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Au jour le jour
13 janvier 2011

prix des carburants

Dernière mise à jour des Graphiques : 21/11/2018

Dernière mise à jour  du texte : 21 novembre 2018

Petite analyse graphique à partir des prix moyens annuels, mensuels et hebdomadaires des carburants en France.

Les graphiques ci-dessous montrent l'évolution des prix SPOT du baril de pétrole de BRENT, la référence en mer du Nord selon la légende suivante :
- la courbe blanche indique le prix moyen en dollar ($) d'un baril (159 litres) de pétrole,
- la courbe bleue le coût en euro () d'un baril en appliquant le taux de change €/$,
- la courbe jaune le prix TTC d'un hectolitre (100 litres) de gazole,
- la courbe verte le prix TTC d'un hectolitre de sans-plomb 95,
- la courbe rouge, le prix TTC d'un hectolitre de GPL,
- les courbes en trait fin représentent les prix HT de ces trois carburants : gazole en noir, SP95 en vert et GPL en rose.

Pour rappel, PRIX TTC = (PRIX HT + TICPEe + TICPEr + TC) x (1+TVA).

Le terme de TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers) a été remplacé par TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). Les indices "e" et "r" corrrespondent à la partie Etat et Région.

La taxe carbonne (TC) s'applique depuis début 2015. Elle est alourdie chaque année.

La TICPE globale incluant la taxe carbonne a évolué ainsi depuis 2013 ;

  • 0,4284 €/l à 0,5940 pour le gazole, soit 40% de hausse en 5 ans
  • 0,6069 €/l à 0,6829 pour le SP95 et 98, soit 12% de hausse
  • 0,6069 €/l à 0,6629 pour le SP95 E10, soit 9% de hausse
  • 0,0566 €/l à 0,1562 pour le fioul domestique, soit 275% de hausse

La part région de la TICPE, mise en place depuis 2007, est facultative et vaut au maximum 0,0115 €/l pour le gazole et 0,0177 €/l pour le SP. Et depuis 2011, les Régions peuvent encore alourdir la note en ajoutant jusqu'à 0,0135 €/l pour le gazole et 0,0073 €/l pour le SP, soit 2,5 c€/l au plus pour chaque carburant. A titre d'information, toures les régions appliquent maintenant les 2 majorations, soit avec la TVA 3 cts€/l. Jusqu'en 2015, 2 régions (Corse et Poitou-Charentes) n'en appliquaient aucune.

Au final, c'est grâce à une fiscalité moins lourde que le gazole est moins cher à la pompe que le SP. Car en prix HT, le gazole est un peu plus cher. Même si les prix en 2018 sont très proches.

Cette TICPE bien souvent décriée, reste assez constante puisqu'elle rapporte environ 24 Mds € à l'Etat et aux collectivités territoriales. Pour le budget de l'Etat seul, le montant diminue régulièrement : au delà de 20 Mds € au début des années 2000, elle est sous le seuil des 15 Mds€ en 2010. En pourcentage, c'est moins de 10% des recettes de l'Etat.

Analyse annuelle

carbu_an

2017

Les cours remontent un peu et reviennent à leur niveau de 2015.

2016

La baisse faiblit mais se poursuit encore. 44$ le baril et sous le 40€, ce qui n'était plus arrivé depuis 2004.

2015

Forte baisse des cours. Le baril est à 52$, soit son plus bas niveau depuis 2004. A 48€ en moyenne sur l'année, le prix est proche de 2009.

2014

En moyenne annuelle et à la faveur d'une très forte baisse au dernier trimestre, le prix du baril en $ est proche du prix annuel de 2008. C'est loin d'être le cas en € avec un baril plus cher de 10€ en 2014 par rapport à 2008. A la pompe, le gazole est au niveau de 2011 alors que le SP est au dessus.

2013

Les prix moyens du pétrole brut en € et du gazole reviennent aux niveaux de 2011. En $, le prix du brent baisse un peu par rapport aux plus hauts de 2010 et 2011. Le SP95 est plus haut sur l'année qu'en 2011.

