au Munster (10 pts), Leicester (23 pts) se qualifie pour un quart à la maison en enfonçant Trévise (0 pt).
- poule 5 : Bath (9 pts) laisse passer sa dernière chance au Leinster (6 pts) qui gagne son premier match. Toulon (16 pts) s'en sort encore miraculeusement face aux Wasps (15 pts) qui glane quand même un bonus défensif qui pourrait avoir son importance au final. Toulon prend la tête de la poule et devra gagner à Bath pour voir un quart, sans garantie qu'il se déroule à Mayol.

Après cette 5è journée, on connaît 3 qualifiés pour les quarts : Leicester, les Saracens et le Racing, assurés de jouer à la maison et donc certains de ne pas s'affronter à ce stade de la compétition.

Il faudra attendre la semaine prochaine pour connaître les 5 autres qualifiés parmi les 10 équipes encore en course mathématiquement. En poule 1, l'Ulster peut prétendre à 18 pts avec une dernière victoire bonussée, sans faire injure aux Oyomen qui ont déjà rempli leur contrat. En poule 2, toutes les équipes peuvent mathématiquement finir en tête et le second aura entre 16 et 19 pts. En poule 3, Northampton devra l'emporter à Llanelli pour avoir 18 pts. En poule 4, le stade français visera la victoire soit 18 pts qui suffiront vu la différence de points favorable (+53 contre +7 à l'Ulster et -11 à Northampton). En poule 5, les deux équipes de tête doivent l'emporter pour voir les quarts même si sur le papier, 16 pts peuvent donner une place de meilleur second en fonction des résultats des autres poules (par exemple défaite du stade français et de Northampton).

A ce stade de la compétition, les quarts verraient 4 clubs français, 3 anglais et un gallois, avec les oppositions suivantes :

Saracens     Clermont
Leicester     Stade Français
Racing 92     Wasps
Ospreys     Toulon

Les clubs français ne peuvent pas faire mieux que 4 mais peuvent tomber à 1 seul qualifié dans le pire des cas (défaite des 3 clubs en ballotage). Les clubs anglais peuvent monter à 5 dans le meilleur des cas. Dans un concours de circonstance très favorable, les celtes peuvent aussi aligner 4 équipes en quart.

Le plus probable devrait laisser un seul représentant celte (l'Ulster plutôt que les Ospreys), Anglais et Français se partageront les 7 autres places, les clubs anglais déjà qualifiés ou éliminés jouant aux arbitres.

 

Journée 6 (22 au 24 janvier)

Rappel des règles. Pour départager les équipes d'une même poule, ce sont évidemment les points "poule" totaux qui sont pris en compte, puis en cas d'égalité, les affrontements directs avec les points "poule", la différence de points "terrain" et enfin la différence d'essais marqués. S'il y a toujours égalité, on départage les équipes avec les mêmes paramètres que ceux des équipes de poules différentes (cf. ci-dessous).

Pour le classement des 5 premiers de poule (classés de 1 à 5), puis des 3 meilleurs seconds (classés de 6 à 8), on se base sur les points "poule" totaux, puis la différence entre point marqués et encaissés sur les 6 matchs de poule, puis les essais marqués en poule.

Pour illustrer, deux exemples dans deux poules :

  • s'il y a égalité entre Toulon et les Wasps, les Wasps seront devant car dans leurs affrontements, Les Wasps ont marqué 6 pts contre 4 à Toulon.
  • entre Clermont et Exeter, le premier paramètre ne les départage pas puisqu'ils ont pris 5 pts (une victoire bonifiée) à domicile sans en laisser à leur adversaire direct. Mais aux points terrains (ou scores des matchs), Clermont gagne 56-41 (14-31 à l'aller et 42-10 au retour). Donc Clermont serait devant Exeter.

Cette dernière journée de poule a vu certaines logiques être respectées, notamment les défaites des équipes n'ayant plus rien à jouer. Mais elle a aussi vu un final ahurissant en poule 2. Dans l'ordre des matchs :

- poule 1 (samedi 14h) : les Saracens (28 pts) font un sans-faute avec une sixième victoire acquise à Toulouse (5 pts) qui aura fait sa pire campagne européenne : 1 seule victoire, 5 pts et la dernière place de la poule. Si ce n'est la saison 2000/2001 (déjà avec les Saracens et l'Ulster) avec une 3è place, le stade toulousain avait toujours fini dans les deux premiers de sa poule. Dans l'autre rencontre, l'Ulster (18 pt) avait besoin du bonus offensif et ne fait qu'une bouchée d'Oyonnax (7 pts) qui aura fait une campagne très honorable. L'Ulster reste dépendant des autres poules pour une place de meilleur second.

- poule 5 (samedi 16h) : Les Wasps (20 pts) glanent la première place du groupe en écrasant le Leinster (6 pts) qui, comme Toulouse, réalise sa pire campagne européenne : dernière place comme en 1998/1999 mais 1 seule victoire (2 à l'époque). Toulon (20 pts) met la dernière touche à son quinté en s'imposant à Bath (10 pts). Toulon sera le meilleur second. Ces victoires au forceps montrent la force mentale de cette équipe. La passe de 4 titres, si improbable après la raclée subie à Coventry, est toujours faisable. 

- poule 3 (samedi 18h) : le Racing92 (22 pts) a fait du tourisme à Glasgow (14 pt), ce qui lui vaudra de jouer une éventuelle demi-finale à l'extérieur. Northampton (19 pts) fait le travail en ramenant le bonus offensif de Llanelli (2 pts) qui a le même bilan que Trévise avec 6 défaites. Dans la course des meilleurs seconds, Northampton se place devant l'Ulster dont les chances de qualification s'amenuisent.

- poule 4 (dimanche 14h) : Le Munster (15 pts) ramène le stric minimum de Trévise qui finit fanny. C'est la 11è fois consécutive que les Italiens terminent dernier de leur poule. Le Stade français (19 pts) n'a pas raté son rendez-vous face à Leicester (23 pts). Avec une meilleure différence de points que Northampton (+68 contre +1), le stade français a l'assurance de faire partie des 3 meilleurs seconds. A l'inverse, l'Ulster est éliminée.

- poule 2 (dimanche 16h) : l'avantage de jouer en dernier, c'est que l'on sait l'évantail des possibles et ce qu'il reste à faire pour aller plus loin. Mathématiquement, les 4 équipes peuvent finir première de poule. Et seule une victoire des Ospreys et une victoire bonifiée de Clermont offriraient un double sésame pour les quarts dans cette poule. Ajoutons que ces deux équipes ont leur destin entre leurs mains : une victoire qualifie les Ospreys en tant que premier de poule et une victoire bonifiée donne à Clermont au pire une place de meilleur second au nez et à la barbe de Northampton. Tout autre scénario ne donnerait le précieux sésame qu'au premier de la poule. Les différents cas d'égalité à 2, 3 ou 4 équipes à 16 pts pour la première place de la poule sont à traiter un par un (en gras, le qualifié) : Exeter - Ospreys (5-4) / Ospreys - Clermont (6-5) / Bordeaux - Ospreys (6-6 / +4) / Clermont - Ospreys - Exeter (10 pts chacun ; meilleure différence pour l'ASM) / Exeter - Bordeaux - Ospreys (11-11-10 mais meilleure différence pour Exeter) / Ospreys - Bordeaux - Clermont (12-11-10). Sachant que sur le papier, une égalité à 4 à 16 pts semble (encore ?) plus farfelue, et sauf carton d'Exeter, est favorable à Clermont qui partait avec la meilleur différence de points (+30 contre +12 aux Ospreys, -19 à Exeter et -23 à Bordeaux). Et pourtant ce scénario a bien failli se produire et aurait même dû se produire sans le manque de lucidité du n°9 (Morgan Parra) et du staff auvergnats à la dernière minute du match face à Bordeaux.

A la mi-temps, Exeter laissait le bonus défensif aux Ospreys et Bordeaux menait de peu à Clermont. Le classement était alors le suivant : Ospreys 17 pts - Clermont, Exeter, Bordeaux 15 pts
A la 50è minute, statu-quo.
A la 60è, Clermont 18 pts - Ospreys 16 pts - Exeter 15 pts - Bordeaux 12 pts
A la 65è, Clermont 19 pts (bonus offensif validé) - Exeter (bonus offensif validé), Ospreys 16 pts - Bordeaux 11 pts
A la 70è, Clermont 19 pts (bo) - Exeter (bo), Ospreys 16 pts - Bordeaux (bd) 12 pts
A la 75è, Clermont (double bonus), Exeter (bo), Ospreys, Bordeaux (bo) 16 pts => le cas improbable a bien lieu !
A la 78è, Exeter (bo), Ospreys, Bordeaux (bo) 16 pts - Clermont (bo) 15 pts. Clermont vient de perdre le bonus défensif alors que les Ospreys doivent scorer une fois pour l'obtenir et avoir les 17 pts de la 1ère place.
A la 79è minute, Exeter a marqué un 5è essai, écartant la menace du bonus défensif synonyme de première place des Gallois. Clermont, mené de 8 pts, a une pénalité à 25 m face aux perches qui lui redonnerait le double bonus qualificatif. Mais la pénalité est jouée stupidement et inutilement à la main. Les scores n'évolueront plus. Exeter profite d'une égalité à trois à 16 pts avec Bordeaux et les Ospreys pour se qualifier sur le fil comme premier de la poule.

Cette poule apporte son lot de premières fois : 16 pts soit le plus petit nombre pour un premier de poule (Toulon avec 17 pts en 2010/2011 avait le précédent record) ; première qualification d'un club avec seulement 3 victoires ; première fois que les 4 équipes d'une poule terminent avec 3 victoires ; et pour Exeter, première équipe avec 11 pts à l'issue de la 5è journée qui se qualifie.

