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Au jour le jour
23 avril 2012

elections présidentielles 2012

Bilan de l'élection présidentielle 2012 et comparaison avec les élections antérieures depuis 1974.

Estimation simpliste des reports de voix d'un tour à l'autre, en faisant l'hypothèse qu'on ne change pas de camp d'un tour à l'autre.

Les regroupements de voix du premier tour dans chacune de ces deux forces est réalisé arbitrairement en sommant :
- à gauche : socialistes, communistes, divers (radicaux et équivalents) et extrêmes gauche (lutte ouvrière, trotkiste, etc.)
- à droite : feu le RPR (puis UMP), feu l'UDF, les centristes et divers droite le plus souvent des candidats +/- isolés.

En préambule, un rappel des résultats des précédents élections, au premier comme au second tour, par principaux candidats puis en comparant les 2 grandes forces politiques : la droite et la gauche. L'extrême droite est comptabilisée à part puisque l'objectif est de voir comment se fait le report des voix de ce parti, sachant qu'il faut attendre 1988 pour voir un candidat du FN avec un score notable dans une élection présidentielle.

1er tour

Le meilleur résultat à un premier tour est celui de F. Mitterand en 1974 avec 43,2% des voix. Il ne lui manquait que 1,7 million de voix pour être élu au premier tour ! En 1988, Mitterand réalise le second meilleur score avec 34,1% des voix. En 2007, N. Sarkozy était assez proche avec 31,2%, soit le 3è meilleur score du candidat sorti en tête au premier tour.

2012 est la septième élection présidentielle depuis 1974, la quatrième où le président sortant se représente. Et c'est la première fois qu'il n'arrive pas en tête. En 1981, VGE était premier avec 28,3% des voix (malgré un Chirac candidat) ; en 1988 (cf. plus haut), Mitterand atteignait 34,1%. En 2002, Chirac virait en tête avec 19,9%. En 2011, Sarkozy n'est que second avec 27,2%, ce qui est un score honorable et le 3è sur 4 d'un président sortant.

La répartition des différents partis politiques à l'issu du premier tour est représentée sur les graphiques ci-dessous.

1974

 1974

Apparition de l'extrême droite mais avec un score inférieur à 1%. Le candidat de la gauche n'a quasiment pas de réserve de voix et le discours sans compromis de Chaban-Delmas (arrivé 3è au 1er tour) "sauvera" Giscard d'une possible défaite.

1981

1981-T1

Pas d'extrême droite et une toute petite avance de la gauche si l'on met les verts dans ce camp. A l'autre extrême, la gauche fait un carton qu'on n'a plus revu depuis. Il en va de même pour le Centre.

1988

1988-T1

Retour de l'extrême droite qui avait passé le tour en 1981 mais retour en force avec un score notable proche des 15% et du score des centristes. Le FN commence à affirmer ses ambitions de 3è force politique. C'est des reports de voix de ce parti que dépendra l'élection, même si le candidat de gauche paraissait bien parti.

1995

1995-T1

L'extrême droite se maintient par rapport à 1988 mais le fait marquant est le recul des socialistes de près de 11 points. Comme 7 ans plus tôt, le sort de l'élection ne fait guère de doute mais à l'avantage du candidat de droite.

2002

2002-T1

L'évènement marquant est bien sûr le très gros score de l'extrême droite qui qualifie à la surprise générale (ou presque) son candidat pour le second tour, au détriment du candidat socialiste (L. Jospin). Cette (mauvaise ?) surprise va dénaturer le second tour avec un vote massif pour J. Chirac, qui n'aura même pas le courage d'affronter son adversaire au cours d'un débat.

2007

2007-T1

Les extrêmes reculent fortement, d'un tiers pour la gauche et de moitié pour la droite. Les "leçons" de 2002 ont été tirées et dès le premier tour, c'est le vote utile. Le candidat centriste détient les clefs de l'élection mais en ne donnant pas de consigne de vote, la victoire de la droite parait inévitable. Les reports sont difficiles à apprécier.

2012

2012-T1

Nouvelle poussée de l'extrême droite qui détient la clef de l'élection alors que le candidat du centre s'effondre. Sans un report très massif des voix du FN vers le candidat de droite, la gauche ne peut que l'emporter.

Si on regarde les 2 grandes forces (droite et gauche) et en comptant à part l'extrême droite, on remarque que le vainqueur de l'élection a (presque) toujours été dans le camp de la grande force arrivant en tête du premier tour. Presque car la seule exception date de 2002 où le candidat de gauche n'avait pas atteint le second tour. Alors que les sondages le donnait gagnant au second tour. Sondages oh bien critiqués à cette époque (et encore aujourd'hui), dès qu'ils se trompent. Mais heureusement qu'ils se trompent sinon à quoi bon voter !

D&G

2è tour

Bon à savoir, le nombre de votants (barres marrons sur le graphique ci-dessous) est toujours plus élevé au second tour. L'écart le plus fort entre les deux tours date de 2002 avec près de 3,5 millions de votants en plus. A l'inverse, c'est en 2007 que l'écart fut le plus faible.

En 2012, un peu plus de 400 000 votants en plus.

votants

Par contre, et c'est important, le nombre de bulletins exprimés (en jaune ci-dessus) n'est pas toujours plus élevé au second tour. En 1995 et 2007, le manque fut respectivement de 519 000 et 946 000 bulletins (resp. avec 500 000 et un peu moins de 100 000 votants en plus). Et 2012 voit la tendance se poursuivre avec un record de plus d'un millions de voix exprimées en moins. On peut légitimement penser que cette hausse de bulletins nuls ou blancs provient d'électeurs ne souhaitant pas reporter leur voix exprimée au 1er tour.