2012

Les prix moyens du pétrole brut et des carburants battent les records de l'année précédente. Si en $, les prix du brent sont restés stables par rapport à 2011, un euro "fort" a impliqué une hausse des prix des hydrocarbures dans la monnaie européenne.

2011

Les économies nord-américaine et européenne ne furent pas au mieux mais dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) et les émergents, la consommation continue de pousser et nous sommes tout proche des 90 millions de barils consommés chaque jour sur la planète, ce qui est également un record. Bref, si l'Occident commence à réduire sa consommation en hydrocarbures, la baisse est plus que compensée par la hausse en Asie et en Amérique du Sud.

Si on fait une analyse sur une base 1 en 1999 (graphique ci-dessous), on voit l'évolution très forte du prix du pétrole sur les dernières années. On voit également "l'intérêt" ou l'effet des taxes car les prix des carburants évoluent bien plus lentement que le prix du pétrole. Néanmoins, tous les prix des carburants ont augmenté plus vite en 10 ans (12 ans excatement) que le coût horaire du SMIC. Le gazole et le GPLc ont évolué de manière simulaire et ont progressé plus vite que le SP95, donc le coût moyen en 2009 était plus bas qu'en 1999. Proportionnellement, il faut donc travailler plus longtemps aujourd'hui qu'au début des années 2000 pour se payer un litre de carburant. 

carbu_an2

 

Analyse mensuelle

Premier graphique des prix mensuels des carburants depuis 2000.

carbu_mois1 

Second graphique avec un zoom depuis 2004.

 

carbu_mois2

 

Et pour la suite ?

Les analystes et les experts ne voient pas le baril de brut remonter fortement. Une hausse modéré vers les 50$ voire 60 $ est tout au plus envisagée. Et ce au nom d'une moindre demande et d'un refus des pays de l'OPEP (ou plutôt de l'Arabie Saoudite, très influente à l'OPEP) de réduire leur production. Nous serions donc revenu dans une période d'un pétrole bon marché comme ce fut le cas dans les années 2000 jusqu'à la poussé de fièvre de 2007-2008. Dont acte.

Sauf que ce scénario qui ravira l'automobiliste et le citoyen qui se chauffe au fioul me semble un peu trop beau. Pour au moins 3 raisons :

  • la dernière grosse baisse du pétrole fin 2008 a vu les prix repartir en flèche l'année suivante, dans une économie mondiale sinistrée et avec une demande en chute libre. Cette analyse graphique à 2 balles n'est peut-être pas le meilleur argument car rien ne dit que l'histoire se répètera. N'empêche, si on regarde des baisses moins spectaculaires (automne 2006 et printemps 2012), elles ont aussi été suivies de nouvelles hausses rapides, et en aucun cas de stabilisation des prix, qui n'a eu lieu que dans un second temps.
  • il est acquis qu'en dehors de champs pétroliers très anciens, les prix actuels créent des déficits chez les pays producteurs et les exploitants. Certes, la manne financière acquise notamment ces dernières années avec des prix hauts leur permet d'avoir les reins solides. Mais vendre à perte, cela va un temps, surtout quand le pétrole est la base de l'économie d'un pays : c'est le cas au Moyen Orient mais aussi en Russie, au Vénézuela et dans quelques pays africains. Plusieurs articles de presse ont d'ailleurs présenté le premier déficit annuel de l'Arabie Saoudite, qui a préféré emprunter sur les marchés plutôt que de puiser dans ses larges réserves financières.
  • si les puits traditionnels limitent la casse à 40$ le baril, ce n'est pas du tout le cas des méthodes d'extraction plus exotiques ou controversées, telle l'exploitation des sables bitumineux en Amérique du Nord. Les Etats-Unis se sont pavanés en 2014 d'être le premier producteur mondial de pétrole, d'être presque autosuffisant en hydrocarbures, mais au prix actuel, c'est un massacre économique - au delà du massacre écologique - pour le pétrole de schiste. Le secteur est très lourdement endetté - on parle de centaines de milliards de $ - et les dettes seraient une nouvelle bombe à l'image des subprimes de 2008. Ce type d'extraction ne rentre dans ses frais qu'à 60/70$ le baril. Et il faut des prix supérieurs pour faire des bénéfices et rembourser ses dettes. Si l'oncle Sam veut toujours extraire son pétrole "non conventionnel", cela ne peut se faire qu'avec un doublement des prix actuels.