Enfin l'Angleterre est la première nation à placer 5 équipes en 1/4 de finale : les Anglais avaient déjà qualifié 4 clubs en 1998 et 2015, les Français par 3 fois (1999 en l'absence des clubs anglais, 2010 et 2011).

Le tableau des quarts

Le tableau des quarts est le suivant :

Saracens     Northampton
Wasps     Exeter
Racing 92     Toulon
Leicester     Stade Français

Les clubs anglais ont écrasé la phase de poule et seront 5 en quarts de finale sur les 6 au départ de la compétition. A l'inverse, l'absence de franchise celte dans le tableau final est du jamais vu. Si l'absence des gallois (4è saison sans 1/4 de finaliste) et encore plus des Écossais (2 qualification seulement) est régulière, celle des Irlandais ne s'était présentée que deux saisons : en 1997/1998 et 1998/1999.

Le tableau final ci-dessus, assure déjà une place de finaliste à un club anglais et une place en demi à un club français. Il n'y aura qu'un affrontement entre clubs de nations différentes en quart et ce sera une belle : Leicester et le Stade Français, opposés en poule, se retrouveront en Angleterre. On n'avait plus vu de belle depuis 2009-2010 (Munster-Northampton). C'est la sixième fois que cela se produit et l'équipe qui reçoit a gagné 4 fois sur 5. Ce sera le 17è quart franco-anglais : 12 qualifications des Français. Et la revanche du quart de 2007 qui avait vu Leicester l'emporter de justesse.

Les Saracens enchaînent leur 5è quart à la file et Toulon leur 4è. Trois autres équipes étaient en quart la saison dernière : le Racing (2è quart), les Wasps (6è) et Northampton (8è). Trois nouvelles équipes font donc leur apparition dans le tableau final : Exeter pour sa première participation, le Stade français (9è) pour son retour dans la compétition reine et Leicester pour sa 13è apparition à ce niveau.

Hormis Leicester - Stade Français déjà vu à ce niveau de la compétition en 2007 et en finale en 2001, les trois autres affichent sont inédites dans l'histoire des phases finales de la coupe d'Europe.

Les quarts (9 et 10 avril)

Ce n'était plus arrivé depuis la saison 2009/2010 : les quatre meilleures équipes à l'issue de la phase de poule et qui recevaient donc en quart de finale, se qualifient pour les demi-finales. On retrouvera donc 3 clubs anglais (comme en 2006/2007) et un club français. Dans le détail :

Wasps - Exeter (25-24) : à l'heure de jeu, Exeter pensait tenir sa qualification (24-11) mais deux essais transformés des guêpes dont un sur le gong (79'56"), sonnaient le glas des espoirs du 2nd du championnat anglais.

Saracens - Northampton (29-20) : une victoire difficile à se dessiner pour les Londoniens menés 9-13 à l'heure de jeu. Mais en un peu plus d'un quart d'heure, ils ont fait la différence.

Leicester - Stade français (41-13) : match à sens unique où les Parisiens ont tenu jusqu'à la 30è minute (6-10) avant de sombrer en encaissant 5 essais. Leicester a été impressionnant d'opportunisme. Mais une large victoire en quart ne fait pas un champion (cf. Clermont et Munster ces 3 dernières saisons).

Racing92 - Toulon (19-16) : le match le plus serré des quarts, comme on s'y attendait, avec un engagement physique énorme qui a fait beaucoup de dégâts des deux côtés (Giteau, Ollivon, Guirado, Carter, Dumoulin, Szarzewski). Si on excepte le 10-0 infligé en quelques minutes à Toulon, rapidement revenu à 7-10, l'écart entre les deux équipes n'a jamais dépassé 3 pts. Après avoir manqué une première balle de match à la 75è mn, le Racing a converti sa deuxième à la 79è. La série de 9 victoires en phase finale s'arrête pour Toulon qui ne rejoindra pas (encore ?) le stade toulousain et ses 4 étoiles.

 

Les demies (23 & 24 avril)

 

Saracens     Wasps
Leicester     Racing 92

 

1ère demi pour le Racing, 3è pour les Wasps (qui sont allés au bout à chaque fois qu'ils ont atteint ce stade), 5è pour les Saracens (pour 1 seule victoire) et 7è pour Leicester.

3è demi 100% anglaise après Leicester - Glouceter en 2001 et Northampton - Wasps en 2007. Ce sera la 10è demi franco-anglaise avec la possibilité pour Leicester de mettre les deux nations à 5 victoires partout.

Saracens - Wasps (24-17) : derby londonien. Au vu des quarts et du costume de favori des Saracens, l'affiche semblait déséquilibré. C'était oublié que le match opposait le 1er au 3è du championnat anglais (l'équivalent d'un Clermont-Toulon chez nous), que les Wasps ont laminé les Saracens 64-23 à l'extérieur (certes lors d'un doublon pendant le tournoi des 6 nations) et que leur 14 derniers matchs (11 de championnat et 3 de coupe d'Europe) se sont soldés par 12 victoires. Au final, le déséquilibre sur le papier s'est bien fait ressentir au cours du match. Même si les guêpes ont piqué les premières (essai après 80 secondes), les Saracens ont pris l'ascendant petit à petit, menant 8-7 à la mi-temps puis prenant petit à petit le large au fil des pénalités de Farrell, avant qu'un essai de pénalité après la 70è ne scèlle le match.

Leicester - Racing 92 (16-19) : on se demandait si l'éclatante victoire de Leicester venait de la faiblesse du Stade français ou était plus intrinsèque à l'équipe anglaise. Le Racing a apporté une réponse pleine d'opportunité et maîtrise à cette question. Prenant le match par le bon bout et contenant ensuite le retour d'Anglais très maladroits et peu inspirés, les Franciliens accèdent à leur première finale.

La finale (14 mai à Lyon)

 

Saracens     Racing 92

Lyon première ! Pour fêter le nouveau stade des Lumières, le rugby s'invite dans la capitale des Gônes. C'est la première fois que la finale de la coupe d'Europe ne se joue pas dans une capitale des nations engagées (Dublin, Londres, Paris, Cardiff ou Edimbourg).

Vingt-et-unième finale et la 6è finale franco-anglaise avec pour l'instant 3 victoires anglaises (Bath, Leicester et les Wasps) contre deux françaises (Brive et Toulon).

La finale est inédite et le vainqueur le sera aussi. Les Saracens sont dans la même position que Northampton en 2011 et Clermont en 2013 avec pour objectif d'être la première équipe à remporter tous les matchs de la compétition (Le Leinster en 2012 était resté invaincu mais un nul chanceux à Montpellier leur avait fait raté les 9 victoires).

10 décembre 2015

élections régionales de 1992 à 2015 : évolution du FN et réserves de voix au 2nd tour

"Le choc", "la déferlante", "le FN aux portes du pouvoir" : voilà quelques titres de la presse après les résultats - pourtant attendus - du premier tour des régionales 2015.

Le second tour a vu le FN confirmer presque partout sa poussée du 1er tour sans réussir à décrocher une région. Bien qu'ayant senti le vent du boulet, le petit monde de la politique et des gens bien pensants est soulagé mais continue (malheureusement de mon point de vue) à sous-estimer cette remontée du FN, trouvant moult arguments falacieux pur laisser croire que non grand jamais, le FN n'arrivera au pouvoir. Ce qui est déjà une absurdité puisque le FN est à la tête de plusieurs municipalités et de quelques cantons, ce que les municipales de 2020 ont confirmé avec Perpignan comme point d'orgue. Rappelons aussi que les scrutins à deux tours, loin d'être la règle en Europe, favorisent ce vilain "jeu" consistant à (se) faire peur au 1er et à rectifier le tir au second en se mobilisant notoirement plus. Avec parfois quelques surprises de taille, la plus remarquable étant l'élimination de Jospin au 1er tour de la présidentielle de 2002 alors qu'il avait élection (quasi) gagnée en passant au second tour. J'ajoute qu'à l'heure de la liberté d'expression remise en avant par la presse, ce scrution à 2 tours est plutôt un scrutin qui enferme à double tour les petits partis qui se retrouvent sans représentant dans les assemblées territoriales. Même si le raccourci est (trop) facile et biaisé (une partie de l'électorat aurait voté différemment), un scrution à 1 tour sur la base des résultats du 1er tour aurait donné 6 régions (sur 13) au FN dans le nouveau découpage et 12 dans l'ancien !

Ce qui m'énerve le plus dans les discours des bien pensants, c'est cette faculté à minimiser la poussée du FN et à trouver l'exemple qui va bien pour appuyer le raisonnement. L'expression "plafond de verre", dit, redit et re-redit en est la meilleure illustration. Le FN aurait (soit-disant) une limite haute de voix qu'il ne pourrait pas dépasser, ce qui le rendrait incapable de remporter une élection. Ce raisonnement est très contestable et au regard des élections passés, il l'est encore plus. D'une part,la mobilisation est toujours (ou presque) plus importante au deuxième tour d'une élection. D'autre part, on utilise des artéfacts :

  • le premier parti de France, ce sont les absentionnistes. Ben non car en s'abstenant, on n'exprime rien et tout à la fois. Rappelons que s'il n'y a qu'une seule voix exprimée, cette voix suffira à élire le candidat porteur de cette voix.
  • dans la même veine, on présente le pourcentage de voix du FN rapporté au nombre d'inscrits sur les listes électorales, qui est de fait divisé par 2 avec 50% d'abstention. 15 ou 20% font toujours un meilleure effet que 30 ou 40%. Là encore, foutaise. Ce sont bien les voix exprimées qui comptent dans une élection.
  • comparaison avec d'autres scrutins pour montrer que le FN a déjà fait mieux en nombre d'électeurs (présidentielles de 2012 ou 2002). On oublie au passage que des scrutins différents ne mobilisent pas de la même manière les électeurs.