Le graphique ci-dessous montre d'ailleurs une hausse au second tour (barres violettes) des votes blancs et nuls par rapport au premier tour (barres jaunes). Avec 1 million de bulletins blancs et nuls au premier tour, 2002 a le record. Au second tour, c'est 2012 qui gagne le ponpon, dépassant pour la première fois les 2 millions de blancs et nuls (6% des votants quand même). C'est aussi la plus grosse hausse de ce type de bulletins entre les deux tours avec un gain de 1,4 M.

b&N

En dehors de l'année "spéciale" 2002, le président a toujours été élu avec moins de 55% des suffrages exprimés. L'année 2012 voit l'élection la plus serrée après celle de 1974.

vainqueur

1974

Les forces de droite ont 850 000 voix d'avance au 1er tour mais F. Mitterand a dépassé les 40% au premier tour. Un million de voix exprimées en plus au second tour mais Mitterand plafonne et ne rattrapera environ que la moitié de son retard : Giscard est élu.

1981

Les forces de gauche ont 400 000 voix d'avance, le plus faible écart jamais observé. Mitterand l'emporte en creusant l'écart grâce probablement à un apport de nouvelles voix (1,3 millions de votes exprimés en plus entre les 2 tours dont près de 80% iront à la gauche).

1988

Les forces de gauche disposent d'un peu plus de 3,7 millions de voix d'avance sur la droite mais Le Pen a attiré près de 4,4 M de voix dont le report est une des clefs du scrutin. Chirac gagnera 3,1 M de voix au second tour (par rapport au score du 1er de la droite), marqué par 520 000 suffrages exprimés en plus. Mittérand gagnera lui près de 1,8 M de voix. Les voix du FN vont donc pour 2/3 vers la droite et pour 1/3 à la gauche. Un report intégral des voix du FN vers Chirac lui aurait probablement donné la victoire.

1995

Si Jospin arrive en tête au premier tour, la gauche a 1,1 M de voix de retard sur la droite. Le Pen atteint presque 4,6 M de voix. Au second tour et malgré 520 000 voix de moins exprimées, Chirac glâne 2,3 M de voix et Jospin 1,8 M. Un calcul simpliste (les voix de Le Pen du premier tour moins les voix non exprimées égalent la somme des gains de Chirac et Jospin) donne un report 60/40 des voix du FN entre droite et gauche.

2002

Election spéciale car la droite et encore plus la gauche sont éclatées en de multiples candidatures qui coûtent une place de finaliste à Jospin pour moins de 200 000 voix (1/3 des voix de Taubira ou 1/7 de celle de Chevènement). Le Pen finit second du 1er tour, augmentant encore son score relatif et absolu avec 4,8 M de voix et 16,9% des suffrages exprimés. Le 2nd tour est un plébiscite "républicain" pour Chirac (drôle de candidat républicain qui n'accepte même pas un débat avec son adversaire !). Le Pen ne fait pas mieux qu'un cumul de ses voix du 1er tour avec celle de son "dissident" Mégret.

2007

Le troisième homme du 1er tour est F. Bayrou et son score ample (6,8 M de voix) laisse penser qu'il a ratissé large. Aussi, le report brutal de ses voix à droite donnerait un avantage certain à ce camp pour le second tour avec plus de 6 M de voix d'avance (5 M si on compte les candidatures "excentriques") sur la gauche. A peine plus de votants au 2nd tour mais presque 1 M de voix exprimées "perdues" en plus. Difficile de savoir comment le report du FN a pu se faire (3,8 M de voix), d'autant que F. Bayrou n'avait pas donné de consignes de vote malgré les appels du pied de la gauche. Avec 100% des voix de Bayrou, Sarkozy aurait perdu 100 000 voix entre les deux tours et S. Royal aurait grapiller plus de 4 M de voix, soit plus que les voix du FN. Cette répartition n'est probablement pas la bonne. En faisant l'hypothèse d'un report à 50/50 des voix de Bayrou, Royal ne gagne plus que 600 000 voix entre les 2 tours et Sarkozy 3,3 M. Ce qui ferait dans ce cas un report intégral ou presque des voix du FN vers Sarkozy, pas si impossible que cela.

2012

La droite recueille 13,8 M de voix (en comptant 100% des voix de F. Bayrou) contre 15,7 M de voix à la gauche, soit grossièrement 2 M de voix d'écart. L'extrême droite crée une demi-surprise avec 6,4 M de voix. Sans un report massif des voix du FN (en gros 2/3-1/3 comme en 1988 pour Chirac), Sarkozy ne pourra être réélu.

Entre les deux tours :
- Marine Le Pen a indiqué qu'elle voterait blanc, laissant ses électeurs libre de leur choix.
- F. Bayrou a indiqué qu'il voterait pour F. Hollande, laissant également ses électeurs libre de faire de même ou non.

Entre les deux tours, Sarkosy gagne 3,1 M de voix et Hollande 2,3 M, ce qui ressere l'écart entre les deux candidats mais est insufffisant au président sortant pour être réélu.

Comme en 1995, coïncidence ou non, la somme des gains de voix des deux candidats (5,4 M) entre les deux tours et la perte des voix exprimées (1 M) donne exactement le score de l'extrême droite au premier tour (6,4 M).

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