En résumé, le pétrole ne peut que repartir à la hausse à moyen terme.

 

2015

Après le grand plongeon des prix fin 2014, janvier touche un plus bas (40€ / baril) proche de celui de fin 2008 / début 2009 (30 €). Les prix remontent brusquement en février puis plus progressivement jusqu'en mai (57 €) avant d'observer une petite rechute en juin.

2014

Le premier semestre est marqué par des prix très stables du baril proche de 80 €, seuil qui a été dépassé un peu en juin. Depuis juin, les prix dégringollent. En 4 mois, le baril est passé de 82 à 69 € (109 à 88$). Le baril est donc passé sous la barre des 70€, ce qui n'était plus arrivé depuis fin 2010. Les carburants n'ont pas baissé dans les mêmes proportions : le SP¨n'a perdu que 4 cts depuis le début de l'année (8 cts depuis juin) ; le gazole a perdu 6 cts depuis janvier et 5 depuis juin.

2013

L'année est marquée par des prix assez stables du baril en € qui a fluctué entre 80 et 85 €.

Les prix des carburants ont suivi à peu près la courbe du prix du brut. Seule petite différence : le prix du SP95 est monté enfin d'année alors que le prix du baril était stable.

2012

Début 2012, les prix ont grimpé en flèche avec un retour du baril sur les 125$ (le pic de 2008 à près de 135 $ n'a pas été atteint) mais surtout, les prix en € atteignent des sommets jamais connus avec 95 € à fin mars, soit 10 € de plus qu'à l'été 2008. Au printemps 2012, les prix du brut se sont affaissés, retombant en juin à 95$ et 75 € le baril. L'été voit le retour de la hausse, avec un baril juste au dessus des 90€ en août. La fin d'été et l'automne ramènent les prix sous les 85€.

La hausse du gazole s'est poursuivie début 2012 mais moins forte que pour le SP. Cependant, le prix moyen de mars 2012 dépasse le record de l'été 2008 avec l'atteinte des 1,45 €/l, puis un retour sur les 1,35 €/l en juin. Les 1,4 €/l ont été à nouveau dépassés pendant l'été mais la baisse automnale a ramené le prix moyen mensuel à 1,35 €/l, soit le prix de juin.

Avec la hausse du pétrole début 2012 et un taux de change peu favorable €/$, le SP95 a gagné 10%, battu son record de prix mensuel d'avril 2011 et dépassé pour la première fois la barre des 1,60 €/l en moyenne mensuelle, montant même juste au dessus de 1,65 €/l en avril. Le printemps a vu la baisse des prix avec un retour vers les 1,5 €/l mais la tendance s'est inversée en début d'été avec le franchissement des 1,6 €/l. L'automne a permis un retour en fin d'anne à 1,5 €/l.

Même combat pour le GPL avec un retour à la hausse en janvier 2012. La barre des 0,90 €/l a été touchée au début du printemps 2012, ce qui est un nouveau record. La baisse bien visible sur les autres carburants au printemps 2012 a été moindre sur le GPL qui possède une forte inertie sur les prix : les hausses et baisses sont plus longues à se faire sentir. La défiscalisation de ce carburant est pour beaucoup dans son prix qui ferait presque rêver un diéséliste de l'hiver 2009...

2011

La poussée de fièvre du prix du baril de Brent débutée à l'automne 2010 s'est poursuivie pour atteindre un pic mensuel au printemps 2011 à presque 125 $ (contre un peu plus de 130 $ à l'été 2008). Dans notre monnaie européenne, le pic mensuel a atteint 85 € le baril au printemps 2011, comme en 2008.