Je vais donc passer en revue région par région les résultats de 2015 et les comparer avec les élections régionales antérieures en remontant jusqu'en 1998 (élection régionale la plus ancienne dont le ministère de l'Intérieur diffuse les résultats), voire 1992 pour quelques régions dont les résultats sont sur le web. Pour le premier scrutin de 1986 (?), on repassera.

1992 et 1998 étaient des scrutins à 1 tour. C'est en 2004 qu'est apparu le scrutin à 2 tours.


 

ÎLE DE FRANCE



En 2010, Valérie Pécresse arrivait en tête avec 2,5 pts d'avance sur le socialiste Jean-Paul Huchon et président sortant de la région. Avec l'énorme score des vert (17%) et un bon score du front de gauche (6%), la gauche avait toutes les cartes en main pour l'emporter. Et ce n'est pas l'absence du FN au 2nd tour (9,3% au 1er) qui allait changer les choses. Les forces de droite (en y incluant les extrêmes) ne recueillaient pas plus de suffrages qu'au premier tour, malgré une mobilisation supérieure de 5%, et s'inclinait de 13 points.

En 2015, avec près de 9% de votes exprimés en plus par rapport au 1er tour de 2010, trois tendances se dégagent : l'effondrement des verts (la moitié des voix en moins), le doublement du score du FN (18%) et la montée en puissance de la droite (+20%). Le second tour confirme cette tendance et comme en 2004, le FN reflue au 2nd tour (-11%, seule région dans ce cas), laissant la voie libre à la droite pour emporter la région.


GRAND-EST

En 2010, la gauche fait la course en tête, soutenue par les verts. L'extrême droite profite d'une hausse de près de 50% des voix entre les deux tours.

En 2015, baisse de 30% des voix pour les vainqueurs de 2010, stabilisation de la droite au 1er tour à quelques voix près et une extrême droite qui multiplie quasiment par 3 ses voix. Malgré une trinagulaire à priori favorable, l'extrême droite est battue par un sursaut (républicain) des électeurs qui sont 400 000 de plus à mettre un bulletin exprimé dans les urnes. Si l'extrême droite augmente de 23% son score du premier tour, la droite double son score, portée par des voix de gauche, et emporte la région.

Dans le détail, la droite l'emporte dans les 3 anciennes régions, de manière plus forte en Alsace. L'extrême droite est la plus proche de la tête en Champagne-Ardennes :

ALSACE


LORRAINE

CHAMPAGNE-ARDENNE


 

HAUTS-DE-FRANCE

 

En 2010, les deux régions n'étaient pas fusionnées mais le candidat FN s'était maintenu avec 18% dans le Nord et 16% en Picardie. Avec une extrême gauche très forte surtout dans le Nord, les socialistes n'avaient pas eu de difficultés à remporter les deux régions, bien aidé dans le Nord par un écart déjà fait sur la droite à l'issue du 1er tour. 52% des voix dans le Nord (2 fois plus que la droite) et 48% en Picardie (+16 pts par rapport à la droite).

Mais le fait le plus marquant entre les deux tours fut la forte augmentation de voix du FN : 34% de plus dans le Nord (Marine Le Pen déjà tête de liste) et 21% en Picardie.

En 2015, le 1er tour a vu une hausse de 25% des voix exprimées par rapport à 2010, ce qui est un record. La gauche, y compris ses extrêmes a littéralement sombré (-30%), et les verts ont pris une sérieuse déculoté (-40%) alors que la région fut une pionnière avec une présidente verte en 1992. La droite hors extrême reste autour de 30%. Et le FN double son score d'il y a 5 ans avec 40% des voix.

La triangulaire qui aurait assuré la victoire du FN n'a pas eu lieu puisque le candidat de la gauche s'est désisté pour le 2nd tour. Le reveil des électeurs et un report important des voix de la gauche permettent à Xavier Bertrand de remporter la région assez largement, et malgré une hausse de 12% des voix du FN au 2nd tour.

PICARDIE

 

Le front national dépasse les 10% de suffrage depuis le début des années 1990. En 2004, le 2nd tour voit une forte baisse du FN : 11% de voix en moins quand les voix exprimées grimpent de 9%. C'est une toute autre musique en 2010 avec 37% de hausse du FN entre les deux tours avec des voix exprimées en hausse de 12%. La situation est similaire en 2015 dans des proportions moindres : +13% pour le FN contre +7% des voix exprimées. Le FN possède des réserves de voix.

NORD-PAS-DE-CALAIS

 

 


 

 

NORMANDIE

Très forte augmentation des votants (18%) et des voix exprimées (+19%) entre les deux tours en 2015, soit deux fois plus qu'en 2010. Le FN qui avait régressé au 2nd tour en 2010, progresse en 2015 de la même manière que les votants (18%). Sur la base d'une somme théorique de toutes les voix de gauche, la gauche unie ne progresse que de 9% entre les deux tours. La liste de droite, menée par le centriste Hervé Morin, progresse de 35% et l'emporte d'une courte tête (moins de 5 000 voix) face à la gauche, grâce à un bien meilleur score en basse Normandie. 

BASSE NORMANDIE

HAUTE NORMANDIE

 


BRETAGNE


 

Un FN bien présent dès 1998.

Il ne passe pas le premier tour en 2004, échouant à 8,5% des voix exprimées, soit sous la barre des 10% permettant d'accéder au 2nd tour.

Même topo en 2010 avec un reflux à 6% des voix exprimées au 1er tour lors du scrutin où l'abstention fut la plus forte. Le PS porté par Le Drian (37% des voix au 1er tour), n'avait eu aucun mal à remporter l'élection, se permettant même de dépasser d'un poil la majorité absolue (50,3% des voix). Les Verts s'étaient maintenus au second tour avec une liste autonome.

En 2015, avec 8,5% de participation en plus au 1er tour par rapport à 2010, le tableau n'est plus le même sauf pour le PS, qui se maintient, porté par le ministre de la Défense. Notons au passage que le non-cumul des mandats pour un ministre valait bien une exception pour conserver la Bretagne à gauche. Les Verts, qui avait enquiquiné la gauche en 2010, n'atteignent pas les 10% et sont ignorés par les socialistes pour une éventuelle liste commune au  2nd tour. La droite, livrée à elle-même, n'avance pas non plus. Le front national perce avec 3 fois plus de voix que 5 ans plus tôt. Le 2è tour est une formalité pour la gauche qui obtient la majorité absolue, pas gagnée sur le papier. Le FN progresse de 13% au 2nd tour.


PAYS DE LA LOIRE

 

Pas de front national au second tour de 2004 et 2010 car les 10% n'ont pas été atteint au 1er.

En 2010, la gauche était en tête au premier tour sans même l'aide des Verts avec 1,5 pt d'avance sur la liste de la majorité de l'époque. Unie aux autres force de gauche, les socialistes emportent le 2nd tour avec 13 pt davance sur la droite qui profite de l'absence du FN au 2nd tour.

En 2015, le 1er tour a vu une hausse de 8% des voix exprimées par rapport à 2010. Le PS s'effondre et les écologistes encore plus, peut-être à cause du projet Notre Dame des Landes. La droite en profite pour se positionner en tête et le FN multiplie par presque 3,5 son score de 2010. Au 2è tour, la droite accentue son avance, avec des réserves de voix importantes. Le FN ne progresse que de 6%.


CENTRE VAL de LOIRE

 

En 2010, le parti de la majorité présidentielle portée par Hervé Novelli finissait en tête au 1er tour, avec à peine 1 pt devant la gauche pilotée par François Bonneau. Cette arrivée en tête était l'arbre qui cache la forêt pour la droite, d'autant que lecandidat FN passait la barrière du 1er tour avec 11% des voix.

Avec suffisamment de réserves, la gauche emportait la région avec 50% des suffrages.

En 2015, la musique n'est plus la même. Le candidat frontiste reste le même mais multiplie par trois ses voix et arrive en tête du 1er tour. La droite a un poil régressé, la gauche un peu plus et les écologistes s'effondrent. Malgré tout et dans une triangulaire serrée, les forces de gauche unies possèdent une avance qui s'avère suffisante pour conserver la région. Le FN progresse de 17% au 2nd tour.


BOURGOGNE - FRANCHE-COMTÉ

En 2010, les deux régions n'étaient pas fusionnées mais le candidat FN s'était maintenu avec 12% en Bourgogne et 13% en Franche-Comté. Par le jeu des triangulaires, la gauche l'avait emporté, un peu plus difficilement en Franche-Comté (47% et 9 pts d'avance sur la droite) qu'en Bourgogne où elle avait obtenu la majorité absolue (53%) avec 20 pts d'avance sur la liste de droite. Dans les deux régions, le FN était monté à 14% au 2nd tour avec 30% de voix en plus en Bourgogne contre 3% en plus en FC (sur la base d'un report intégral des voix d'un autre candidat de l'extrême droite au 1er tour).

En 2015, avec 5% de voix exprimées en plus au 1er tour par rapport à 2010, le rapport de force s'est totalement équilibré. La gauche, y compris ses extrêmes a sombré, entraînant dans sa chute les verts (35% des voix au cumul). La droite hors extrême se maintient (33%). Et le FN explose son score (31%) avec près de trois fois plus de voix qu'il y a 5 ans.