Le second semestre 2011 a vu le baril de Brent tombé à 100$ mais, faute d'un change favorable, le baril est resté autour de 80€, proche de son pic du printemps.

Côté carburant, le SP95 a dépassé au printemps 2011 et pour la première fois, la barre des 1,50 €/l en moyenne mensuelle. Soit une hausse de 45 cts/l en 28 mois (depuis le point bas de fin d'automne 2008). Le prix moyen mensuel s'est ensuite stabilisé autour de cette valeur avec une petite baisse en fin d'année 2011.

Côté gazole, la hausse entamée au printemps 2009 s'est poursuivi jusqu'à un palier juste au dessus des 1,35€/l en mars/avril 2011, soit 40 cts/l de hausse en 24 mois. Après une petite accalmie jusqu'en aout 2011, les prix sont repartis à la hausse sans raison apparente pour se rapprocher en novembre 2011 des 1,40 €/l (en moyenne mensuelle). Plusieurs raisons ont été apportées par les "professionnels" :
- hausse du prix du baril : le graphique montre que c'est faux en $ comme en €,
- hausse classique à cette époque de l'année (approvisionnement en fioul) : là aussi, les années antérieures ne montrent rien qui confirment cette tendance,
- problème d'importation toujours plus forte de gazole en Europe : argument à retenir mais qui n'est que la conséquence de la moindre fiscalité qui pèse sur les motorisations diesel dans de nombreux pays et des limites de raffinage en France et en Europe pour répondre à la demande.

Enfin, le GPL n'a pas été épargné par la hausse en gagnant 20 cts/l en 24 mois. Le second semestre 2011 a vu sa stabilisation autour de 0,85€/l.

Analyse hebdomadaire

Premier graphique des prix hebdomadaires des carburants depuis janvier 2008

carbu_hebdo1

 

 

 

carbu_mois1

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Second graphique des prix hebdomadaires des carburants depuis janvier 2014

carbu_hebdo2

Sur les graphiques hebdomadaires, on retrouve de manière un peu plus chaotique les variations mensuelles.

 

Année 2015

Après un point bas mi-janvier (40€ / baril), les cours du brut repartent à la hausse au premier trimestre jusqu'à 55€ début mars. Le soufflet retombe un peu autour de 50€ le baril la deuxième quinzaine de mars. Puis les cours reprennent la hausse jusqu'à 58€ début mai. Depuis, les cours du brut sont repartis à la baisse et passent sous la barre des 40$ (35€) le baril en toute fin d'année.

Côte carburants, le gazole a suivi de très près les variations de la courbe du prix du brut : de 1,10 €/litre début janvier, il est passé à 1,22 € début mars pour repasser sous les 1,20 € début avril, se rapprocher des 1,25 € début mai et revenir sous les 1,20 € début juillet. Fin août, cest la barre des 1,1 €/l qui est cassée mais les prix n'évoluent plus guère jusqu'en novembre où une nouvelle baisse s'amorce jusqu'à casser les 1,05 €/l. Evidemment ces prix moyens à l'échelle du territoire sont battus dans les stations les moins chères où dès la fin de l'été la barre des 1€ est cassé (vu à La Rochelle le 31/8 un gazole à 0,999 €/l).

Le SP95 a moins profité de la baisse des cours du brut : proche des 1,25 € en janvier avec un baril à 47$/40€, il est revenu flirté avec les 1,45€ de la fin du printemps au milieu de l'été. Ce n'est qu'en août que les prix fléchissent pour atteindre 1,30 €/l début septembre. Les prix se maintiendront à ce niveau jusqu'en décembre, où une petite baisse s'amorce à nouveau avec pour "objectif" les 1,25 € du début d'année alors que le brut est à 40$/35€. L'écart entre les deux carburants de 15 cts en début d'année dépasse les 20 cts en fin d'année. Très bizarre ! Les prétoliers ont-ils décidé de donner un coût de main au gazole tant décrié à l'automne ?

Année 2014

Une année coupée en deux avec un premier semestre où le prix du brut oscille entre 105 et 110$ (75 et 80€). Juin est marqué par une petite hausse. Le second semestre est marqué par un véritable effondrement régulier des cours avec un baril de brut qui finit l'année juste au dessus des 50$, soit moitié prix qu'en début d'année (-40% en euros). Bizarrement, les prix à la pompe vont véritablement s'infléchir qu'à compter de début octobre. Et alors que le cours du baril continue de s'éffondrer en toute fin d'année, la petite hausse des taxes début 2015 fait remonter comme par enchantement les prix à la pompe. Tout est bon pour faire des profits !

Pourquoi une telle baisse des cours au second semestre 2014 ? Je vous livre ma version personnelle avec une question préalable. Quel pays non OPEP et non situé au Moyen Orient a une économie fortement dépendante des revenues du pétrole et des hydrocarbures en général ? Réponse : la Russie. Et quelle meilleure façon indirecte et sans se mouiller de sanctionner l'incursion russe en Ukraine ? En faisant baisser les cours du pétrole, donc en touchant à l'économie russe.

Année 2013

L'année commence fort avec une hausse de 12 cts du SP95 et de 7 cts du gazole en 40 jours. Le SP95 a dépassé les 1,6 €/l, n'est plus qu'à 4 cts/l de son record du printemps 2012 alors que le prix baril est 10 € (et 10 $) sous les prix de l'époque. Mais non, les pétroliers n'abusent pas ! J'apprends aujourd'hui (10 mai) dans la presse que les fameuses marges soit-disant ridicules en matière de raffinage ont dépassé 10 centimes d'euros par litre et même parfois atteint les 15 cts au premier trimestre. Alors que des millions de personnes ont toujours autant de difficultés à joindre les deux bouts, une minorité (toujours la même ?) continue de s'enrichir en abusant.

A mi-février, la tendance s'inverse et les prix du brut s'orientent à la baisse et reviennent au niveau des prix de l'automne 2011, autant en $ qu'en €. Mais les prix des carburants sont au dessus de ces niveaux.

La "pantalonnade" de fin août 2012

Alors que le candidat Hollande avait promis un gel des prix des carburants pendant sa campagne, son début de mandat avait coïncidé avec une baisse notable des prix liée... à un pétrole moins cher après sa petite poussée de fièvre printanière. Avec l'été, les prix sont repartis à la hausse s'approchant des niveaux records du début d'année. La fièvre s'est aussitôt emparée de la presse, des automobilistes, des associations, réclamant à corps et à cris un gel des prix ou une TIPP (plutôt une TICPE) flottante comme au bon vieux temps de "Yoyo" 1er ministre (alias Jospin). Le gouvernement s'est trouvé fort embarassé, a promis (classiquement) son petit rapport et une surveillance accrue des prix, puis s'est réuni avec les acteurs de la filière pour voir ce qu'il était possible de faire, n'excluant rien... mais ne promettant rien ou bien moins que 5 mois auparavant quand il fallait user de propositions populistes pour récolter ou s'assurer quelques voix de plus. Côté filière pétrole, UFIP en tête, on jure la main sur le coeur que les marges en station sont ridicules (de l'ordre du centime d'euro) et que le raffinage est en limite de perte. Et de brandir la menace de la panne sèche si un gel des prix était décidé car il vaut mieux ne pas vendre (ou ne pas s'approvisionner) que de vendre à perte. Au final, le gouvernement obtint de haute lutte un geste de 0,03 € des acteurs du pétrole et participe également via un gel des taxes pendant 3 mois à une ristourne fiscale de 0,03 €. Gain pour l'automobiliste : 0,06 €/l. Sans aller jusqu'à l'adjectif symbolique, disons que le geste est maigre.