Le second tour de 2015 voit une augmentation de 21% de la mobilisation et de l'expression des électeurs. Malgré une progression de 24%, le FN termine à la 3è place mais à seulement 6 000 voix de la droite, elle même battue de 20 000 voix par une gauche miraculée. A noter que c'est la droite qui termine en tête en Bourgogne mais elle est devancée par le FN en Franche-Comté.

BOURGOGNE

Le front national bien implanté dans la région avec 15% des voix en 1998 et 2004, a reflué en 2010. En 2004, le 2nd tour voit une très faible progression du FN avec 3 000 voix de plus mais une baisse de l'extrême droite cumulée. Avec une hausse de 5,4% des voix exprimées entre les deux tours, le FN marque donc le pas. Il en va tout autrement en 2010, où le FN gagne 29% quand les voix exprimées n'augmentent que de 12%. Rebelotte en 2015 avec 26% de hausse du FN entre les deux tours pour 21% de voix exprimées en plus.

FRANCHE-COMTÉ


 

Le front national bien implanté dans la région avec près de 20% des voix en 1998 et 2004, a reflué en 2010. En 2004, le 2nd tour voit une stabilisation du FN. Avec une hausse de 10% des voix exprimées entre les deux tours, le FN marque donc le pas. Il en va tout autrement en 2010, où le FN gagne 23% quand les voix exprimées n'augmentent que de 13%. Situation inverse en 2015 avec 22% de hausse du FN entre les deux tours pour 26% de voix exprimées en plus : réveil républicain des Francs-comtois ? Néanmoins, le FN devient la 2è force politique dans la région.


AUVERGNE - RHÔNE ALPES

En 2010, les forces de gauche sont très largement en tête avec un appui très fort des verts.

En 2015, un bon x2 pour le FN par rapport à 2010 mais seulement 4% de plus au 2nd tour, une droite qui s'affirme, une gauche en progression en suffrages exprimés (seule région avec la Bretagne dans ce cas) mais des écolos et l'extrême gauche qui dérouillent. Droite et gauche sont au coude à coude mais en considérant un report très favorable mais loin d'être acquis de l'extrême gauche sur les socialistes. La droite est en position de force pour emporter la région, ce qu'elle fait à la faveur de plus d'un score amélior de 400 000 voix, soit l'équivalent du delta total de voix exprimés d'un tour à l'autre. De là à conclure que tous les abstentionnistes du premier tour ont voté à droite au second, il n'y a qu'un pas...

AUVERGNE

 

RHÔNE-ALPES

 


NOUVELLE AQUITAINE

 


 

En 2010, environ 5% des voix pour l'extrême droite et une absence au 2nd tour. Les forces de gauche sont largement devant, aidé par le maintien d'une liste centriste.

En 2015, le fait marquant est l'énorme poussée du FN. Bien qu'arrivant en 3è position, la qualification pour le 2nd tour est une formalité avec 4,5 fois plus de voix qu'en 2010. Le 2nd est marqué par un tassement des voix avec seulement 6% de plus, contrairement à ce qui est observé dans la plupart des autres régions où l'extrême droite progresse beaucoup d'un tour à l'autre. Arrivés en tête avec 30% et 3 pts d'avance sur les Républicains, les socialistes peuvent voir venir au 2nd tour avec une réserve de voix (13 à 15%) qu'aucun de ses deux adversaires ne possède.

AQUITAINE

LIMOUSIN

POITOU-CHARENTES

 


 

OCCITANIE

En 2010, les deux régions étaient distinctes. Traditionnellement à gauche, ces deux régions avaient donné la part belle aux socialistes ou apparantés dès le 1er tour : Martin Malvy en Midi-Pyrénées (MP) et Georges Frêche en Languedoc-Roussillon (LR) avaient cartonné avec respectivement 41 et 34% de voix. Au 2nd tour, leurs scores avaient atteint 68% et 54%. En LR, le FN s'était maintenu au 2nd tour recueillant 19% des voix après les 13% du 1er. L'absence du FN au 2nd tour en MP casse cette progression du FN au niveau des régions fusionnées.

La progression globale du FN est bien réelle en 2015 avec près de 32% des suffrages au 1er tour, et comme dans bien des régions une progression supérieure à 200% en 5 ans. La droite traditionnelle est dans les clous de 2010. Mais de près de 800 000 voix, les socialistes tombent à 620 000, bien mal aidés par une candidature dissidente du maire de Montpellier et des changements en tête de liste : Frêche n'est plus de ce monde et Malvy est parti en retraite. Bien qu'ancienne vice-présidente de la région MP, la tête de liste rose Carole Delga n'est pas très (re)connue. Heureusement pour la gauche, les écologistes avec Onesta à leur tête font un meilleur score qu'en 2010, seule région de France dans ce cas. En reformant une gauche plurielle au second tour (plus de 10 pts d'avance sur la droite hors extrême), le doute n'est guère permis sur l'issue du suffrage : la région restera à gauche.

A noter que le FN améliore son score de 26% d'un tour à l'autre.

MIDI-PYRENEES

 Terre de socialisme, Midi-Pyrénées maintient en tête le parti à la rose, loin devant le front national qui fait néamoins une très forte percée par rapport à 2010 où il n'était pas présent au second tour.

LANGUEDOC ROUSSILLON

La montée en puissance de l'extrême droite l'amène au premier rang des forces politiques à l'issue du second tour de 2015.


PACA

Le FN entre 20 et 25% depuis 1998.

En 2004, le FN perd des voix à l'entre-deux tours, sans compter la liste dissidente de l'extrême droite qui ne fait qu'amplifier la baisse du 2nd tour. En 2010, l'extrême droite dans son ensemble réalise un score plus importante au 2nd tour (+15%) mais la hausse est identique à celle des voix exprimées. En 2015, le FN fait deux fois mieux (+23%) entre les deux tours que la hausse des voix exprimées (+ 10%). Ici aussi, et si l'on met de côté l'effacement du candidat de gauche à l'issue du 1er tour, le FN possède des réserves de voix.

En 2015, le 1er tour a vu une hausse de 22% des voix exprimées par rapport à 2010, ce qui est déjà énorme. Comme dans le Nord, la gauche mange son pain noir, et l'extrême gauche encore plus. La  droite progresse notablement avec un candidat bien plus installé dans la région en la personne du maire de Nice Christian Estrosi.

25 mai 2015

/!\ Création d'un blog spécial "inondations"

 

Pour mieux identifier les articles en lien avec les crues et inondations, je les ai déplacés dans un nouveau nom de blog : http://inondations.canalblog.com/

Mais les moteurs de recherche référencent encore ces articles sur http://ojourelejoure.canalblog.com à cause des anciennes connexions. A travers les nouvelles connexions sur le nouveau bloc, le référencement se fera petit à petit vers la bonne url.

 

25 octobre 2014

European Rugby Champions Cup 2014/2015

Nouvelle compétition plus resserrée avec 20 clubs au lieu de 24 (exit les franchises celto-italiennes de seconde zone), répartis en 5 poules. Les premiers de poule et les 3 meilleurs seconds iront en quart, avec réception pour les quatre meilleurs premiers.

Poule 1 : Saracens, Munster, Clermont, Sale

Poule 2 : Leinster, Harlequins, Castres, Wasps

Poule 3 : Toulon, Ulster, Leiceser, Llanelli

Poule 4 : Toulouse, Glasgow, Bath, Montpellier

Poule 5 : Northampton, Ospreys, Racing Métro, Trévise

Il n'en reste pas moins que les stastitiques de feu la Hcup ne sont pas inutiles (pour ceux qui les aiment) à l'heure du démarrage de cette nouvelle compétition. Notamment les points nécessaires pour se qualifier et le parcours en poule qui peut vite se révéler éliminatoire. On en voudra pour preuve la statistique jamais démentie en 15 saisons à 6 poules de 4 équipes : un début par 2 défaites équivaut à l'élimination assurée (88 cas). Statistique que l'on retrouve dans le nombre de points éliminatoires au fil des journées : une première défaite à zéro point ne laisse que 10% de chance d'aller en quarts (24% pour 1 pt glané au 1er match) et c'est l'élimination assurée à moins de 4 points après 2 journées. En fait, il faut toujours au moins 4 victoires pour se qualifier et une équipe qui a perdu ses deux premiers matchs n'a jamais remporté les 4 suivants (au mieux 3 victoires 4 fois). La réduction à 5 poules et la qualification en quart d'un 3è meilleur second changera-t-elle la donne ? Probablement pas car le troisième meilleur second (le cocu en Hcup à 6 poules, soit depuis la saison 1999/2000) a toujours obtenu 4 victoires sauf en 2005 où Castres avait eu cette place grâce à 3 victoires et un nul (pour 16 pts dont 2 bonus).

Le parcours opposé (début par une ou deux victoires) est évidemment préférable mais seules 42% des équipes ayant commencé par une victoire à 4 pts ont vu les quarts (63% pour un début avec 5 pts). Le pourcentage monte à 59% avec 8 pts en 2 journées (76% pour 9 pts et 100% pour 10 pts, soit deux victoires bonifiées pour débuter). De manière générale, débuter par 2 victoires donnent 3 chances sur 4 de voir les quarts. Enchaîner 3 victoires n'est pas une assurance garantie (94% toute de même avec 3 éliminés sur 47 cas, dont le plus récent est celui de Toulouse lors de la saison 2012/2013). Ce n'est qu'avec 4 victoires aux 4 premières journées qu'on est sûr de voir les quarts (3 fois sur 4 en tant que premier de poule).

Hcup_qualif_pts

La composition des poules en fonction des couleurs (ou des nations) représentés apporte aussi son lot de statistiques.

- poule avec 2 clubs anglais, un français et un irlandais : 2 poules cette saison alors que cette composition n'avait été rencontrée qu'une fois en Hcup (en 2011/2012 avec Toulouse, Harlequins, Gloucester et le Connacht) et le club français avait atteint tout seul les quarts. Il est d'ailleurs très fréquent que les clubs de la même nation dans une même poule se neutralisent : avec 1 poule de ce type chaque saison en Hcup (3 cette saison du fait du passage à 5 poules), seulement 3 fois une équipe (une fois les 2) de la nation la plus représentée est sortie de poule (Clermont en 2014 ; Toulon et Montpellier en 2013 ; Leicester en 2005).

- poule avec anglais, français, irlandais et gallois : configuration la fréquente (29 précédents*) dont le club irlandais se tire le mieux (12 quarts contre 7 au français, 6 à l'anglais et 4 au gallois). On la retrouve dans une poule cette saison.

- poule avec 2 clubs français, un anglais et un écossais : c'est une première !

- poule avec anglais, français, italien et gallois : 2è configuration la fréquente (23 précédents*) dont le club anglais se tire le mieux (9 quarts contre 8 au français, 6 au gallois). On la retrouve dans une poule cette saison.

 * la notion de précédent considère non pas le nombre de fois où une telle poule s'est présentée mais le nombre de qualifiés sortis de ces poules.

 

Journée 1 (17 au 19 octobre)

Les résultats présentent assez peu de surprises. C'est plus l'ampleur ou non de certains scores qui surprent :
- poule 1 : le Munster (4 pts) s'impose seulement sur le fil à Sale (1 pt), équipe présumée la plus faible du groupe. Dans l'autre match, les Saracens (5 pts) disposent avec le bonus offensif de Clermont (1 pt) qui se console avec un bonus défensif mais ne prend pas sa revanche de la demi-finale de la saison dernière
- poule 2 : le Leinster (4 pts) bat de justesse les guêpes londonniennes (1 pt), alors que les autres londonniens des Harlequins (4 pt) disposent de Castres (0 pt)
- poule 3 : Toulon (4 pt) l'emporte sans gloire et sans la manière face aux gallois de Llanelli (0 pt). Leicester (4 pts) arrache la victoire face à l'Ulster (1 pt), dans une revanche du dernier match de poule de la saison passée
- poule 4 : Glasgow (5 pts) cartonne face à Bath (0 pt), club anglais ambitieux dont le président a notoirement participé à l'explosion de l'ERC et la création de cette nouvelle compétition resserée. Glasgow surprend mais le club s'est renforcé et rassemble la plupart des internationnaux écossais. Toulouse (4 pts) ne se fait pas surprendre par Montpellier (1 pt).
- poule 5 : le Racing (4 pts) prend le dessus sur le champion d'Angleterre Northampton (0 pt), son plus dangereux rival pour passer en quarts. Dans le même temps, Trévise (0 pt) prend une raclée aux Ospreys (5 pts).

Le tableau des quarts après la première journée, juste pour le fun.

Quarts_J1

 

Journée 2 (24 au 26 octobre)

Les résultats sont plus surprenants et annoncent les véritables forces (et faiblesses) en présence dans la compétition.

- poule 1 : le Munster (8 pts) calme les Saracens (5 pts) alors que Clermont (6 pts) décrochent sur le fil le bonus offensif face à Sale (1 pt).
- poule 2 : Castres (1 pt) et les Wasps (2 pts) n'y arrivent pas et leur défaite respectable à domicile (Castres menait de 4 pts à 10 mn de la fin) les condamnent a priori déjà à ne jouer que les arbitres dans cette poule dominée par les Harlequins et le Leinster (8 pts chacun),
- poule 3 : Toulon (8 pts) réalise le gros coup en Ulster et impressionne. L'Ulster (2 pts) est quasi-éliminée et les Varois se posent en candidat très sérieux à une triple couronne. Leicester (4 pts) revient bredouille de Llanelli (4 pts).
- poule 4 : Glasgow (9 pts) confirme en l'emportant à Montpellier (2 pts) et Toulouse (8 pts) surprend en gagnant à Bath (1 pt). Avec 2 défaites pour démarrer, les ambitieux Cistes et Bath verront certainement les quarts à la TV
- poule 5 : le Racing Métro (8 pts) s'impose dans la douleur à Trévise (0 pt). Mention spéciale à George North, l'ailier gallois de Northampton (5 pts), auteur d'un quadruplé (les 4 essais de son équipe) face aux Ospreys (5 pts). A noter qu'il multiplie par 3 son total (6) d'essais marqués dans la grande compétition. Il est encore très loin de Vincent Clerc (36), Gordon D'Arcy (26), Ashton, Bowe et Nalaga (25). Mais il n'a que 22 ans...

Le tableau des quarts après la deuxième journée, avec 5 équipes encore présentes par rapport au tableau de la 1ère journée : l'équipe galloise a sauté et les françaises entrent en force, ne laissant que des miettes aux anglaises.

Quarts_J2

 

Journée 3 (5 au 7 décembre)

Cette journée confirme les tendances des 2 premières joutes avec un exploit énorme signé Clermont :

- poule 1 : Clermont (10 pts) fait taire la red army et s'impose chez la province irlandaise du Munster (9 pts) à Thomond Park où les clubs français avaient tous perdu, parfois de peu comme Montauban en 2008, Clermont la même année ou Perpignan en 2010. Sale (2 pts) perd une 2è fois sur son terrain, face au Saracens (9 pts) cette fois.
- poule 2 : la première manche du duel pour la supposée tête de poule est pour les Anglais des Harlequins (12 pts) face au Leinster (9 pts). les Wasps (7 pts) écrasent Castres (1 pt) dans le Tarn et glânent même un bonus offensif qui aura peut-être son importance.
- poule 3 : Toulon (9 pts) n'est pas invincible, n'enchaîne pas une 10è victoire à la file dans la compétition et perd à Leicester (8 pts). L'Ulster (6 pts) se refait une santé face à Llanelli (4 pts).
- poule 4 : Toulouse (12 pts) s'impose difficilement au stade E. Wallon mais ne laisse pas le bonus défensif aux Écossais de Glasgow (9 pts), alors que Bath (5 pts) enfonce un peu plus Montpellier (2 pts) dans la crise en gagnant dans la préfecture de l'Hérault.
- poule 5 : le Racing (10 pts) se fait rejoindre sur le fil à Swansea face aux Ospreys (7 pts). Northampton (10 pts) gagne avec bonus à Trévise (0 pt).

Le tableau des quarts après la troisième journée, avec un seul changement par rapport au tableau issu de la 2è journée : l'entrée de Northampton au détriment du Leinster. 3 équipes ont toujours été dans le tableau depuis le 1ère journée : Toulouse, Toulon et le Munster.

Quarts_J3



Journée 4 (12 au 14 décembre)

Les revanches de la journée précédente ont eu lieu... ou pas.

- poule 1 : Clermont (14 pts) confirme mais laisse au Munster (10 pts) un deuxième bonus défensif évitable. Les Saracens (13 pts) confirment à domicile face à Sale (2 pts) mais oublie le bonus offensif.
- poule 2 : le Leinster (13 pts) prend sa revanche sur les Harlequins (13 pts) mais en cas d'égalité, les Anglais auront l'avantage. Les Wasps (12 pts) atomisent Castres (1 pts) et reviennent dans la course à la qualification à 1 pt des deux leaders.
- poule 3 : Toulon (13 pts) se rebiffe face à Leicester (8 pts) qui repard bredouille de la rade. Les Scarlets (8 pts) se rebiffent également contre l'Ulster (6 pts) mais certainement pour l'honneur.
- poule 4 : Toulouse (16 pts) s'impose de peu à Glasgow (10 pts) et est la seule équipe à 4 victoires en 4 matchs (le RM92 également invaincu, a 3 victoires et un nul). Bath (10 pts) prend un bonus offensif précieux face à Montpellier (2 pts). Malgré 2 défaites pour commencer, l'espoir de la qualification existe encore pour les Anglais.
- poule 5 : le Racing (14 pts) défait les Ospreys (8 pts) sans la manière. Northampton (15 pts) atomise Trévise (0 pt) et passe en tête au classement.

Le tableau des quarts après la quatrième journée, avec deux de chute par rapport au tableau issu de la 3è journée : le retour du Leinster et des Saracens au détriment du Munster et de Glasgow. En conséquence, comme en 2012/2013 et 2013/2014, seules les 3 nations les plus fortes sont présentes. Et seuls Toulon et Toulouse ont été dans le tableau des quarts depuis le début de la compétition.

Il est probable que les poules 1, 2 et 5 verront sortir un meilleur second. La poule 4 étant outsider sur ce point.

 

Quarts_J4

 

Journée 5 (16 au 18 janvier)

Des retournements de situation prennent corps dans les poules 2 et 4.