Tout ce brouhaha appelle 4 remarques de ma part :

1) le pétrole est une ressource naturelle épuisable qui sera une denrée très rare d'ici quelques dizaines d'année, c'est-à-dire pas grand chose au regard de l'âge de l'humanité, et une micro-poussière au regard de l'âge de la Terre. Même si le monde occidental traverse une crise (ça fait 40 ans que ça dure quand même) et si les ménages en pâtissent, n'est-il pas venu le temps d'anticiper (pour de bon) les temps futurs (et proches) où le pétrole ne sera vraiment plus abordable pour une majorité de gens ? Bref, de revoir l'usage de ce mode de déplacement très (trop ?) pratique qu'est la voiture. Depuis 15 à 20 ans, les agglomérations se sont énormément étalées avec toujours plus de constructions mais toujours plus loin. Peut-être est-il temps de revoir cette façon d'urbaniser, de développer enfin de véritables réseaux de transports en commun, de favoriser le covoiturage, de mettre des péages urbains (lecteurs, ne me maudissez pas !), d'autoriser autant que faire le télé-travail, bref de réduire l'usage quotidien de la voiture. Et de commencer à s'adapter plutôt que subir d'ici quelques années le troisième ou quatrième choc pétrolier.

2) côté gouvernement, et même si les promesses n'engagent que ceux qui les croient, il était évident que la marge de manoeuvre était très étroite. Jouer sur la crédulité des gens est d'une bassesse électorale et le retour de bâton a été terrible : un gouvernement aux aboies qui sait pertinemment que ce qu'il donnera d'une main, il le reprendra d'une autre au vu de l'état des finances publiques. Au final, beaucoup de vent brassé pour rien.

3) l'industrie pétrolière qui ferait presque pleurer dans les chaumières tellement elle est à plaindre. Il est certain que le petit pompiste de campagne qui affichent des tarifs 15 à 20 cts € supérieurs au supermarché du coin est voué à mettre tôt ou tard (et plutôt tôt que tard) la clef sous la porte s'il n'a pas une ou plusieurs autres activités (réparation, ventes de véhicule par exemple). La réduction du nombre de stations service en témoigne : près de 42 000 stations en 1980 (dont 1500 pour la moyenne et grande distribution) contre moins de 12 000 aujourd'hui (dont près de 5 000 pour les super et hypermarchés). Total représente environ 2/3 des stations de pétrolier (source UFIP). Mais les mastodontes du pétrole ne sont rien de plus que des rentiers des ressources naturelles qui appartiennent à l'humanité et dont on se demande encore comment on n'a pu leur céder si aisément. Alors que ces "majors" comme on dit dans le milieu se gavent à travers l'extraction et la revente du brut sur les marchés, on nous démontre, l'UFIP en tête, que sur la fin de la chaîne (la distribution), il n'y a pas plus de marge. Et alors que sur la partie amont, les marges sont énormes et qu'on évite sciemment d'en parler, la lumière est uniquement faite sur la partie aval (raffinage et distribution). Prenons l'exemple de Total. La part de marché de Total en France est de 20% à travers son réseau propre (Total, Total Access et Elan). Je laisse de côté la fourniture par ce pétrolier de carburants aux supermarchés et à d'autres distributeurs plus ou moins connus. 20% de part de marché sur environ 50 milliards de litres vendus en France (source CCFA), ça fait 10 milliards de litres vendus par Total. Bénéfice de Total en 2011 : de l'ordre de 10 milliards d'euros. En admettant que par patriotisme et reconnaissance aux franchouillards grognons, Total accepte de laisser 10% de son bénéfice (1 milliard d'euros tout de même) au profit des automobilistes français, ça fait illico une baisse de 10 cts d'euros HT, soit 12 cts TTC du carburant. En aucun cas, ce ne serait de la vente à perte. C'est de la vente à perte si dans le cycle complet depuis les sondages géologiques jusqu'à la distribution en station, TOTAL (et ses copains Esso, BP, Shell et compagnie) perdait de l'argent. Or, il en est loin. Si le pétrole est cher, c'est aussi à cause de la main-mise de quelques grosses sociétés sur le pétrole dans le monde. Si ces entreprises ne faisaient pas des profits qui n'ont plus de sens, mais avaient raison gardé, nul doute que les prix seraient plus bas.

4) dernier point et peut-être le plus piquant. Quand on regarde de près le dernier graphique, on s'aperçoit que les âpres négociations de nos gouvernants fin août se sont traduites par une baisse rapide et nette des prix à cette date. Mais bizarrement, la courbe bleue des prix du pétrole en € a suivi la même tendance. De là à penser que la baisse "gracieusement" accordé ou obtenu des pétroliers n'était au final que la matérialisation d'une baisse des cours du brut, il n'y a qu'un pas... que je ne franchirai pas mais vous jugerez par vous-même !

Année 2012

Après de petites hausses en janvier, les prix sont montés en flèche de début février à la mi-mars avec un baril à 96,5€ (125 $), soit son plus haut historique dans notre monnaie européenne. A cette flambée a fait suite une baisse aussi forte et rapide avec un retour du baril sous les 75 € (90 $) à fin juin, soit un prix similaire à celui de début 2011. Depuis début juillet, les prix remontent et le baril a franchi les 80€.

Cet effet yoyo du pétrole s'est ressenti sur les prix des carburants :
- le SP95 est resté haussier jusqu'à mi-avril avec un prix moyen hebdomadaire à presque 1,67€/l, un niveau moyen jamais observé et le record du printemps 2011 étant largement dépassé. On notera également que le maximum du SP s'est produit près d'un mois après le point haut du pétrole. Si le SP est retombé à 1,5 €/l à fin juin, la baisse s'est par contre arrêtée en même temps que celle du baril et les prix ont déjà dépassé les 1,55 €/l en cette mi-juillet.
- le gazole a dépassé les 1,45€/l fin mars, battant son record de l'été 2008. Le prix est descendu à 1,30 €/l et la reprise de la hausse est en cours mi-juillet.

Les gratteurs de papier de fin d'année 2011 sur un rapprochement à venir des prix du gazole et du SP en sont pour leur frais puisque l'écart sur l'année 2012 est proche de 0,20 €/l et un SP qui a beaucoup plus réagi et plus longtemps aux hausses du prix du baril. Ce qui s'explique difficilement.

 

Année 2011

Le SP95 a touché un pic hebdo à 1,55€/l fin avril 2011 et le gazole a atteint son sommet fin novembre 2011 à 1,40 €/l. Du coup l'écart de prix entre les deux carburants s'est réduit mais pas autant qu'au pic de 2008. Ce rapprochement des prix permet aux "gratteurs de papier" en tout genre de remettre sur la table l'intérêt ou non de l'achat d'un modèle à gazole.

Je n'entrerai pas dans ce débat qui est surtout faussé par une fiscalité avantageuse pour le gazole. La TICPE est 17 cts plus élevé pour le SP, soit environ 20 cts d'écart de fiscalité en ajoutant la TVA (qui s'applique sur la TICPE, soit taxe sur une taxe !).

[Et quand on voit la faible TICPE (0,057 €/l) qui pèse sur le fioul domestique, c'est une hérésie et un contre-sens que de subventionner un tel mode de chauffage. Nous sommes un grand pays avec du bois à foison : à quand un grand plan pour remplacer les chaudières à mazout par des chaudières bois (ou granulé bois) à la place de cette maudite prime à la cuve ? Ainsi, nous aurions les moyens de réduire la facture de pétrole (d'environ 15 Mds de litres, donc grosso modo de 8 Mds €, soit près de 20% de la facture) et de promouvoir une filière bois avec des emplois en France, sans engraisser indirectement les compagnies pétrolières.]

Sachant que du point de vue environnemental, les pollutions des moteurs Diesel et Otto sont différentes sur certains composants (plus de NOx et de particules pour le gazole, plus de CO, CO2 et HAP pour le SP), il n'y a aucune raison valable de conserver ce différentiel de TIPP. La Cour des comptes a récemment stigmatisé le dispositif bonus/malus automobile qui se focalise sur les émissions de CO2 (donc favorisent les motorisations Diesel), en oubliant d'autres émissions très néfastes pour la santé humaine en ville (Nox et particules), qui sont elles l'apanage des Diesel plus ou moins anciens mais aussi récents.