- poule 1 : Clermont (18 pts) s'impose difficilement à Sale (2 pts). Les Saracens (17 pts) n'ont laissé aucune chance au Munster (10 pts) qui est éliminé. La finale de la poule aura bien lieu au stade Michelin.
- poule 2 : le Leinster (18 pts) écrasent Castes (1 pt), depuis longtemps éliminé et démobilisé dans cette compétition. Les Harlequins (13 pts) se font surprendre à domicile par les Wasps (16 pts). Là aussi, finale de poule dans le nouveau stade des Wasps.
- poule 3 : après 20 mn de flottement, Toulon (18 pts) écrase l'Ulster (6 pts) et est le premier qualifié pour les quarts. Leicester (13 pts) prend le bonus offensif contre Llanelli (8 pts) mais il faudrait un miracle pour que les Anglais voient les quarts.
- poule 4 : Toulouse (16 pts) est surclassé à domicile par Bath (15 pts) et compromet sa qualification. Glasgow (14 pts) poursuit sa route en battant Montpellier (2 pts).
- poule 5 : le Racing (19 pts) fait le métier face à Trévise (0 pt) et Northampton (19 pts) gagnent aux Ospreys. Les deux équipes sont qualifiés pour les quarts et le dernier match, autre finale de poule, déterminera le 1er de poule qui recevra en quart. A noter que les statistiques se vérifient : toutes les équipes à 19 pts ou plus après 5 journées avaient vu les quarts.

Les "surprises" de la 5è journée rebattent les cartes : Toulon, le Racing et Northampon sont qualifiés pour les quarts. Il reste 5 places pour 9 équipes.

Le tableau des quarts après la cinquième journée comporte un seul changement par rapport à celui post 4è journée : les Wasps éclipsent les Harlequins. A noter que pour l'instant, tous les clubs anglais joueraient leur quart à l'extérieur.

 

Quarts_J5

 

Journée 6 (23 au 25 janvier)

Rappel des règles. Pour départager les équipes d'une même poule, ce sont évidemment les points "poule" totaux, puis en ne regardant que les matchs entre équipes à égalité, les points poule", puis les essais marqués et enfin les points marqués.

Pour le classement des premiers et des seconds de poule, ce sont toujours les points "poule" totaux, puis la différence entre point marqués et encaissés sur les 6 matchs de poule, puis les essais marqués en poule.

Dans l'ordre chronologique de la 6è journée :

- poule 2 : les Wasps ont arraché le match nul à domicile face au Leinster après avoir compté 14 pts de retard. Dans le Tarn, les Harlequins écrasent des Castrais complètement dépassés. Le Leinster (20 pts) prend la 1ère place, les Wasps (18 pts) la 2nde. Le baroud d'honneur des Harlequins (18 pts) les aurait qualifiés si les Wasps avaient perdu.
- poule 3 : Toulon (22 pts) l'emporte à Llanelli (8 pts) sans difficulté et s'assure un 3è quart de suite à la maison, ce que seuls Leicester (2001 à 2003), Toulouse (2003 à 2006) et Biarritz (2006 à 2008) ont réussi. Pour l'honneur, l'Ulster (12 pts) dispose avec le bonus offensif de Leicester (13 pts).
- poule 5 : le Racing Métro (24 pts) écrase Northampton (19 pts) en Angleterre, finit meilleur premier invaincu et atteint pour la première fois les quarts, qui plus est, à la maison. La question : où le Racing jouera son quart ? A Jean Bouin ou ailleurs ? Au vu des matchs déjà joués ce samedi soir, Northampton s'assure définitivement d'une place en quart en finissant parmi les trois meilleurs seconds. Trévise (4 pts) sauve l'honneur et gagne son premier et seul match face aux Ospreys (9 pts).
- poule 4 : deux matchs serrés pour finir mais c'est Bath (19 pts) qui décroche au finish la tête de la poule en disposant de Glasgow (15 pts). Toulouse (17 pts) s'effondre en 5 minutes à Montpellier (6 pts). En conséquence, les Wasps sont assurés d'une place de meilleur second et à moins d'une déroute de 35 pts des Saracens  à Clermont, Toulouse sera éliminé à la différence de points marqués.
- poule 1 : Clermont, qualifié avant de jouer pour son 4è quart à la file, empoche le match et obtient même un quart à la maison pour la 3è fois à la suite. Malgré leur défaire, les Saracens (17 pts) passe en quart en tant que dernier qualifié. Pour l'honneur, le Munster (15 pts) humilie Sale (2 pts).

Dans l'histoire de la coupe d'Europe, Toulouse est la seconde équipe à finir par 2 défaites après avoir gagné ses 4 premiers matchs. Ce parcours est synonyme d'une élimination pour l'équipe la plus titrée de la coupe d'Europe. Swansea en 2001 fut la première à réaliser un tel parcours mais dans un autre contexte (2 matchs à l'extérieur pour finir) et s'était malgré tout qualifié.

Bath est la première équipe à faire le chemin inverse (4 victoires après 2 défaites), les Wasps n'en étant pas loin (3 victoires puis un nul après 2 défaites inaugurales). Ces deux équipes retournent une situation très mal embarquée et se qualifient pour le quarts, ce qui est une première pour des équipes démarrant par 2 défaites. Les Wasps le doivent à 4 bonus (soit l'équivalent d'une victoire), Bath le doit à sa victoire bonifiée chez son adversaire direct pour la qualification.

 

Le tableau des quarts

Le tableau des quarts est le suivant :

Quarts_J6

Les clubs anglais sont montés en puissance au fil de la compétition (un seul "qualifié" après 2 journées) et raflent la moitié des places en quart... mais ils joueront tous à l'extérieur. Trois clubs français et un irlandais complètent le tableau. Cette avancée des clubs anglais se fait au détriment des provinces irlandaises, puisque les clubs français "plafonnent" à trois quarts-de-finaliste depuis trois saisons.

Quarts_histo

A ce jour, 13 quarts franco-anglais ont eu lieu et l'avantage va largement aux Français : 10 qualifications. Et sur les 9 quarts où les clubs français ont reçu, seul Biarritz face à Northampton en 2007 avait connu une déconvenu.

Côté quart anglo-irlandais, ce sera le 13è et on en est à 6 qualifiés pour chaque nation. Les Irlandais ont reçu 4 fois pour un blian équilibré.

C'est le 11è quart pour le Leinster (70% de réussite), le 7è pour Clermont (50%) et Northampton (50%), le 6è pour Bath (40%), le 5è pour les Wasps (50%) et les Saracens (75%), le 4è pour Toulon (67%) et le 1er pour le Racing.

Les 4 affiches sont inédites dans la compétition, sauf pour Leinster-Bath qui a déjà eu lieu 6 fois en poules.

Les quarts (4 & 5 avril)

Clermont atomise (37-5) Northampton. Deuxième fessée pour le leader du championnat anglais après celle prise contre le Racing Métro92 lors du dernier match de poule. Clermont impressionne mais chaque match et chaque adversaire sont différents. IL est peu probable que lors de la demie, Clermont déroule une seconde fois.

Le Leinster a souffert face à Bath (18-15) mais passe grâce au pied de Madigan qui enfile 6 pénalités alors que les Anglais ont fini 2 fois dans l'en-but irlandais. Dommage, j'aurais aimé voir Bath se mesurer aux Toulonnais.

Le Racing est éliminé à la dernière seconde par une pénalité des Saracens (11-12). Pour la quatrième année de suite, le meilleur club de la phase de poule est battu en quart à la maison ! Pou l'anecdote, le club n°1 à la fin de la phase de poule possède un bilan tout juste favorable en quart de finale avec 10 victoires pour neufs défaites (synonymes d'élimination). Et pour les dix qualifiés en demie, seuls 4 sont arrivés en finale (Leicester 2 fois, Toulouse et Northampton 1 fois) pour un unique titre : Leicester en 2001.

Toulon se fait un peu peur face aux Wasps (32-18) mais confirme que le n°2 de la phase de poule passe presque toujours le cap des quarts de finale (17 fois sur 19, la dernière chute, celle des Harlequins, datant de 2003).

 

Les demies (18 & 19 avril)

Clermont se défait difficilement des Saracens (13-9). Dans le chaudron de Geoffroy Guichard tout acquis à leur cause, les "Jaunards" atomise (37-5) prennent leur revanche sur la demi-finale de l'an dernier.

Il a fallu les prolongations (12-*12 à l'issue du temps réglementaire) et une interception de Habana pour que Toulon élimine (25-20) le Leinster au vélodrome de Marseille. Le temps irlandais n'a pas favorisé le spectacle et la fin de match fut sous haute tension puisqu'un essai suffisait aux Irlandais pour se qualifier au bénéfice des essais marqués (comme Brive face à Toulouse en 1998).

Au final, ce sera donc une 5è finale franco-française, revanche de celle de 2013 et première fois en 20 finales que l'affiche a déjà été vue ! Toulon atteint ce stade de la compétition pour la 3è fois consécutive, égalant le trityque du stade toulousain en 2003, 2004 et 2005. Mais Toulouse n'avait glané "que" 2 titres (échouant en 2004 face aux Wasps à cause d'un essai casquette) et Toulon n'est plus qu'à 80 minutes (ou 100 s'il y avait une prolongation en finale, ce qui serait une première) d'un triplé historique.

 

La finale (2 mai à Twickenham)

Clermont première ou Toulon 3 étoiles pour la vingtième finale de la grande coupe d'Europe ?

On regrettera quand même que la FFR ait (trop) vite jeté l'éponge pour organiser cette finale au stade de France. Initialement prévue à Milan, la finale a atterri à Londres après la restructuration des coupes d'Europe de rugby. Prise dans ses bisbilles avec le consortium du stade de France pour l'organisation des matchs du XV de France d'ici 2017 et la finale du Top14 en 2016, la FFR n'a même pas fait acte de candidature. Les supporters toulonnais et auvergnats iront donc à Londres, après avoir visité Dublin il y a deux ans.