Il faut également savoir que les professionnels du transport sont détaxés pour une grande partie du gazole consommé : 90% pour les taxis, les poids-lourds, le transport de voyageur et les agriculteurs ; exonération totale pour les pêcheurs, le transport aérien et le transport fluvial. Bref, aucun cohérence entre les dégâts environnementaux et les modes de consommation.

Pour le particulier, un équilibre à 50 cts de TIPP sur les deux carburants serait de mon point de vue une bonne chose et cela permettrait même des recettes fiscales en plus étant donné que les voitures au gazole sont maintenant majoritaires dans le parc. C'est une mesure tout à fait possible à atteindre en 5 ans. C'était dans le programme de la gauche plurielle de 1997 qui ne l'a pas appliqué ! Et L'industrie pétrolière y est favorable pour équilibrer production et consommation des raffineries en Europe.

J'en termine avec une contre vérité "ufipienne" dans le magazine Auto-Moto de janvier/février 2012. Sûrement peu doué en mathématique, l'auteur d'un bout d'article sur la hausse des carburants en page 17 du journal nous assène un argument de choc : si le carburant a tant augmenté (depuis 2008 ou début 2011, le texte n'étant pas cohérent avec le graphique), c'est que le poids des taxes a augmenté ! Le lecteur avachi sur son canapé pestera (une fois encore) contre cet Etat qui nous ponctionne sur les carburants comme il le faisait sur le sel il y a quelques siècles avec feu la gabelle.

Tout d'abord, l'argumentaire fort léger cite l'ufip comme source, ufip (union française de l'industrie pétrolière) qui ne va évidemment pas se tirer une balle dans le pied en disant qu'elle est la première responsable de la hausse. Mettons les choses au clair en reprenant la formule du début sur le prix du carburant :

PRIX TTC = (PRIX HT + TICPE) x (1+TVA) = PRIX HT x (1+TVA) + TICPE x (1+TVA)

Le terme en rouge du prix total est constant au moins sur une année pleine car la valeur de la TICPE est fixée en loi de finances chaque fin d'année. Elle n'a d'ailleurs quasiment pas bougé depuis quelques années.

La partie verte est la partie variable et dépend du prix HT. Le taux de TVA étant de 19,6%, donc inférieur à 1, il est évident que ce qui fait la majorité de la hausse, c'est la hausse du prix HT, et non la taxe. Il en résulte également qu'en période de hausse du prix global, la part des taxes se réduit.

Prenons le fameux cas du magazine en comparant les prix entre fin 2008 (les derniers plus bas) et les prix mi-2011 (les derniers plus hauts).

SP95 :
- 0,30 €/l HT et 1,10 € TTC => poids des taxes = 72% fin 2008
- 0,65 €/l HT et 1,55 € TTC => poids des taxes = 58% mi 2011

Gazole :
- 0,40 €/l HT et 1,00€ TTC => poids des taxes = 60% fin 2008
- 0,70 €/l HT et 1,35 € TTC => poids des taxes = 48% mi 2011

CQFD, le poids des taxes a baissé en valeur relative. Je trouve toujours surprenant le faible argumentaire et esprit critique de ces journaleux des magazines automobiles quand il s'agit d'écrire un article sur le prix du carburant. Rappelons-nous quand même que pour une matière première non renouvelable et si polluante, qui aura été dilapidée à l'échelle de quelques générations humaines, elle ne coûte finalement pas si cher.

Sources : Banque de France pour la parité €/$ ; US EIA (Energy Information Administration) pour les prix du brent ; Ministère de l'Ecologie pour les prix des carburants en France

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Commentaires
V
Très bien très intéressant merci c'est faire oeuvre publique que de publier cela
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