Dix-neuvième phase finale partant des quarts de finale (la 1ère partait des demies) et le futur vainqueur aura pour la 12è fois joué quart et demi à la maison. Le second meilleur club de la phase de poule (Toulon) a remporté 6 fois le titre contre 7 fois pour le 3è de la phase de poule (Clermont). Ce sera la cinquième finale entre le 2nd et le 3è de la phase de poule et pour la quatrième fois de ces oppositions, une finale 100% française (après Toulouse - Stade français en 2005, Toulouse - Biarritz en 2010 et... Toulon - Clermont il y a 2 ans).

On pourrait presque dire qu'il n'y a pas eu de match mais ce serait faire injure aux Clermontois. Fort d'un très (trop ?) grosse entame, ils ont levé le pied après avoir marqué le premier essai vers la vingtième minute et ont laissé les Toulonnais prendre le dessus. Comme il y a 2 ans, un péché d'orgueil et au plus mauvais moment (après la sirène de la fin de première période) a vu les Clermontois offrir par le pied d'Abendanon, un ballon de relance aux Toulonnais qui finissaient l'action dans l'en-but et prenait le score (16-11) pour la première fois du match. Avec ce coup dur la tête, les jaunes et bleus vont attendre le milieu du second acte pour véritablement se réveiller et revenir à 1 pt sur un exploit du même Abendanon, qui aura donc souflé le chaud et le froid. Mais l'espoir sera de courte durée puisqu'à 10 minutes du terme, Mitchell marque le second essai varois en éliminant sur un exploit personnel 5 Clermontois pour porter le score à 24-18, score qui ne bougera plus malgré un dernier sursaut clermontois terminé en queue de poisson par un coup de pied de déplacement qui finira dans les bras de Habana.

Toulon glâne sa 3è étoile à la suite, faisant mieux que le Toulouse des années 2003-2005 qui avait récolté 2 titres en 3 finales consécutives. Ils égalent au palmarès le Leinster et ses trois titres en 4 ans (2009, 2011, 2012). Et on ne voit pas qui pourra les arrêter l'an prochain dans la quête d'un quadruplé.

Quant à Clermont, décevant sur ce match avec un semblant d'infériorité sur le plan mental, il rejoint le Stade Français, Biarritz, le Munster et Toulouse dans le clan des double défaits en finale. Et comme les 2 premiers clubs cités, il reste en attente d'un premier titre.

 

5 janvier 2014

Hcup 2013/2014 : statistiques depuis l'origine (ou presque)

Un petit message 4 ans après le dernier sur le sujet lors de la finale franco-française de 2010. Il ne s'agit pas (trop) de commenter ce qui est peut-être la dernière mouture de la compétition sous cette forme et avec l'ERC comme organisateur mais d'apporter mon petit lot de statistiques dont certains journalistes devraient s'inspirer avant de donner de faux espoirs à nos représentants dans cette compétition.

Commençons par les chances de se qualifier pour les quarts de finale de la compétition reine en fonction du nombre de points acquis après x journées de la phase de poules, x variant de 1 à 6 bien sûr puisqu'on joue 6 matchs dans une poule de 4 équipes avec matchs aller/retour. Les données sont issues du traitement des matchs de poules dans le format et le décompte de points actuels, qui date de la saison 2003/2004. A savoir 4 points pour une victoire, 2 pts pour un nul, 0 pt pour une défaite plus le système de bonus : 1 pt pour 4 essais marqués (le bonus offensif) et 1 pt pour une défaite de 7 pts ou moins (le bonus défensif), les deux bonus pouvant se cumuler pour l'équipe qui perd.

Evidemment, le tableau ci-dessous est issu des résultats du passé, et comme pour la bourse, ces résultats passés ne préjugent pas des résultats futurs. Ou autrement dit, les statistiques sont faites pour être mises à mal. Les cases vides en bas à gauche du tableau correspondent à des cas jamais observés. Les cases vides en haut à droite du tableau peuvent correspondre à des cas réels mais ne sont pas remplies car c'est l'élimination assurée.

Hcup_quarts_qualif

Pour la saison 2013/2014, on constate que nos trois représentants à 15 pts après 4 journées (Toulon le tenant, Clermont le finaliste et Toulouse le plus titré) ont 80% de chance d'accéder aux quarts de finale. Les quatre autres représentants français ayant au plus 8 pts sont statistiquement éliminés. A noter que certains l'étaient déjà après 3 journées (Racing et Perpignan avec 6 pts).

Et après 5 journées, nos trois "gros" ont au moins 19 pts, ce qui statistiquement, leur assure la qualification. Dans les faits, ils sont en effet qualifiés et la dernière journée ne servira qu'à déterminer leur classement inter-poules et le programme des quarts.


Quand on parle de quart de finale, on espère le jouer à la maison. Pour cela, il faut terminer parmi les 4 meilleurs premiers. Le graphique ci-dessous présente les chances de jouer un quart à la maison en fonction du nombre de points acquis en poule. En vert, les cas de quart à la maison. En rouge, les cas de quarts à l'extérieur en finissant premier et en bleu les cas des seconds de poule qui jouent dans tous les cas à l'extérieur.

Hcup_quart_domext

On remarquera que 23 pts est une bonne cible pour jouer un quart à la maison. En dessous de 19 pts, point de salut d'être repêché pour un second de poule.

La saison 2013/2014 est très bien parti pour confirmer ces statistiques. Sauf coup de théâtre, les quarts à la maison seront pour les premiers à 23/24 pts et les meilleurs seconds auront au moins 19 pts (Saracens et le perdant du match Leicester - Ulster).


Côté palmarès depuis la saison 1999/2000, date du format actuel de la compétition (6 poules de 4 équipes, matchs aller/retour, 1ers de poules et 2 meilleurs seconds qualifiés pour les quarts), les clubs français sont les plus présents en quart, en demi, en finale mais... pas en tant que vainqueur où les Anglais et les Irlandais les dépassent d'une tête. A noter que ces trois nations trustent les places en finale, les Écossais et les Gallois n'ayant pas dépassé le stade des demi-finales (Cardiff est bien arrivé en finale en 1996 mais avec un autre format et sans les clubs anglais). Quant aux Italiens, ils ne sont jamais sortis des poules.

Hcup_phases-finales

2014 donne encore toute la place aux Anglais, Irlandais et Français dans le tableau final : 3 clubs français, 3 irlandais et 2 anglais participeront aux quarts.


Côté confrontation entre clubs, ce sont les matchs franco-anglais qui remportent la palme du plus grand nombre de rencontres, ce qui est conforme au nombre de représentants. On remarquera un équilibre quasi-parfait entre victoires et défaites dans ces matchs entre clubs du Coq et de la Rose que cette saison 2013-2014 n'a pas modifié : 7 victoires de chaque côté.

Les Irlandais sont les plus forts en poule, ayant un bilan positif face à toutes les autres nations : +17 face à la France, + 18 face aux Anglais, +32 face aux Gallois, + 8 face aux Ecossais qu'ils rencontrent rarement, et une seule défaite face à des Italiens (Milan a battu le Leinster en poule en 1997-1998).

Hcup_rencontres


Côté equipe, c'est Toulouse qui a joué le plus de match (le tableau ci-dessous tient compte des prochains quarts de finale) avec 142 matchs dans la compétition reine. Le Munster et le Leinster complète le podium. A noter que ces trois équipes et l'Ulster sont les seules à avoir participé chaque année à la compétition depuis sa création lors de la saison 1995-1996, soit 108 matchs de poule disputés (2 la première année, 4 la seconde et 6 ensuite).

En phase finale, Toulouse mène aussi la danse avec 30 matchs disputés, devant le Munster avec 29 matchs et les Anglais de Leicester avec 23 matchs.

En quart de finale, le Munster est le plus présent avec 15 apparitions, contre 14 à Toulouse et 12 à Leicester.

En demi-finale, Toulouse et le Munster sont au coude à coude avec 10 participations au dernier carré, devant le Leinster 7 et Leicester 6.

En finale, c'est Toulouse qui s'est invité le plus souvent : 6 fois.  Viennent ensuite Leicester (5 fois) et le Munster 4 fois.

Enfin, côté titre, Toulouse a 4 étoiles, dont 3 remportés face à un club français. Suivent le Leinster avec 3 titres (en autant de finale, soit un 100%) et trois clubs à 2 titres : Munster, Leicester et Wasps, les guèpes anglaises étant aussi efficaces que le Leinster en finale. En 18 éditions, 10 équipes ont remporté au moins une fois le titre.

Matchs_poule


 Les quarts 2013-2014.

Ulster - Saracens : 12è confrontation entre une franchise irlandaise et un club anglais en quart, les Irlandais menant 6 victoires à 5. C'est le cinquième quart de l'Uster, le quatrième d'affilé (seule équipe dans ce cas) et le troisième contre un club anglais, les deux précédents (à l'extérieur) s'étant soldés par une défaite en 2011 et 2013. Côté Saracens, ce sera le 4è quart de l'histoire, le 3è à la file et le second  face à des Irlandais, le premier en 2013 s'étant soldé par une victoire face à... l'Ulster. Ce sera donc la revanche.

Clermont - Leicester : 13è confrontation entre un club français et un club anglais en quart, les Français menant 9 victoires à 3. C'est le sixième quart de Clermont, le troisième à la file et le second contre un club anglais, le premier en 2012 s'étant soldé par une victoire. Côté Leicester, ce sera le 12è quart de l'histoire, le 4è  face à des Français, avec un bilan défavorable d'une qualification contre deux éliminations. Les deux équipes se sont croisées en poule en 2011-2012 et 2009-2010 (2 victoires de chaque côté) mais jamais en phase finale.

Toulon - Leinster : 12è confrontation entre un club français et une franchise irlandaise avec un bilan très flatteur de 9 victoires pour les franchises de la verte Erin. C'est le troisième quart de Toulon (en 4 participations), le premier contre une franchise celte. Côté Leinster, ce sera le 10è quart de l'histoire, le 4è  face à des Français, avec un bilan sans faute de 3 qualifications (Clermont en 2010, Toulouse en 2006 et Biarritz en 2003 en ont fait les frais). La confrontation entre les deux derniers vainqueurs est une première à ce niveau de la compétition.

Munster - Toulouse : seconde confrontation franco-irlandaise des quarts, la 13è du nom. C'est le quinzième quart pour le Munster, le huitième contre un club français avec un bilan très favorable de 5 victoires contre deux défaites seulement. Côté rouge et noir, ce sera le 14è quart de l'histoire, le 3è  face à des Irlandais, les deux précédents s'étant soldés par une défaite (Ulster en 1999 et Leinster en 2006). A noter que Toulouse attend sa première victoire en quart de finale dans l'antre d'une équipe étrangère après les échecs de 1999 en Ulster, 2009 à Cardiff et 2012 à Edimbourg. Cet affrontement entre les deux équipes les plus présentes en phase finale est cependant une première à ce stade de la compétition après 2 demi-finales et une finale.


Ci-dessous le classement de l'ERC qui détermine les chapeaux pour la répartition des clubs par poule. Les chapeaux sont apparus lors de la saison 2009/2010 pour éviter que les grosses écuries tombent dans la même poule et soient éliminées avant les quarts. Dans la colonne de points grisés (4è colonne), c'est le total acquis depuis la saison 1999/2000 : le Munster mène devant Toulouse et le Leinster. La colonne des points en noir (5è colonne) correspond aux points acquis sur les 3 dernières saisons et celle en cours (il reste une journée de poule et quelques inconnues). C'est ce total qui servira à déterminer les chapeaux de la prochaine saison... si elle a lieu.

ERC_classement

 

Le barême est le suivant à ce jour pour la Hcup :
- 5 points pour une première place de poule
- 3 pts pour une deuxième place et 1 pt de bonus si quart de finale de Hcup
- 2 pts pour une troisième place
- 1 pt pour un quatrième place
- 2 pts de plus par match gagné dans la phase finale => 10 ou 11 pts pour le vainqueur de la compétition suivant son classement en poule sachant qu'aucun second de poule n'a remporté la compétition mais que par 2 fois, un second de poule a atteint la finale (l'Ulster en 2012 et le Munster en 2002).

Pour le Challenge européen, le barême est plus simple :
- 2 pts pour le premier de poule (les seuls qualifiés pour les quarts de finale)
- 2 pts de plus pour une victoire en quart
- 1 pt de plus pour une victoire en demi
- 1 pt de plus pour la victoire finale => 6 pts pour le vainqueur de la compétition.
- 1 pt par victoire en phase finale des équipes de Hcup reversées dans la compétition => également 6 pts pour le vainqueur final s'il provient de la Hcup, comme ce fut le cas les deux dernières saisons avec Biarritz en 2012 et le Leinster en 2013.

Les couleurs du tableau correspondent par saison au classement en phase de poule (1er = bleu, 2è = vert ; 3è = jaune ; 4è = orange ; Challenge = violet) ou au n° du chapeau dans les deux premières colonnes.

Enfin, dans les deux premières colonnes, on trouve le classement actuel P2014 et celui de l'an dernier (P2013), ce qui permet de voir l'évolution. Les chapeaux pour la prochaine saison sont incomplets du fait de compétitions nationales à mi-parcours. On remarque que les 6 équipes du premier chapeau se sont qualifiées pour les quarts de finale, ce qui est peut-être une première.

Le système est ainsi fait qu'une équipe qui ne finit pas mieux que 3è de sa poule ou qui s'arrête aux quarts de finale du Challenge marque peu de points et vivote dans le classement, ce qui lui vaut de rester dans les chapeaux 3 et 4, donc de se coltiner de grosses pointures en poule la saison suivante et donc d'avoir toutes les peines du monde à faire mieux. C'est le serpent qui se mord la queue. A l'inverse, une équipe qui ira en quart de la Hcup (elles ne sont que 8 !) ou qui ira loin en Challenge montera dans la hiérarchie, et aura une poule plus abordable (à priori et/ou sur le papier) la saison suivante qui lui permettra de sortir plus facilement de la poule.

Pour la prochaine saison, il faut s'attendre à revoir dans le chapeau 1 (celui des têtes de série) les mêmes équipes françaises et irlandaises que cette saison, à moins que les Saracens aillent en finale de la compétition ou que Leicester la remporte.


Que sera la saison 2014/2015 ?

En ne parlant que du sportif, et en partant du principe qu'il n'y aura pas de nation absente, le format de compétition (6 poules de 4 équipes en Hcup ; 5 poules de 4 équipes en Challenge) ne peut être qu'identique à celui de cette année, tout du moins pour la Hcup. Une réduction (souhaitable) du nombre de clubs engagés en HCup (comme en Challenge) ne peut se décider qu'en début de saison, sûrement pas en cours de saison. En effet, au delà de tous les soubresauts et des réunions inaboutties passées, comment dire à mi-championnat que les règles de qualification ont changé ?

Vers un nouveau format ?

Du conflit actuel et en se cantonnant toujours au sportif, la revendication principale provient des clubs français et anglais, qui possèdent 6 qualifiés pour la compétition, dans un championnat à 14 (France) ou 12 (clubs (Angleterre) : les 6 qualifiés sont les clubs finissant aux 6 premières places. Ils contestent (à raison) le fait que les franchises celtes et italiennes possèdent 10 représentants issus de la ligue celte à 12 équipes. D'un côté, des qualifiés avec un taux de participants de l'ordre de 50% dans la compétition nationale , et de l'autre des qualifiés quasi d'office avec un taux de participants d'environ 85%. Bref, en France et en Angleterre, on se bat chaque fin de semaine de championnat pour finir dans les 6 tandis que côté Celtes, on fait mumuse dans le championnat et on envoie la sauce en Coupe d'Europe. L'idée franco-anglaise est de faire en sorte que la compétition celte désigne les franchises  qualifiées pour la Hcup. De la situation actuelle (2 sur 2 pour les franchises écossaises et italiennes et 3 sur 4 pour les irlandaises et les galloises), on passerait à une situation future où seules 6 franchises celtes seraient qualifiées. A charge pour la ligue celte de définir (ou non) des quotas par nation (par exemple 2 irlandaises, 2 galloises, 1 écossaise, 1 italienne) pour faire les 6 et que chaque nation soit représentée. Ce qui ferait alors 18 qualifiés (6 anglais, 6 français, 6 celto-italiens) auxquels s'ajouteraient le vainqueur du Challenge Européen et un barragiste (par exemple le 7è de la ligue celte contre le 7è du championnat français ou anglais). Soit 20 clubs au total à répartir en 5 poules de 4 équipes. Les premiers de poule et les trois meilleurs seconds (60% des seconds contre 33% aujourd'hui) iraient en quart. Pour éviter de voir des belles, on ferait un tirage au sort des quarts en empêchant la rencontre de 2 clubs de la même poule.

Pour le Challenge européen, rien n'a vraiment filtré car ce n'est pas la compétition prioritaire. Aujourd'hui, on retrouve les équipes des 3 championnats (7 ou 8 françaises, 5 ou 6 anglaises, 1 ou 2 celtes) avec 4 équipes italiennes, 1 roumaine et 1 ibère. Ce qui implique beaucoup de match franco-français, anglo-anglais et franco-anglais. De mon point de vue, il faudrait envisager 16 équipes réparties dans 4 poules : 4 issues de chacun des 3 grands championnats européens et 4 équipes à prendre dans les 3 ou 4 autres championnats (italien, roumain, portugais et espagnol). Les premiers de poule joueraient ensuite les quarts à la maison contre les 2 meilleurs seconds des poules du Challenge et les 2 plus mauvais seconds de la Hcup.

Côté calendrier, il est indispensable de le revoir, même si cela relève plus de l'IRB, car le saucissonage actuel est plutôt imbuvable : championnat, coupe d'Europe mi-octobre, championnat, test automne en novembre, championat, CE mi-décembre, championnat, CE mi-janvier, championnat, Tournoi des 6 nations entrecoupé ou doublonné de championnat, puis alterna 2 journées de championnat avec les quarts, puis les demi, puis la finale de CE avant ou entre les phases finales des compétitions domestiques.

Je pencherais vers un début de compétition européenne en octobre mais en enchaînant 3 journées (les matchs aller) qui seraient directement suivies des tests internationaux. On sait aujourd'hui que la compétition reine en Europe est à mi-chemin entre le niveau national et le niveau international. Ce serait une bonne transition pour redonner du peps aux équipes de l'hémisphère nord lors de ces tests automnaux. Après ces tests, on repartirait sur du championnat "domestique" jusqu'à début janvier où les matchs retour de CE se joueraient avant le passage au Tournoi des 6 nations (nouvel enchaînement coupe d'Europe - international). Ce Tournoi pourrait être joué en continu sur 5 fins de semaine, c'est-à-dire de fin janvier à début mars. On reprendrait ensuite les championnats domestiques avant de jouer les quarts de coupe d'Europe, reprendre le championnat sur 2 ou 3 journées et enchaîner par demi et finales de coupe d'Europe avant la dernière ligne droite des championnats. Le gros avantage est la réduction drastique du saucissonage. Le gros inconvénient est l'arrêt des compétitions nationales pendant deux fois 7 semaines en milieu d'automne et d'hiver.

 

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